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Mick et Amanda Jenkins, le 15 août 2019 à Bethel, venus de Pennsylvanie pour les 50 ans du festival de Woodstock. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Des enfants pataugent joyeusement dans la boue au milieu des stands de fortune proposant pèle-mêle pipes, tapisseries, t-shirts bariolés et minéraux aux vertus insoupçonnées.
"C'est un peu différent de toutes les autres commémorations de Woodstock", confie Christopher Peter Vanderessen, dont les cheveux longs, le bâton et la cape mi-noire mi-fluorescente le feraient presque passer pour un sorcier du Seigneur des Anneaux sous ecstasy.
Cet artiste militant n'était pas né en 1969 lorsque des centaines de milliers de personnes ont célébré ici, au nord-ouest de New York, la paix, l'amour et la musique. Mais il se rend chaque année dans la forêt jouxtant le champ prêté à l'époque par un agriculteur pour perpétuer les idéaux du festival.
"Pour la plupart d'entre-nous, venir ici est un pèlerinage", témoigne le quadragénaire. "On se moque de +qui est à l'affiche+. On a juste besoin d'être ensemble".
"Simplicité discrète"
Autour de lui, les gens dansent, peignent et se relaxent dans des hamacs accrochés aux troncs des conifères. Beaucoup sont plus jeunes que les hippies réunis sur le site officiel du 50e anniversaire, le Bethel Woods Center for the Arts, où la bière est tirée sous une tente sponsorisée plutôt que de la glacière du voisin.
Venus de Pennsylvanie, Mick et Amanda Jenkins, respectivement 37 et 34 ans, se reconnaissent dans les valeurs hippies héritées de leurs parents, cette "simplicité discrète" qu'il est important pour eux de préserver.
"Si personne n'est là pour raconter cette histoire, elle disparaît", témoigne Amanda Jenkins, ses cheveux blonds cernés d'une couronne de fleurs.
Un peu plus loin, une mère de famille de 42 ans, Shronnie Jean Miller, raconte avoir grandi sur la route au rythme des tournées du groupe Grateful Dead, qu'elle suivait partout avec d'autres "deadheads".
Alors, le camping improvisé dans les bois "vaut bien le Ritz" pour cette Californienne. "Ce n'est que paix et amour (peace and love). Nous sommes tous un peu chez nous dans la forêt".
"Un jour férié"
Des participants au 50 ans du Festival de Woodstock, le 15 août 2019 à Bethel. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Le "sorcier" new-yorkais Christopher Peter Vanderessen, qui met ses talents d'artiste à l'oeuvre pour repeindre les vêtements de ses camarades, reviendra à coup sûr l'an prochain dans cette enclave hippie, comme il le fait depuis une trentaine d'années.
Il assure ne pas faire ce pèlerinage par nostalgie pour une époque révolue, mais dans l'espoir d'une société à son image, décontractée et tolérante.
"Être hippie, c'est avoir conscience de l'évolution de la société et contribuer à ce changement plutôt que de se plaindre de ce que font les autres", philosophe-t-il, rappelant que le festival était à l'origine destiné à être payant avant que les organisateurs, débordés par la foule, n'en fassent un rassemblement gratuit.
"C'est respecter le passé, mais aussi montrer que nous allons de l'avant", poursuit ce fan de musique trance. "Voilà ce qu'est Woodstock. Ca ne devrait pas être un concert, mais un jour férié dans le monde entier".