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L'artiste britannique Damien Hirst pose lors de la conférence de presse pour présenter "Cerisiers en fleurs" à la Fondation Cartier, à Paris le 2 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Lauréat du Turner Prize 1995, originaire de Bristol, à l'humour british teinté d'ironie et de flegme, accueille la presse vêtu d'un costume rose et d'une chemise blanche, comme les fleurs de ses toiles. Et les cheveux teints en bleu comme la couleur de ses ciels.
Inquiet d'une possible contagion par le COVID, il a demandé que les journalistes venus l'interviewer se soumettent à un test une heure auparavant.
Damien Hirst, 56 ans, est classé au quatrième rang des artistes d'art contemporain les plus cotés (selon le rapport Artprice 2020), après les Américains Jean-Michel Basquiat, Jeff Koons et Christopher Wool. Il avait exposé à la galerie Perrotin en 1991 mais jamais dans une institution muséale parisienne.
Oubliés cette fois les thèmes sombres de ses installations et sculptures, souvent provocantes et glaçantes : les requins ou la vache dans une cuve de formol, les mouches noires, les crânes sertis de diamants, qui ont fait la célébrité de ce chef de file des "Young British Artists". Dans les toiles de "Cerisiers en fleurs", seulement des dizaines de milliers de touches vives et joyeuses.
"Je veux que mes visiteurs oublient tout et tombent dans mes tableaux. Je veux vous faire sentir que, peu importe ce qui se passe dans le monde, vous pouvez vous trouver face à des choses agréables", dit-il à l'AFP.
Et, en même temps, la floraison des cerisiers est brève et exprime elle aussi "la fragilité, la vie et la mort", explique l'artiste.
"Comme un homard"
Pour ce vaste projet achevé en 2020, 107 toiles monumentales. Trente sont exposées à la Fondation Cartier.
Elles mêlent touches épaisses et projections de peinture : un mélange de pointillisme et d'Action painting (la peinture gestuelle, souvent par projection) typique de Hirst, dont les références sont aussi bien Jackson Pollock et Willem de Kooning que Georges Seurat ou Pierre Bonnard.
Ouverture de l'exposition "Cerisiers en fleurs" de Damien Hirst, à la Fondation Cartier, Paris le 2 juillet. |
Ouverture de l'exposition "Cerisiers en fleurs" de Damien Hirst, à la Fondation Cartier, Paris le 2 juillet. Photo : AFP/VNA/CVN |
Reconnaissant avoir boudé la peinture parce qu'elle était passée de mode dans les années 80/90, il explique être revenu récemment à la spontanéité du geste pictural en s'éloignant du minimalisme.
Dans son atelier londonien, il a travaillé trois ans avec "fatigue" et "délice". "Il fallait monter et descendre d'une échelle toute la journée et projeter de la peinture partout. Je me sentais comme un homard parfois, avec mon bras tout contracté", raconte-t-il.
Pourquoi les cerisiers? "Dans mon jardin, j'ai un cerisier en fleurs. Je l'utilise comme une horloge et, chaque année, je me dis +une année de plus+".
Face à ce foisonnant verger qui communie avec le ciel à travers les baies du bâtiment de Jean Nouvel, Isabelle Gaudefroy, directrice de la programmation de la Fondation, évoque "un véritable éblouissement" : "l'impression de plonger dans la jubilation de peindre".
À propos des polémiques autour de la cherté de ses oeuvres, d'une élite de l'art qui ne penserait qu'à l'argent et dont il ferait partie, Damien Hirst répond que "c'est très difficile de faire de l'art sans argent, surtout quand il s'agit d'oeuvres de cette taille".
"Les gens me critiquent en disant que je pense à l'argent plutôt qu'à l'art. Mais je me concentre toujours sur l'art, pas sur l'argent! L'argent est juste la clé, c'est comme le langage, il ouvre des mondes", plaide-t-il.
Très sollicité, l'artiste sait se mettre en scène, de Paris à Rome, et il goûte la provocation. Cet été, à la Galerie Borghese, dans la capitale italienne, il expose des sculptures, dont un homme et une femme enchaînés en cours de décomposition, aux côtés de très classiques oeuvres du Bernin.
Cerisiers en fleurs, du 6 juillet au 2 janvier 2022.
AFP/VNA/CVN