Dans les coulisses de la fabrication de tuiles yin-yang à Quynh Son

Pour couvrir le toit de leurs maisons sur pilotis, les Tày et les Nùng à Lang Son utilisent des tuiles yin et yang. Ces tuiles, qui se greffent l’une sur l’autre, ont la particularité d’être émaillées dans la surface concave pour la première et dans la surface convexe pour la seconde.

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Pour couvrir le toit de leurs maisons sur pilotis, les Tày et les Nùng à Lang Son utilisent des tuiles yin-yang.

Et c’est à Quynh Son que les tuiles yin-yang sont produites, en tout cas les meilleures d’entre elles, et ce depuis une centaine d’années. Ici, une cinquantaine de familles vivent de ce métier qui reste encore 100% artisanal. Les tuiles yin-yang qu’elles fabriquent jouissent d’une notoriété sans égal dans toute la province, voire au-delà, se félicite Hoàng Công Ngoc, du haut de ses 60 ans d’expérience.

"Ces ‘tuiles creuses comme les appelaient nos aïeux sont aujourd’hui baptisées ‘tuiles yin-yang, en raison de leurs positions dessus-dessous", indique-t-il. "Nous les Tày vivons dans des maisons sur pilotis et n’utilisons rien d’autre pour couvrir nos toits que ces fameuses tuiles yin-yang. Pour cause, elles sont légères, hermétiques, imperméables et elles nous gardent au frais en été".

Le premier secret des tuiles de Quynh Son réside dans la terre qui les constitue. Il s’agit d’une terre argileuse, de couleur grise ou brune jaunâtre, qu’on ne trouve que dans les champs locaux. Cette terre est pétrie méticuleusement avec de l’eau pour être débarrassée de ses impuretés. Le pétrissage, qui se fait au pied, durera jusqu’à ce que l’artisan obtienne une pâte qu’il juge suffisamment lisse, souple et résistante. Il va alors utiliser des ciseaux pour couper cette pâte en lamelles d’un centimètre d’épaisseur, lamelles qu’il mettra dans un moule en bois. Les tuiles obtenues sont mises à sécher pendant 30 à 50 jours, avant de passer au fourneau pendant 10 jours. Le bois est le seul combustible utilisé, assure Hoàng Công Ngoc.

Des fourneaux tournent à plein régime

"Dans un fourneau rond, nous empilons les tuiles comme on ferait avec des bols", précise-t-il. "On commence avec un feu doux, jusqu’à ce que la vapeur qui s’échappe devienne jaune. À ce moment-là, on ajoute du bois. Et lorsque les murs du fourneau deviendront argentés, on baissera le feu, sinon les tuiles redeviendront molles et déformées".

Chaque fourneau peut cuire 10 mille tuiles à la fois, de quoi couvrir le toit d’une maison traditionnelle à trois travées. Malgré la présence sur le marché de centaines de types de tuiles, toujours plus modernes les unes que les autres, ces fourneaux tournent à plein régime, depuis cent ans déjà. Mais Hoàng Công Hoa, président du Comité populaire de Long Dông, commune à laquelle est rattaché le village de Quynh Son, a d’autres soucis.

"Si les tuiles traditionnelles de Quynh Son ont toujours leur place sur le marché, c’est parce que les autorités locales, les artisans et les seniors du village se sont démenés pour pouvoir organiser des ateliers de formation à l’intention des jeunes", dit-il. "Mais ce qui nous inquiète maintenant, c’est la raréfaction de la terre qui répond aux normes dans la localité".

Dans un proche avenir, Quynh Son deviendra une destination touristique, ainsi en ont décidé les responsables du district de Bac Son qui le gèrent. Les touristes seront notamment invités à mettre la main à la pâte pour fabriquer des tuiles yin-yang, contribuer à la sauvegarde du métier et au décollage économique du village.

VOV/VNA/CVN

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