>> Le potentiel du marché des beaux-arts
>> Exposition d'un peintre de la génération des Beaux-Arts indochinois
La peinture à l’huile sur toile Thé et Sympathie de Lê Phô. |
Photo : DG/CVN |
Selon les données de la Maison d’enchères Sotheby’s, beaucoup de peintures vietnamiennes ont établi des ventes records. Pour Christie’s au Royaume-Uni et Sotheby’s à Hong Kong (Chine), leur chiffre d’affaires total des ventes d’œuvres vietnamiennes s’est élevé à environ 43 millions d’USD ces cinq dernières années.
La peinture à l’huile sur toile Thé et Sympathie de Lê Phô (1907-2001) s’est vendue le 7 octobre 2022 pour 1,36 million d’USD (plus de 32 milliards de dôngs) par la Maison d’enchères Sotheby’s. L’œuvre de 131 cm x 195 cm avait été évaluée entre 484.000 et 866.000 USD.
Un marché des beaux-arts très prometteur
Lê Phô est reconnu comme l’un des maîtres de la peinture vietnamienne du XXe siècle. Dans Thé et Sympathie, il dépeint une séance de thé dans un jardin ensoleillé. Quatre femmes sont assises à une table blanche, dégustant des fruits, des gâteaux et du thé. Sept autres personnes sont en arrière-plan, regroupées en petits groupes et sirotant du thé.
Pour représenter les personnages se prélassant à l’ombre des arbres, l’artiste a utilisé une palette de couleurs vives et des coups de pinceau complexes. Il s’agit de l’une de ses plus grandes huiles sur toile à avoir été commercialisées.
Lors de l’autre vente aux enchères organisée fin août dernier à Singapour par Sotheby’s, le tableau Vietnamese Lady (Dame vietnamienne) de Lê Phô a été acheté par un collectionneur vietnamien pour 781.200 USD singapouriens (soit plus de 13 milliards de dôngs).
Créée en 1938 avec de l’encre et des pigments sur soie, Vietnamese Lady a un format de 28,5 cm x 23,5 cm. La peinture montre une jeune fille vêtue d’un áo dài (tunique traditionnelle des femmes vietnamiennes) blanc assise sur une chaise en bois, regardant droit vers la personne d’en face.
Auparavant, en novembre 2017, ce tableau avait été exposé aux enchères de Christie’s avec un prix d’adjudication de 725.000 USD hongkongais (2,16 milliards de dôngs).
On peut citer d’autres peintures de Mai Trung Thu (1906-1980) qui ont chacune dépassés le million d’USD à la vente.
Le tableau Phu nu dôi non la bên sông (Femme au chapeau conique au bord de la rivière) s’est vendu le 14 décembre 2021, pour 1,57 million d’USD, taxes comprises, à Hong Kong (Chine). Mais le record appartient à l’œuvre Chân dung cô Phuong (Portrait de Mademoiselle Phuong) qui a trouvé preneur pour 3,1 millions d’USD en avril 2021. Cette huile, d’un format de 135,5 cm x 80 cm, fut peinte en 1930 avant d’être exposée à l’École des beaux-arts de l’Indochine.
En novembre 2021, l’œuvre Hoàng hôn trên vinh Ha Long (Coucher de soleil sur la baie de Ha Long) de Pham Hâu s’est vendue pour 1,24 million d’USD aux enchères de Bonhams. Il s’agit d’un paravent laqué à six panneaux, auquel est attaché la carte de visite du roi Bao Dai (1913-1997). Selon cette maison d’enchères, cette peinture représente des compositions poétiques et témoigne de techniques de laque habiles. Ces exemples démontrent que le marché des beaux-arts vietnamiens est un secteur très prometteur.
Portrait de Mademoiselle Phuong de Mai Trung Thu a été vendue 3,1 millions d’USD en avril 2021. |
À rappeler que l’exposition “Hồn xưa bến lạ” (Âmes intemporelles : au-delà du voyage) a été organisée par Sotheby’s pour la première fois au Vietnam en mi-juillet dernier. Elle a présenté une cinquantaine d’œuvres du quatuor Lê Thi Luu (1911-1988), Lê Phô (1907-2001), Mai Trung Thu (1906-1980) et Vu Cao Dàm (1908-2000), faisant prendre conscience aux collectionneurs que le marché de la peinture vietnamienne ne cesse de croître.
Un des segments attrayants
L’art est vu comme un investissement sûr, car la valeur des œuvres d’art augmente au fil du temps. Une collection de peintures a non seulement une valeur esthétique mais c’est aussi un investissement à part entière.
Le marché des beaux-arts au Vietnam en est encore à ses balbutiements et n’a pas des statistiques fiables. Cependant, on pense que de nombreux jeunes s’intéressent aux beaux-arts et à la collection de peintures car ils participent à de plus en plus d’expositions.
Selon le collectionneur Hoàng Anh Tuân, premièrement, les revenus des jeunes se sont améliorés et ils ont un niveau d’instruction relativement plus élevé que ceux de la génération précédente.
Deuxièmement, les jeunes ont créé une “vague d’art” sur les plateformes technologiques, en particulier les réseaux sociaux comme Instagram et Facebook, qui ont rendu l’art plus accessible.
Troisièmement, la pandémie de COVID-19 a favorisé la transformation numérique dans de nombreux aspects de la société, y compris le marché de l’art. Les peintres et les exposants se sont adaptés en développant des expositions personnelles et virtuelles. Donc, ils ont pu présenter des peintures à plus d’amateurs d’art. Parmi eux se trouvent de nombreuses personnes qui, pour diverses raisons, n’ont pu assister à des expositions en direct, mais qui peuvent maintenant voir les peintures sur Internet.
“Le Vietnam manque d’un marché des beaux-arts secondaire tel que maisons de vente aux enchères, foires d’art, expositions annuelles. Par conséquent, il manque à la fois des références de prix fiables et une quantification financière transparente. Il est possible de collecter en fonction de sentiments personnels ou de l’esthétique, mais l’investissement nécessite différentes compétences telles que rigueur, compréhension de l’art et investigation de tous les angles de la transaction”, ajoute-t-il.
Thuy Hà/CVN