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Pour le danseur Bùi Ngoc Quân, "l’art doit être fait avec le cœur". |
Photo : CTV/CVN |
C’est par hasard que Bùi Ngoc Quân est admis, en 2002, dans Les Ballets C de la B (pour "Ballets contemporains de la Belgique"), une compagnie de danse contemporaine fondée en 1984 par le chorégraphe belge Alain Platel, qui associe des artistes issus de disciplines et d’horizons différents à leur processus de création dynamique.
Au talent exceptionnel et à la passion sans limites, Bùi Ngoc Quân a ainsi créé de nombreuses œuvres artistiques, grâce à l’assistance professionnelle d’artistes de renommée européenne. "La danse contemporaine a toujours besoin de nouveaux talents", explique-t-il. Et d’ajouter qu’en termes d’art et de danse en particulier, l’opportunité est la même que l’on vienne d’Asie ou d’Europe. "Les Asiatiques ont de bonnes qualités, ils ont notamment d’excellentes maîtrise et précision des mouvements, un corps menu et un poids léger. Ces avantages leur permettent d’apporter des touches particulières et uniques, ce qui attire l’attention du public européen", affirme-t-il.
Quand représentations riment avec formation
En plus de danser, l’artiste vietnamien se voue aussi à l’enseignement. Il dispense régulièrement des formations professionnelles dans des ateliers que ce soit en Pologne, en Espagne ou en France.
La journaliste du "Courrier du Vietnam" et le danseur Bùi Ngoc Quân devant le théâtre NT Gent en Belgique. |
Jusqu’en 2010, le jeune homme a réalisé une centaine de projets, grâce à sa coopération avec des écoles d’art de danse contemporaine et autres festivals de danse de nombreux pays d’Europe. En 2009, Bùi Ngoc Quân collabore avec la chorégraphe et danseuse argentine Lisi Estaras comme interprète dans Boléro et comme co-créateur dans I know a place. La même année, il participe à la création de Sauter ou Tomber aux côtés de danseurs et acrobates brésiliens et français Juliana Neves et Samuel Lefeuvre. Entre deux projets, il trouve toujours le temps d’enseigner et d’animer des ateliers à travers le monde, que ce soit en Allemagne, en France, en Hongrie ou au Brésil.
En 2011, Bùi Ngoc Quân rejoint le Théâtre australien de danse et participe à la tournée Be Your Self (Sois toi-même). L’année suivante marque le début de sa collaboration avec la compagnie 3art3 à Zurich en tant que directeur et chorégraphe pour plusieurs projets de théâtre musicaux et de danses dont K et, plus tard, Untold. Depuis, Bùi Ngoc Quân se concentre sur des projets expéri-mentaux avec des danseurs amateurs, dont celui avec la participation de près de 200 enfants, afin de rendre hommage aux combattants tombés lors de la bataille d’Ypres en Belgique.
À l’heure actuelle, l’artiste belge d’origine vietnamienne continue d’accorder des ateliers de formations dans les studios des Ballets C de la B. Il organise cette fois un atelier ouvert qui vise à rassembler des personnes issues de formations différentes. Le but étant de mélanger danse et autres disciplines artistiques en lien avec le théâtre et la musique. Quân veut ainsi explorer "la communication physique" entre ces personnes. Lors de ses exercices, il met les participants, tous avec leur propre histoire, dans des situations imaginaires, créant ainsi un environnement où chacun peut faire partie d’une expérience en groupe tout en découvrant en même temps le plaisir d’être "unique".
Quarante-trois ans de vie, vingt-trois ans de métier
En 2012, Bùi Ngoc Quân a été invité au Vietnam pour participer au Festival international de danse "Mélodies d’automne", où son spectacle "Le Toit" y a été présenté.
Bùi Ngoc Quân (au sol) lors d’une séance de préparation du spetacle "Le Toit". |
Photo : CTV/CVN |
Avec un labyrinthe niché sur le toit d’une maison, le chorégraphe montre une échappatoire à la vie trépidante, une parenthèse en somme. Une journée sur le toit d’un lieu imaginaire où les gens peuvent partager librement, trouver leurs propres désirs et imaginer de nouveaux modes de vie.
"L’art doit être fait avec le cœur. C’est ainsi seulement que le public peut sentir le message que les artistes désirent transmettre", partage Bùi Ngoc Quân. Il ajoute : "Pour moi, le Vietnam, c’est un peu mon propre +Toit+, ma motivation pour retourner au pays natal".
Néanmoins, d’après lui, la vie des danseurs, que ce soit dans le monde ou au Vietnam, reste très difficile. En Europe, la majorité des artistes ne sont pas en mesure de vivre entièrement de leur profession. Nombreux sont ceux qui doivent exercer des activités parallèles afin de gagner leur vie. Bùi Ngoc Quân, quant à lui, peut se considérer chanceux.
Depuis sa sortie de l’Académie nationale de danse en 1996, il a toujours pu vivre convenablement de cet art. En effet, en plus de réaliser régulièrement des performances, il se charge également de la mise en scène et du "coaching" à l’intention d’acteurs profes-sionnels et dispense des cours de formation dans des écoles de danse. Chaque année, l’artiste est absent de son domicile pendant environ dix mois, avec parfois quatre à six destinations par mois. Il considère cependant son travail comme addictif. Cette vie trépidante d’artiste international lui permet de vivre pleinement de sa passion.
Thanh Tuê/CVN