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Un peu à l’image d’un régiment de sapeurs-pompiers, l’équipe de médecins-légistes de Hô Chi Minh-Ville doit se tenir prête à intervenir, 24h/24. Sauf que dans le cas présent, c’est la brigade criminelle qui leur en intime l’ordre.
Des médecins- légistes sur les lieux. |
Quarante personnes travaillent dans le Centre médico-légal de Hô Chi Minh-Ville, mais seuls quatre médecins-légistes sont habilités à réaliser les examens médicaux sur les cadavres. Après l’autopsie de ce matin, le Dr. Mai Quang Truong, vice-directeur dudit centre, parle de son quotidien : «Je peux vous dire que nous n’avons pas le temps de nous ennuyer ! Selon les règlements de l’État pour certains secteurs spécifiques, les travailleurs n’ont théoriquement pas le droit d’effectuer plus de 300 heures supplémentaires par an. Dans la pratique, il ne nous faut que trois ou quatre mois pour y parvenir. Nous avons le droit de refuser une autopsie supplémentaire demandée par la police. Mais cela n’arrive quasiment jamais, par peur que cela puisse affecter l’enquête et le bon déroulement des obsèques. Nous n’avons pas non plus de jours de congés comme Monsieur tout le monde, en raison du caractère urgent et imprévu de la profession».
Le trafic dans cette tentaculaire mégalopole pose problème pour le transport des dépouilles à la Morgue. Les praticiens doivent donc le plus souvent se déplacer sur les lieux du crime pour procéder à l’autopsie. Pour les médecins-légistes, aller sur place pour l’examen des cadavres est une chose normale, même s’il faut parfois prendre - lorsqu’il n’y a pas d’ambulance disponible– leur propre véhicule pour se rendre dans les districts de banlieue comme Cân Gio ou Cu Chi.
Un travail harassant
«Il nous arrive fréquemment de devoir travailler la nuit et de dormir dehors. Le cas le plus horrible est de traiter une victime morte noyée et remontée plusieurs jours après. C’est infernal ! Personne n’ose le transporter à la tente médicale pour l’autopsie. Mais nous n’avons pas le choix ! Il faut procéder à l’examen, et enfin à l’embaumement», partage le Dr. Nguyên Van Tuyên, ancien directeur du Centre médico-légal de Hô Chi Minh-Ville.
Dans le cas d’une enquête policière, le médecin-légiste aide à déterminer la cause de la mort de la victime. |
La comparaison avec la médecine des «vivants» est parfois difficile pour eux. Diplôme en poche, ces médecins peuvent travailler dans les hôpitaux ou ouvrir une clinique privée. Ce n’est pas le cas pour les diplômés en médico-légale qui doivent travailler entre trois et cinq ans dans la spécialité, puis participer à un cours d’expertise médico-légal avant d’être assermentés en tant que médecins-légistes. «Ce travail est harassant et nous n’avons pas la reconnaissance que nous souhaiterions. Mais j’aime mon métier», confie Dr. Nguyên Van Tuyên.
Dans le cas d’une enquête policière, le médecin-légiste aide à déterminer la cause de la mort de la victime. Et dans le cas d’une mort à la suite d’une maladie, c’est toute la médecine qui peut profiter de leurs conclusions afin de tirer des enseignements et faire avancer la science.
Halte aux mauvais préjugés
Le médecin-légiste est souvent confronté aux proches de la ou des victime(s), aux suspects, qui leur tiennent des propos offensants. Cela peut aller jusqu’à des menaces physiques pour empêcher de faire la lumière sur les circonstances du décès.
Parfois, la famille s’oppose pour des raisons religieuses. «Je me souviens de cette enfant morte d’une noyade. La famille de la victime nous a empêchés d’approcher le cadavre. Il a fallu l’intervention des policiers et d’un psychologue pour pouvoir réaliser l’examen. Par ailleurs, nous sommes toujours appelés à témoigner lors d’un procès au tribunal. Ce qui peut nous valoir des menaces parfois mises à exécution avec la provocation d’un accident, des lettres de menaces, etc. Nous sommes aussi raillés par certains +collègues+, qui nous appellent les +chirurgiens sans anesthésiant+», regrette le Dr. Nguyên Van Tuyên.
Pourtant, sa mission est essentielle. Certains examens permettent de mettre hors de cause un suspect, notamment après un accident de la circulation., D’après le Dr. Mai Quang Truong, dans les faits, les survivants d’un accident de la route font des coupables idéals. Mais il arrive que la victime ait percuté le conducteur d’en face sans qu’aucune responsabilité ne puisse être engagée à l’encontre de ce dernier, la victime en question ayant en réalité succombé à un accident vasculaire cérébral qui a entraîné la collision.
«La plupart des gens pensent que notre travail est effrayant. S’il est difficile de leur jeter la pierre, ils doivent avoir conscience de l’importance de notre métier. Nous espérons qu’à l’avenir, de plus en plus de jeunes opteront pour cette spécialité», dit ce spécialiste légiste.