 |
| L’aéroport international de Tân Son Nhât à Hô Chi Minh-Ville |
Deux experts en aviation civile ont envoyé le 15 juillet 2013 au politburo du Parti communiste du Vietnam (PCV), au président de la République, Truong Tân Sang, au président de l’Assemblée nationale Nguyên Sinh Hùng, et au Premier ministre Nguyên Tân Dung, une recommandation de suspendre le plan de construction de l’aéroport de Long Thành à Dông Nai (Sud).
Il s’agit de Lê Trong Sành, ancien chef du Service de gestion de l’aéroport international de Tân Son Nhât (à Hô Chi Minh-Ville), et de Mai Trong Tuân, pilote de première classe et ancien membre de la brigade 919. Ils invoquent trois raisons à l’appui de cette recommandation.
En premier lieu, le coût du projet qui est très élevé, de l’ordre de 8 milliards de dollars dont 5,6 mil-liards pour la première phase, ce qui est conséquent au regard de la conjoncture économique. En deuxième lieu, la construction d’un nouvel aéroport est un gaspillage car l’aéroport de Tân Son Nhât n’est pas encore totalement exploité et, au cas contraire, il pourrait être agrandi vers le Nord, ce qui lui donnerait une superficie double de celle de l’aéroport international Changi de Singapour. Troisièmement, l’aéroport militaire de Biên Hoà, situé également dans la province de Dông Nai, est disponible en cas de forte croissance des besoins de transport aérien, d’autant qu’il peut facilement être mis en communication avec l’aéroport de Tân Son Nhât via deux grands axes routiers, outre une ligne de métropolitain. Ainsi, l’aéroport de Long Thành sera aménagé en un aéroport militaire.
Juste après avoir été informé de ces recommandations, le Bureau du gouvernement a envoyé une circulaire au ministère des Communications et des Transports pour lui demander une étude approfondie de l’opinion de ces experts.
Arguments pour la construction
Selon Trân Quang Châu, président de l’Association des sciences et des technologies de l’aviation civile du Vietnam, la construction de Long Thành figure dans l’aménagement du réseau aéroportuaire national proposé en 1993 par l’Institut des sciences de l’aviation civile du Vietnam. Certes, le rapport d’investissement n’a été achevé qu’il y a peu, retard qui cause une perte à l’aviation civile et grève le développement socioéconomique du pays. «La construction de cet aéroport presse afin de pouvoir répondre aux besoins de communication et de transport dans le Sud mais aussi dans tout le pays», a insisté Trân Quang Châu.
Le représentant de la compagnie aérienne nationale Vietnam Airlines a indiqué les difficultés que pose l’aéroport de Tân Son Nhât en raison de son exiguïté. Le développement des aéroports a un rôle important dans la croissance d’un transporteur aérien. Aujourd’hui, Vietnam Airlines a reçu la licence d’utilisation des aéroports de Nôi Bài (Hanoi), de Dà Nang (Centre) et de Tân Son Nhât (Hô Chi Minh-Ville), sans toutefois y posséder sa propre aérogare. À Tân Son Nhât, Vietnam Airlines manque d’infrastructures pour la maintenance de ses appareils et d’autres services aéroportuaires. Pour la compagnie nationale, la construction de l’aéroport de Long Thành promouvra son développement, a conclu ce responsable.
Lancement du chantier reporté à 20 ou 40 ans ?
Hô Chi Minh-Ville a besoin d’un grand aéroport international, mais la date de lancement de ce chantier pourrait être reportée à 20 ou 40 ans, selon Nguyên Thiên Tông, ancien responsable du Département des technologies de l’aviation de l’École poly-technique de Hô Chi Minh-Ville. Le choix idéal à présent est d’agrandir l’aéroport de Tân Son Nhât car, avec ses deux pistes, il peut plus satisfaire totalement aux besoins.
 |
| La faible capacité de l’aéroport de Tân Son Nhât résulte de son aérogare qui est trop petite, selon les experts. |
Très expérimenté en la matière, Luong Hoài Nam, ancien chef du Service de l’exploitation des vols de Vietnam Airlines, a affirmé que la faible capacité de Tân Son Nhât résultait de son aérogare qui est trop petite, et non pas du nombre de pistes. «En réalité, le problème de cet aéroport tient surtout aux emplacements alloués pour garer les avions et à ses infrastructures insuffisantes», a précisé Luong Hoài Nam. C’est pour cette raison que les transporteurs aériens doivent envoyer leurs avions à l’étranger pour réaliser la maintenance.
«La construction d’un nouvel aéroport pour desservir la mégapole du Sud se révèle importante, mais il faut envisager soigneusement l’investissement nécessaire», a considéré le directeur général de la compagnie aérienne charter Jetstar Pacific, Lê Hông Hà.
Thê Linh/CVN