Crevettes, fruits et légumes, fers de lance de l’agriculture vietnamienne

En 2017, le Vietnam a exporté ses produits agricoles vers 180 pays pour un total de 36,37 milliards de dollars. Bilan et perspectives avec le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Nguyên Xuân Cuong.

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Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Nguyên Xuân Cuong.
Photo : VNA/CVN

Concernant la crevetticulture, le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc avait déclaré en 2017 vouloir imposer le Vietnam sur le marché mondial. Où en est-on de cet objectif ?

L’année dernière, la production de crevettes s’est élevée à près de 690.000 tonnes et a rapporté à l’économie nationale quelque 3,8 milliards de dollars, plaçant ainsi le pays au 3e rang du classement des exportateurs mondiaux.

Si ces résultats sont encourageants, une marge de progression conséquente existe bel et bien. En cas de conditions climatiques favorables, d’investissements appropriés et de maintien de la demande, le secteur devrait connaître de meilleures performances cette année. Pour ce faire, le gouvernement a déjà fait des propositions en 2017 et un futur plan d’action devrait être mis en place sous peu.

Les chantiers principaux seront essentiellement les réformes administratives renforçant l’attractivité du secteur, la modernisation des outils destinés à l’élevage de crevettes, le développement des activités annexes dont notamment la logistique, l’élaboration de labels de qualité (produits bio par exemple).

S’agissant particulièrement de la qualité, le renforcement de la sécurité sanitaire des aliments ainsi que l’application des directives de développement durable seront prioritaires.

L’entreprise joue un rôle central dans la chaîne de valeur du secteur de la crevetticulture. Ces dernières années, de nombreuses entreprises ont injecté d’importants capitaux afin de renouveler les outils technologiques, d’établir des liens avec l’administration et de mobiliser la main-d’œuvre. Néanmoins, la fondation de coopératives et d’associations devra compléter cette action entrepreneuriale.

Pourriez-vous nous expliquer en quoi la restructuration du secteur agricole est nécessaire pour le pays ?

La réorganisation du secteur agricole devrait permettre au Vietnam de s’adapter aux impératifs du marché mondial.

Parmi les 7 milliards d’humains sur Terre, 3,5 milliards consomment principalement du riz. La valeur des transactions commerciales globales de cette céréale représente environ 36 milliards de dollars par an.

S’agissant de la culture maraîchère, les fruits frais représentent environ 240 mil-liards de dollars par an ; les jus de fruit, 270 milliards. Selon les prévisions, le taux de croissance annuelle de ces deux domaines pourrait être de 2% à 3%, soit plus de 8 fois de celui du riz. Il est donc nécessaire de développer le potentiel productif du pays dans ce sens.

Traitement de crevettes pour l’exportation.
Photo : Trân Viêt/VNA/CVN

De plus, la restructuration du secteur agricole devrait développer au maximum les atouts du Vietnam et permettre une adaptation de la production aux effets du réchauffement climatique. Dans cette veine, le delta du Mékong, avec 1,7 million d’hectares de terre cultivable, ne saurait être uniquement réservé à la riziculture et devrait accueillir prochainement des activités liées à l’aquaculture. Auparavant, cette région était considérée comme le grenier à riz du Vietnam. Désormais, l’ordre prioritaire de production agricole est le suivant : produits aquatiques, fruits et riz.

Afin d’assurer cette transfor-mation, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural va, avec les services concernés et les autorités locales, impulser l’organisation de séminaires pour collecter des avis d’experts. Il transmettra le compte-rendu de ces réunions au Premier ministre.

En 2018, ledit ministère doit prendre en charge l’édification des plans de réorganisation du secteur agricole, le développement d’infrastructures et l’amélioration des conditions de vie des habitants du delta du Mékong. Pour ce faire, il proposera trois groupes de produits majeurs : nationaux, provinciaux et spécialités de la commune/du village.

En 2018, l’agriculture viet-namienne table sur 40 milliards de dollars de bénéfice. Selon vous, quelles sont les mesures nécessaires pour atteindre ce chiffre ?

Comme vous le savez, la production agricole nationale répond déjà aux besoins des 93 millions d’habitants et permet l’exportation d’excédents. Ceci implique la mise en place d’un marché ouvert.

Ainsi, nous devrions déterminer les marchandises avantageuses pour notre économie et capables de concurrencer les produits étrangers tant au niveau de la qualité que du prix. Il s’agit d’ailleurs d’un des principes directeurs de la restructuration du secteur primaire.

De nombreux produits agricoles vietnamiens s’affirment sur le marché mondial et atteignent des milliards de dollars de chiffre d’affaires à l’exportation. Pour rentrer dans les détails, le poivre représente, l’an dernier, 1,12 milliard de dollars; les noix de cajou, 3,52 milliards ; le caoutchouc, 2,26 milliards ; le bois et les produits en bois, 7,6 milliards ; les fruits et légumes, 3,45 milliards ; le café, 3,2 milliards ; et les crevettes, 3,9 milliards. Dix produits ont franchi la barre d’un milliard de dollars et cinq autres (crevettes, fruits et légumes, noix de cajou, café et bois) des 3 milliards.

Dans les temps à venir, les fruits et légumes et les crevettes formeront le fer de lance de l’agriculture vietnamienne. À noter, à titre de preuve, que les prévisions d’exportations de crevettes d’ici à 2025 affichent 8 à 10 milliards de dollars de recettes par an.


Khanh Vu - Hoàng Phuong/CVN

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