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Nguyên Minh Duc, PDG de CyRadar. Photo : VietnamNet/CVN |
Auparavant dirigeant d’une entreprise reconnue dans le domaine de la cybersécurité, Nguyên Minh Duc a été recruté en 2013 par FPT, où il était responsable d’un groupe de recherche sur les technologies de sécurité informatique.
“Avec mes collègues, nous avons constaté des attaques informatiques sur de grandes entreprises. Découvertes tardivement, leurs conséquences sont beaucoup plus graves que si elles l’étaient avant l’heure. C’est ainsi qu’avec mon groupe de recherche, nous avons développé un moyen de détecter efficacement ces attaques. En 2017, nous avons fondé CyRadar, qui tire son nom de deux mots : Cy - Cyber, pour l’aspect informatique ; et Radar, pour exprimer le fait que nous parcourons le Web à la recherche de virus”, raconte-t-il.
CyRadar part avec un avantage puisque la jeune pousse a pu se développer pendant près de deux ans au cœur de FPT, lui permettant de construire une réputation grâce à des certificats internationaux. Par exemple, concernant la détection de codes malicieux, CyRadar en accumule dix dont VB100, un des plus prestigieux.
“Le fait d’avoir ces certifications universelles nous aide à partager des ressources avec d’autres entreprises. Quand une attaque survient dans un pays dans lequel nous ne sommes pas encore implantés, ce partage de données nous permet tout de même d'en tirer certaines leçons. CyRadar dispose d’une source de données très riche, l’une des premières au Vietnam”, affirme fièrement son PDG.
Des informaticiens chez CyRadar. |
Photo : VietnamNet/CVN |
Deux genres de clientèle
Il existe deux exemples typiques de clients souhaitant travailler avec CyRadar pour cette raison.
Le premier est celui d'une entreprise asiatique opérant dans le domaine de la sécurité des boîtes de courrier électronique. Après avoir analysé des attaques visant ses clients et ayant constaté que CyRadar était à l’origine de nombre de solutions apportées, elle a demandé à ce qu’une coopération plus étroite soit mise en place entre les deux firmes.
Le deuxième est celui d’une société européenne spécialisée dans la surveillance du réseau Internet d’autres firmes. Celle-ci travaille aussi étroitement avec CyRadar du fait de sa compétence dans la détection des attaques et de sa riche source de données.
Par ailleurs, d’autres sociétés situées en Amérique ou en Europe contactent régulièrement CyRadar pour partager ou acheter ses nombreuses ressources.
Une notoriété unique
CyRadar est notamment une des 15 firmes mises en avant par Microsoft au niveau mondial. “C’est l’accomplissement pour lequel nous avons travaillé le plus dur. Les 14 autres entreprises sont toutes très expérimentées, certaines ayant jusqu’à 30 ans d’expérience. C’est donc une grande fierté de figurer dans cette liste, et un tremplin pour élargir notre action à l’international”, explique Nguyên Minh Duc.
CyRadar a mis deux ans pour accomplir cela, avec comme première étape l’intégration du Microsoft Virus Initiative. La firme a ensuite rempli d’autres conditions, nombreuses et complexes.
À l’origine, Microsoft mettait en avant 40 entreprises. Aujourd'hui, elles ne sont plus que 15, et la liste rétrécit chaque année. Aucune autre société vietnamienne n’y figure, même les plus anciennes.
Microsoft est une des entreprises motrices dans le domaine de l'informatique. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des défis classiques
Bien que CyRadar ait pu se développer pendant deux ans au sein de FPT, à l’abris de la nécessité de profit, le fait que tout allait couler de source n’était pas une évidence.
Le plus grand obstacle est la concurrence dans le secteur de la cybersécurité. “Bien que la sensibilisation à la sécurité de l'information des entreprises nationales se soit améliorée, le budget annuel alloué par celles-ci pour cet objectif reste limité et est majoritairement investi dans des entreprises étrangères. Ces dernières sont en concurrence avec les firmes vietnamiennes jusqu’au sein même du Vietnam, ce qui rend les affaires compliquées”, affirme le dirigeant.
Une autre difficulté rencontrée par CyRadar concerne son personnel. “Ce secteur requiert des compétences profondes. De grandes sociétés (banques, groupes, organisations...) sont prêtes à payer des salaires mensuels allant jusqu’à 80 millions de dôngs, il est donc délicat de recruter et de garder les salariés, surtout pour de jeunes entreprises”, analyse Nguyên Minh Duc.
La recherche de clients est également un défi pour les firmes débutantes. Le client est synonyme d’argent, beaucoup de startups font faillite par manque de moyens car elles ne peuvent pas continuellement couvrir leurs coûts sans profits. “Les débuts peuvent être difficiles”, admet le PDG, qui affirme cependant que “ce n’est pas pour autant que nous sommes découragés”.
CyRadar continue aujourd'hui de se développer au niveau national, mais recherche aussi activement des opportunités sur les marchés étrangers.
Binh Minh - Léo Renaud/CVN