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Actuellement, la plupart des zones rizicoles phares du pays donnent la priorité à la culture de variétés de qualité. Les entreprises, quant à elles, ne cessent de diversifier leurs produits afin de répondre à la demande croissante. Cela contribue non seulement à faire vivre les paysans et les entreprises, mais aussi à renforcer la présence et le prestige du riz vietnamien sur la scène internationale.
Aujourd’hui, plus de 90% du volume de riz à l’exportation vient du delta du Mékong. Photo : Vu Sinh/VNA/CVN |
Photo : Vu Sinh/VNA/CVN |
Le pays compte des dizaines de catégories de riz à l’exportation, et les débouchés s’élargissent. Hormis la Chine et l’Afrique, deux grands marchés traditionnels, le riz vietnamien est présent sur d’autres marchés comme l’Australie, la République de Corée, le Moyen-Orient, et quelques pays européens. Récemment, le riz ST25 du Vietnam a été élu “Meilleur riz du monde en 2019” lors de la 11e Conférence mondiale du riz tenue du 10 au 13 novembre à Manille, aux Philippines. Créée par l’équipe de production de la province de Sóc Trang (Sud), il s’agit d’une variété à haut rendement qui peut donner deux à trois récoltes par an. Le riz ST25, aux longs grains blancs et parfumés, devient de plus en plus populaire auprès des consommateurs.
Nouvelles solutions pour stimuler les exportations
Face aux difficultés constatées sur les marchés principaux tels que la Chine et les Philippines, les exportations vietnamiennes de riz peinent à se faire une place au soleil. Au cours des dix derniers mois, les exportations nationales ont été estimées à 5,5 millions de tonnes pour un montant de 2,4 milliards d’USD. Le secteur est confronté à la concurrence féroce des premiers exportateurs mondiaux que sont la Thaïlande, l’Inde, le Cambodge et le Myanmar. En ce moment, les exportations nationales vers la Chine connaissent une forte baisse tant en valeur qu’en volume en raison de la modification des politiques chinoises d’importation. Les experts prévoient une diminution générale sur les exportations en 2019 vers la Chine, l’Indonésie, le Bangladesh.
Depuis le début de l’année, ce secteur national se heurte aussi à de grands défis concernant les principaux débouchés. Selon le Département général des douanes, entre janvier et juillet, le volume de riz exporté en Chine a connu un fort recul, de 66% en un an. En mai dernier, le gouvernement philippin a déclaré vouloir supprimer entièrement les règlements sur les quotas d’importations de riz. Une décision qui a entraîné une hausse directe sur ses importations. Ainsi, cinq mois après la mise en place de cette politique, le volume de riz en stock des Philippines atteint un niveau élevé.
D’après le Dr. Bùi Chi Buu, ancien directeur de l’Institut des sciences et techniques agricoles de la région Sud du Vietnam, le marché mondial du riz n’est pas très important, avec environ 10 milliards d’USD de demande. Développer le riz organique et des produits de qualité à base de riz devrait être une priorité pour ce secteur national. Il est nécessaire de trouver de nouvelles solutions pour la production et l’exportation, dans le but d’assurer les intérêts des entreprises et des agriculteurs, en raison des difficultés rencontrées par la filière toute l’année. Par ailleurs, le département de l’Agriculture des États-Unis prévoit que l’offre mondiale augmentera dans un avenir proche, dressant un sombre tableau pour les exportations de riz du Vietnam et d’autres pays.
Bùi Thi Thanh Tâm, directrice de la Compagnie générale des vivres du Nord (Vinafood 1), a estimé que le secteur rizicole national devra faire face à une série de défis non seulement en 2019, mais également les années suivantes, en raison du volume croissant de riz dans le monde. Ce dernier prévoit de dépasser 499 millions de tonnes cette année, avec une hausse de 4,2 millions de tonnes par rapport à 2018. L’autre raison est la grande quantité de stocks, a-t-elle ajouté, citant l’exemple de la Chine dont les réserves s’élèvent approximativement à 116 millions de tonnes.
Lê Minh Duc, directeur du Service de l’industrie et du commerce de la province de Long An (Sud), a souligné les lacunes dans la mise en œuvre des solutions pour aider à résoudre les problèmes liés aux exportations de riz. Il a suggéré au ministère de l’Agriculture et du Développement rural de définir clairement la superficie des terres rizicoles afin d’assurer simultanément la sécurité alimentaire nationale et les exportations. Ajoutant au passage, qu’il est aussi nécessaire d’adapter les cultures pour maintenir la qualité et la quantité du riz et réduire les coûts de production.
Le riz du Vietnam est présent dans plus de 150 pays et territoires. |
Photo : Danh Lam/VNA/CVN |
Le Vietnam est devenu l’un des trois
premiers exportateurs mondiaux
Pendant la période 1976-1987, le Vietnam a dû importer un gros volume de riz pour répondre à la consommation intérieure. C’est en 1989 que le pays exporte pour la première fois son riz. Depuis, le Vietnam est devenu l’un des trois premiers exportateurs mondiaux. Les exportations vietnamiennes représentent 15% du volume total des exportations mondiales. Le riz du Vietnam est présent dans plus de 150 pays et territoires, l’Asie constituant le plus grand marché. La production nationale moyenne oscille entre 26 et 28 millions de tonnes par an, dont 6-6,5 millions de tonnes à l’exportation.
Aujourd’hui, plus de 90% du volume de riz à l’exportation vient du delta du Mékong. Le riz exporté présente des changements positifs avec une baisse des exportations de riz de qualité moyenne et faible, et une hausse de celui de meilleure qualité. Dynamiser les exportations de riz de qualité et des produits transformés est aussi l’une des nombreuses priorités des entreprises.
Selon le vice-ministre vietnamien de l’Industrie et du Commerce, Dô Thang Hai, malgré les excellents résultats obtenus ces dernières années, cette filière fait face à de grands défis : risque d’alourdissement des procédures commerciales des importateurs, production plus vulnérable au changement climatique…
En effet, la Chine - grand marché traditionnel du riz vietnamien - a commencé à mettre en place des politiques plus sévères pour le riz importé sur son sol, notamment en termes de qualité et d’origine. Selon plusieurs experts, les pays africains, qui représentent près d’un tiers du volume de riz d’exportation du Vietnam, et d’autres grands importateurs comme Indonésie, Malaisie, Philippines, renforcent leur production en vue de réduire leurs importations, ce qui risque de conduire à des difficultés pour ce secteur national à l’avenir. De plus, l’absence de vrai label pour le riz vietnamien entraîne une baisse de sa compétitivité par rapport à de gros producteurs mondiaux comme la Thaïlande et l’Inde.
Le riz est un aliment de base qui contribue à la sécurité alimentaire nationale et mondiale. La demande s’accroît considérablement en raison de l’augmentation démographique alors que les superficies rizicoles reculent à cause de l’urbanisation et de l’industrialisation. Malgré les challenges, une nouvelle période devrait fleurir pour cette filière nationale.
Thê Linh/CVN