Cyclisme : les bleus à l'âme de Sagan

Plus si fort Sagan ? Le triple champion du monde slovaque, boucle une saison discrète, loin de ses standards habituels, rattrapé par une nouvelle génération de coureurs et la lassitude du circuit.

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Le sprinteur slovaque Peter Sagan, maillot vert sur le Tour de France à Val Thorens, le 27 juillet.

Avec seulement quatre victoires en 2018, jamais Peter Sagan n'avait aussi peu gagné depuis ses débuts en World Tour.

Au Canada, où il doit disputer les Grand Prix de Québec vendredi 13 septembre puis de Montréal dimanche 15 septembre, le Slovaque de 29 ans a pourtant assuré être "content de (sa) saison" sans s'appesantir dans ses réponses, vite expédiées.

Reste qu'à deux semaines de la course en ligne des Mondiaux dans le Yorkshire (29 septembre), au tracé qu'on aurait dit taillé pour lui, il n'y a pas si longtemps, le leader de Bora est loin d'être donné archi-favori.

Au plus bas au printemps avec ses abandons successifs sur l'Amstel Gold Race puis la Flèche Wallonne avant de déclarer forfait pour Liège - Bastogne - Liège, "Peto" a trouvé les ressources pour remporter une victoire d'étape sur le Tour et surtout décrocher un 7e maillot vert. Un record absolu qui surpasse les 6 étoffes émeraude rapportées à Paris par Erik Zabel.

C'est tout le paradoxe de la saison du Slovaque: loin de ses performances passées mais peut-être historique. En cas de victoire en Angleterre dans deux semaines, il deviendrait le seul coureur à s'être emparé quatre fois du maillot arc-en-ciel sur route.

Un nouveau record dont le croit capable Charly Mottet, sélectionneur de l'équipe de France lors du dernier sacre tricolore aux Mondiaux : "Ces courses en circuit, ça lui plaît. C'est son domaine", juge l'ancien grimpeur français qui le trouve "mieux" depuis quelques mois.

"C'est dû à sa chute dans le Tour l'année passée, il a mis un moment à s'en remettre. Il a été longtemps tout décalé sur le vélo", estime-t-il.

Pour Sagan, le premier moment de vérité sera vendredi 13 septembre à Québec. Les deux fois où il s'est imposé sur les bords du Saint-Laurent (en 2016 et 2017), il a été sacré champion du monde dans la foulée.

"Ces deux courses (à Québec puis Montréal) seront aussi très bien pour me jauger par rapport aux autres", a-t-il reconnu. Même si le Slovaque, toujours aussi expéditif, assure les prendre "comme une préparation" en vue du Yorkshire.

"Loulou" nouveau chouchou

Sur son créneau de classicman capable de sprinter, d'encaisser les bosses et les kilomètres, deux phénomènes ont explosé cette saison: les cyclo-crossmen Wout van Aert et Mathieu van der Poel, venus d'une autre discipline que la route, comme Sagan (VTT). Comme un symbole, c'est le Néerlandais van der Poel qui s'est adjugé l'Amstel Gold Race pendant que "Peto" abandonnait.

Sur son créneau de chouchou du public, aussi, la nouvelle génération lui fait de l'ombre. "Loulou" Alaphilippe -comme le surnomme tout le peloton-, qui partage avec Sagan le goût du panache et des pitreries, aimante micros et caméras après son Tour de France -et même sa saison- sensationnels.

Ce qui n'est pas pour déplaire au Slovaque qui ne cache plus sa lassitude des obligations médiatiques et plus généralement du monde du vélo: "Je suis heureux qu'une carrière ne prenne pas trop d'années", confiait Sagan en fin d'année dernière dans un entretien au magazine néerlandais Fiets. "Il m'est impossible de m'imaginer encore quinze ans dans ce monde du cyclisme".


AFP/VNA/CVN

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