Indonésie
Crash d'avion : les secours retrouvent de nouveaux restes humains

Les secours indonésiens ont retrouvé de nouveaux restes humains mardi 30 octobre sur le site de l'accident d'un avion de Lion Air qui a plongé dans la mer avec 189 personnes à bord, des médias faisant état d'un dysfonctionnement sur un instrument de bord.

>>Un avion de Lion Air s’abîme en mer de Java avec 189 personnes à bord

Des familles déposent documents et photographies de leurs proches qui se trouvaient à bord de l'avion de Lion Air, dans un hôpital de Jakarta, le 30 octobre.

Le Boeing 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne à bas coût entré en service il y a seulement quelques mois a disparu des radars lundi 29 octobre, 12 minutes après avoir décollé de Jakarta. Il s'est abîmé en mer de Java peu après avoir demandé au contrôle aérien l'autorisation de revenir dans la capitale indonésienne. Des dizaines de plongeurs ont été dépêchés sur le site de la disparition du vol JT 610, qui aggrave encore la réputation d'insécurité du secteur aérien indonésien. Mais dès lundi soir 29 octobre, les services de secours n'avaient plus guère d'espoir de trouver des survivants.

Les équipes ont pour l'heure rempli 10 sacs mortuaires de morceaux de corps, a déclaré à la chaîne Metro TV Muhammad Syaugi, chef de l'Agence indonésienne de recherches et de secours. Les restes ont été envoyés à l'hôpital de la police de Jakarta pour des tests ADN aux fins d'identification. Des familles éplorées les y attendaient, parmi lesquelles Hari Setiyono, dont le beau-fils se trouvait dans l'avion. "Ma fille n'a plus de mari, mon petit-enfant n'a plus de père", a-t-elle dit. D'après le chef adjoint de la police nationale, Ari Dono Sukmanto, la dépouille d'un bébé figure parmi les corps retrouvés. Les secours ont également rempli 14 sacs de débris divers - chaussures, portefeuilles ou vêtements. "Tout ce qui était à la surface de l'eau a été collecté", a ajouté M. Syaugi.

"Manque de fiabilité"

Selon le Comité de sécurité des transports nationaux (NTSC), l'avion transportait 178 passagers adultes, un enfant, deux bébés, deux pilotes et six personnels de cabine.

Parmi eux, figuraient 20 employés du ministère indonésien des Finances et l'ancien coureur cycliste italien Andrea Manfredi. L'impact est probablement survenu à grande vitesse. La mer est profonde à cet endroit de 30 à 40 mètres. "Notre priorité, c'est de retrouver la principale carcasse de l'avion, à l'aide de cinq bâtiments de guerre équipés de sonars détecteurs de métaux", a déclaré Yusuf Latif, porte-parole de l'Agence de recherches. Les deux boîtes noires n'ont pas été retrouvées.

L'appareil avait pour destination Pangkal Pingang, localité de transit pour les touristes désireux de profiter des plages de l'île voisine de Belitung. Selon Lion Air, le Boeing avait été mis en service en août. Le pilote et le copilote comptaient ensemble plus de 11.000 heures de vol. Ils avaient passé récemment des examens médicaux et des tests de dépistage de drogue.

Le patron du transporteur, Edward Sirait, avait reconnu lundi que la compagnie avait dû effectuer des réparations sur l'appareil à Bali avant qu'il ne reparte sur Jakarta, sans préciser leur nature. Il avait parlé de "procédure normale". La BBC, qui a récupéré un carnet technique concernant le vol Bali/Jakarta effectué dimanche, a fait état du "manque de fiabilité" d'un instrument de mesure de la vitesse et de divergences dans les mesures de l'altitude entre les appareils du pilote et du co-pilote.

"Assistance technique"

La compagnie n'a pas répondu dans l'immédiat aux demandes d'interview. Boeing s'est déclaré "profondément peiner" et "prêt à fournir une assistance technique à l'enquête sur l'accident".

Les secours indonésiens déposent des objets retrouvés près du lieu de l'accident de l'avion de Lion Air, au port de Jakarta, le 30 octobre.
Photo: AFP/VNA/CVN

L'avionneur américain avait suspendu la sortie du 737 MAX l'année dernière juste avant sa première livraison commerciale, évoquant un problème de moteur, selon le site spécialisé airlineratings.com. Les moteurs sont issus d'une collaboration entre l'Américain General Electrics et le Français Safran, d'après la même source. L'archipel d'Asie du Sud-Est, qui compte 17.000 îles et îlots, est très dépendant des liaisons aériennes et les accidents sont fréquents.

Lion Air, principale compagnie aérienne à bas coût d'Indonésie suit un vaste programme de développement et a annoncé l'an dernier l'achat de 50 Boeing 737 MAX pour 6,24 milliards de dollars. Après l'accident, des fausses nouvelles ont commencé à circuler sur internet dont l'une proclamant qu'un bébé avait survécu ainsi qu'une vidéo prétendant montrer des passagers paniqués. Sutopo Purwo Nugroho, porte-parole de l'agence de gestion des catastrophes, a démenti les deux "informations".

Le secteur aérien indonésien est en pleine croissance mais la règlementation laisse à désirer. Des compagnies indonésiennes ont été un temps interdites de ciel européen. Lion Air a été impliquée dans plusieurs incidents. Le plus grave, en 2004, une sortie de piste à Solo (centre de Java), avait fait 26 morts.


AFP/VNA/CVN

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