Dans le quartier Seestadt, Vienne donne les clés de la ville aux femmes

Un quartier pensé par et pour les femmes : aux confins de son territoire, la ville de Vienne cherche à rétablir un peu de parité urbaine en rendant justice à l'architecture féminine, longtemps marginalisée.

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Une vue générale d'un immeuble résidentiel à Seestadt en Austriche, pensé par et pour les femmes, le 8 juin.

Depuis 2012, elle fait sortir de terre tambour battant 12.000 nouveaux logements dans des immeubles bigarrés souvent dessinés par des femmes, sur le site d'un ancien aéroport de 240 hectares.

Ce chantier pharaonique campe au beau milieu des champs, autour d'un lac, et d'ici à 2030, plus de 20.000 nouveaux résidents y auront leur adresse contre 8.300 aujourd'hui.

À Seestadt, "les femmes construisent la ville" : la devise s'affiche en lettres capitales sur les murs.

Et elles donnent aussi leurs noms aux rues. La philosophe Hannah Arendt, la chanteuse Janis Joplin et même Fifi Brindacier, personnage de la romancière suédoise Astrid Lindgren, y sont mises à l'honneur.

'Refléter la société

"92% des artères de Vienne rendent hommage à des hommes", regrette au pied du métro Wojciech Czaja, le commissaire d'une exposition sur 18 femmes architectes, installée depuis le 10 mai sur une place du quartier.

"Cela ne reflète en rien la société et c'est un beau concept que de réserver à des politiciennes, à des musiciennes ou à des sportives les noms des nouveaux espaces citadins", affirme-t-il.

Une femme marche dans une rue qui porte le nom de l'écrivaine Beatrix Kempf à Seestadt, dans la banlieue de Vienne, le 8 juin.

Si à Seestadt, on annonce la couleur haut et fort, des femmes construisent depuis longtemps des zones habitées sur les cinq continents et le métier s'est largement féminisé. Mais elles deviennent rarement des stars.

En 1912, un projet de cité-jardin remportait par exemple un concours international pour concevoir Canberra, la capitale de l'Australie.

Les aquarelles de l'Américaine Marion Mahony Griffin avaient séduit le jury, se démarquant de la masse des croquis masculins. Or c'est son associé de mari qu'on honora publiquement.

"Retirées de la photo"

"Les femmes sont souvent retirées de la photo", ironise Katja Schechter, l'autre commissaire de cette exposition. "En 2012, seul l'époux de Lu Wenyu a reçu le prix Pritzker, alors que le couple a toujours travaillé à quatre mains".

Il a fallu attendre 2004 pour voir une femme, l'anglo-irakienne Zaha Hadid, récompensée par cette prestigieuse décoration, avant que le rythme ne s'accélère (Kazuyo Sejima en 2010, Carme Pigem en 2017, Yvonne Farrell et Shelley McNamara en 2020, Anne Lacaton en 2021).

Russie, Pakistan, Brésil... partout, les femmes sont à l'œuvre comme à Téhéran, où une passerelle piétonne de 270 mètres de long créée par l'Iranienne Leila Araghian a accueilli 4 millions de visiteurs l'année de son inauguration en 2014.

"On a simplement besoin du regard de tous ceux qui composent la société", explique l'architecte paysagiste Carla Lo, qui a imaginé une cour intérieure végétalisée à Seestadt Aspern.

AFP/VNA/CVN

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