L’ancien village de Duong Lâm, en banlieue de Hanoi, a conservé la structure des vieux villages vietnamiens avec sa porte d’entrée, son banian, son temple, sa maison communale, sa maison dédiée au culte des ancêtres et ses maisons centenaires en latérite. Le village est fort de près d’un millier d’anciennes maisons traditionnelles. Trente d’entre elles ont 200 ans, et une vieille maison a maintenant 400 ans.
Duong Lâm garde complètement des éléments d’un village traditionnel typique du Nord du Vietnam. |
La maison communale de Mông Phu a été érigée entre 1759 et 1859 avec une particularité : elle occupe une place centrale autour de laquelle gravitent six ruelles tracées telles les branches d’une étoile. Les murs en briques rouges et en pierres ferrugineuses donnent au village sa couleur rouge orangée si caractéristique. Ses roches au relief perforé d’alvéoles (dite ruche d’abeille) sont extraites de son sous-sol. Duong Lâm a été reconnu patrimoine national il y a huit ans. Il a été le premier village parmi les 9.000 du même genre à recevoir ce titre.
Maints défis dans la préservation
Conscientes de sa valeur et de son importance, Hanoi et les autorités locales s’occupent très bien de la préservation et de la valorisation de ce site. La mise en œuvre de cette activité n’est pourtant pas un travail facile. La préservation de ses valeurs authentiques fait face à maints défis, dont les plus gros sont «l’insertion de l’urbanisation, la croissance démographique et le changement des mœurs et des habitudes des habitants locaux», affirme Nguyên Thê Hùng, responsable du Département des patrimoines culturels dépendant du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.
L’Organisation japonaise de coopération internationale (JICA), très active dans la préservation des maisons anciennes de Duong Lâm, soutient cette activité depuis 2008. Pour les années à venir, elle prévoit plusieurs défis.
D’après Shimizu Akira, représentant en chef adjoint de la JICA au Vietnam, le village doit faire face à de multiples questions quant à son processus de développement. Par exemple, comment faire pour sauver les maisons traditionnelles qui risquent forcément de se dégrader avec le temps ? Ou encore, comment faire pour harmoniser les valeurs traditionnelles, tout en améliorant la qualité de la vie des habitants locaux en quête légitime, d’une vie moderne et aisée ?
Duong Lâm est tout à fait capable d’attirer le tourisme, et de tirer profit de ce filon. En effet, le village accueille un nombre croissant de visiteurs au fil des années.
Leur nombre est passé de 30.000 en 2008, à 130.000 en 2013. Pour garder ses valeurs authentiques, tout en développant le tourisme, le village doit bien veiller à «son art architectural, ses caractéristiques de production agricole, sa croissance démographique, etc.», souligne Shimizu Akira.
Pour sa part, Kazuhiro Nishiyama, expert du Département des biens culturels du ministère japonais de la Culture, fait remarquer : «La préservation ne s’arrête pas à celle des maisons anciennes, mais elle doit avoir un sens plus large : préserver la vie rurale avec notamment les activités quotidiennes des habitants locaux».
Des efforts reconnus
Malgré les défis, les premiers résultats de préservation du village ont été reconnus. En effet, 17 anciennes maisons et vestiges ont été le sujet des travaux de rénovation. La restauration des cinq constructions architecturales de valeur a tout particulièrement été considérée comme un succès. Il s’agit de la porte d’entrée de Mông Phu, de la pagode On, de la maison de culte de la lignée Giang dédiée au mandarin Giang Van Minh (1573-1637) et de deux maisons anciennes de Mông Phu.
Les murs en briques rouges et en pierres ferrugineuses donnent à Duong Lâm sa couleur caractéristique. |
Bonne nouvelle, le projet de préservation des maisons anciennes de Duong Lâm a reçu, en février dernier, le prix du Mérite (Award of Merit) de l’UNESCO dans le cadre des prix de préservation du patrimoine culturel 2013.
D’après les estimations de l’UNESCO, la restauration des cinq ouvrages précités contribue à faire revivre les valeurs de l’architecture de bois dans les zones rurales au Vietnam. Elle résulte aussi des efforts de coopération de nombreux acteurs intéressés par cette activité de préservation : artisans, historiens, architectes, experts japonais, etc. Le succès de cette restauration ouvre de nouvelles possibilités pour les activités de préservation des maisons anciennes ailleurs dans le pays.
Durant l’année en cours, les experts japonais devraient encore aider à restaurer dix autres maisons anciennes selon les méthodes traditionnelles vietnamiennes associées avec les techniques avancées japonaises.
Linh Thao/CVN