Au cours de leur séjour au Vietnam (de septembre à décembre), les artistes occidentaux ont travaillé, mangé et... dormi ensemble dans un bel atelier : une résidence artistique contemporaine de 300 m² dans la commune de Binh My, district de Cu Chi, à 30 km du centre de Hô Chi Minh-Ville. Cette dernière a été mise à disposition par La Quy Tùng, la propriétaire, elle-même peintre, plasticienne et chef décoratrice de quelques grands plateaux de cinéma au Vietnam.
Xavier de Kepper (gauche) et Itzio Barberena sur les berges du fleuve Saigon |
Cette espace a été hautement bénéfique pour les artistes : trois maisons de différents styles avec colonnes, toiles et meubles d’autrefois venant notamment de la province de Ninh Thuân. Ici, les images typiquement vietnamiennes sont légion : le poulailler et les coqs, les outils agraires...
Xavier de Kepper, responsable du groupe, a indiqué : «Au début du séjour, les artistes ont ressenti un +choc+, car les habitudes et les activités quotidiennes des Vietnamiens étaient différentes des leurs, mais rapidement, ils ont aimé ces choses +extraordinaires+». En effet, avec imagination, observation et sensibilité, les artistes ont manifesté leurs émotions à travers leurs productions. Leurs ouvrages couvrent de nombreux styles, avec autant de matériaux : papier, bambou, feu, cendres, fer, zinc, etc.
Des artistes talentueux
Des œuvres de Catherine Burki. |
À chaque artiste, sa ou ses spécialités. Xavier de Kepper adore faire des panneaux et des schémas à partir de papiers, de cartons et avec colle, ciseaux et petites lampes... Il s’intéresse à tous les coins de la ville : le grand théâtre, la poste centrale, le pont de Sài Gon... Ses productions montrent une belle image des nuits animées de la mégapole du Sud.
Catherine Burki porte un regard sensible sur les campagnes vietnamiennes, les jardins de cocotiers, les fermes, les maisons. Les tableaux de Burki véhiculent un vaste panel de fortes émotions qu’elle ressent. La plasticienne française Flora Kam adore les vignettes traditionnelles vietnamiennes sur les papiers votifs.
Quant à Itzio Barberena (Mexique), il ne se lasse pas de l’aube et du crépuscule sur les bords du fleuve Sài Gon.
Xavier et ses créations. |
Avec beaucoup d’humour, Eric Grossec a construit des masques en aluminium après avoir observé les gens revêtus de leurs masques noyés dans la circulation. Il a expliqué : «Tous les objets qui ne sont pas en soi abstraits, qui sont un peu plus figuratifs, parlent à l’ensemble des individus aussi bien ici qu’éventuellement dans le monde entier. Donc, ici c’est un masque, c’est un fait. Il y a aussi un chapeau que certaines personnes portent ici».
Après trois mois passés en ces lieux, les artistes ont appris à percevoir les choses autrement pour évaluer leurs créations et expérimenter de nouveaux styles. En arrivant au Vietnam, ils ont aussi apporté de nouvelles idées, analyses et de nouveaux concepts que les artistes vietnamiens ont pu appréhender.
Trân Mai Huong, artiste vietnamienne de mode, a confié : «Bien que je ne participe pas au projet de Xavier, j’ai appris beaucoup en observant les créations et les innovations des artistes étrangers. Ils sont très créatifs. Ils ont essayé d’utiliser toutes les choses trouvées pour illustrer leurs pensées, leur ressenti. C’est une chose très rare chez les artistes vietnamiens».
Texte et photos : Quang Châu/CVN