>>Faire de Cà Mau une localité développée du delta du Mékong
Récolte de crevettes dans la province de Bac Liêu (delta du Mékong). |
Photo : Huỳnh Su/VNA/CVN |
Les crevettes sont l’un des produits-phares de l’aquaculture vietnamienne. À elles seules, elles occupent la moitié du volume des produits aquatiques exportés. Les exportations, justement. Pour cette année, la valeur des exportations de crevettes pourrait atteindre 3,2 milliards de dollars. Mais dès 2025, elle devrait s’élever à 8 milliards de dollars.
Sinon, pour en revenir à des considérations plus générales, il faut savoir qu’en termes de superficie, la pénéiculture vietnamienne occupe 700.000 hectares et qu’on élève principalement deux variétés de crevettes : la crevette géante tigrée (Penaeus monodon) et la crevette à pattes blanches (Litopenaeus vannamei).
Dans le delta du Mékong, par contre, salinisation oblige, on pratique plutôt l’élevage des Penaeus rouges et des Semisulcatus.
L'élevage extensif bat son plein
«Il faut complètement repenser l’organisation de la production. Avec la salinisation, il y a en gros deux orientations à suivre. Primo, il faut continuer à pratiquer la pénéiculture en l’associant à la riziculture. Secundo, il faut imaginer des dispositifs d’élevage extensif ou semi-intensif. Quoiqu’il en soit, il y a un effort de modernisation qui doit être fait et aussi un effort de vigilance, quant à la qualité de l’environnement », estime Nguyên Van Sáng, directeur de l’Institut de recherche aquicole numéro 2.
De fait, on assiste en ce moment à un effort de technologisation de la production, dans les localités qui vivent de la pénéiculture. Mais le ministère des Sciences et des Technologies entend lui aussi participer à cet effort puisqu’il est prévu qu’il mette en place prochainement un programme de production pénéicole incluant des dispositions relatives à l’origine des produits, à leur qualité et à l’hygiène alimentaire.
«Notre groupe gère à peu près toutes les étapes de la production, depuis la mise à l’eau des alevins jusqu’au traitement des produits finis, en passant par l’élevage proprement dit. En ce moment, nous expérimentons des techniques d’élevage qui nous viennent d’Israël. Ce sont des techniques qui nous permettent de bien contrôler la température, la salinité, les indices chimiques...», fait savoir Dang Quôc Tuân, directeur général-adjoint du groupe Vietnam-Australie, l’un des premiers fournisseurs d’alevins au Vietnam.
Actuellement, l’élevage extensif bat son plein dans le delta du Mékong, de même que les combinaisons pénéiculture-sylviculture et pénéiculture-riziculture. Ce sont des solutions peu coûteuses et respectueuses de l’environnement, qui semblent toutes indiquées pour faire face à la salinisation. De manière générale, les éleveurs mettent leurs crevettes dans des bassins, dans des rizières ou même dans des mangroves : tout est bon à prendre, pourvu que le processus de production ne soit pas interrompu.
« Nous devons opter pour des solutions respectueuses de l’environnement. Alors parler de solutions, eh bien sachez que le département général de l’aquaculture en a deux à proposer: produire des variétés de crevettes qui résistent bien aux épidémies et investir dans des technologies d’élevage », indique Nhu Van Cân, directeur du Département de l’aquaculture.
Technologies, justement. Il faut savoir que dans ce domaine, le Vietnam est, avec l’Australie et la Chine, l’un des pays les plus à la pointe, en tout cas pour ce qui concerne la production d’aliments pour crevettes. L’utilisation qui est faite des micro-organismes maritimes comme substitut à la poudre de poisson habituellement utilisée permet de garantir une bonne croissance et de réduire les risques d’épidémies.
Sur le plan commercial, enfin, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a élaboré des stratégies pour labéliser les crevettes vietnamiennes et développer la pénéiculture, une pénéiculture à réinventer.