Crash 737 MAX: des familles contestent un accord entre Boeing et les États-Unis

Des familles de victimes des deux crashs de Boeing 737 MAX en octobre 2018 et mars 2019 ont demandé mardi 3 mai à un juge de l'État du Texas, dans le Sud des États-Unis, d'annuler un accord de 2,5 milliards d'USD passé entre l'avionneur et le gouvernement américain.

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Catherine Berthet (gauche) et Nadia Milleron arrivent au tribunal de Fort Worth, à Texas pour une audience sur des crashs de Boeing 737 MAX en octobre 2018 et mars 2019.

Par cet accord financier, le constructeur avait reconnu avoir commis une fraude, en échange de l'abandon par le ministère de la Justice de certaines des poursuites le visant depuis les accidents des avions de Lion Air et Ethiopian Airlines qui avaient fait 346 morts et entraîné l'immobilisation du 737 MAX pendant 20 mois.

Cet arrangement du 7 janvier 2021 était au cœur d'une audience judiciaire mardi à Fort Worth, au Texas.

"Ils ont fait un micmac faisant que le crime relève de la fraude et non de l'homicide involontaire", a expliqué lors d’une rencontre avec l’AFP Catherine Berthet, une Française qui a perdu sa fille de 28 ans dans le crash d’Ethiopian Airlines, près d'Addis-Abeba (Éthiopie), le 10 mars 2019.

"Nous estimons que le droit des familles de victimes n'a pas été respecté" ajoute-t-elle. "Nous n'avons pas été consultés. Nous demandons à être entendus".

L'accord de janvier 2021 comprenait un fonds d'indemnisation des proches de victimes de 500 millions d'USD, 1,77 milliard de compensations versées aux compagnies aériennes et une amende pénale de 243,6 millions d'USD.

Boeing avait reconnu que deux de ses employés avaient induit en erreur un groupe chargé au sein de la FAA (l'autorité américaine de l'aviation) de préparer la formation des pilotes au logiciel de vol MCAS, mis en cause dans les deux accidents.

"Le juge a été attentif et je crois qu’il était préoccupé par la façon dont le ministère de la Justice et Boeing ont caché cet accord aux familles", a expliqué Paul Cassell, l'avocat des familles à l'issue de l'audience.

Les proches des victimes espèrent désormais une décision rapide de la part du juge de Fort Worth.

Au moment du crash, Camille, la fille de Catherine Berthet partait au Kenya commencer une mission humanitaire pour l’ONG américaine One Acre Fund.

Elle venait de passer deux mois chez sa mère, près de Paris, après cinq années dans l’ONG française ACTED pour laquelle elle avait travaillé notamment au Soudan du Sud.

"Cela fait trois ans (qu’elle est morte) et… je ne m'endors jamais avant 4 ou 5 heures du matin. J'ai encore des crises de panique. Il y a des choses que je ne fais plus. Il y a des films que je ne peux plus voir, des musiques que je ne peux plus écouter", a-t-elle confié.

"Je voudrais que le département américain de la Justice soit assez responsable pour s’assurer que des entreprises ne s’en sortent pas après avoir perpétré un meurtre, que leurs hauts cadres paient, qu'il y ait des actions criminelles contre eux, qu'ils passent des années en prison" a expliqué de son côté Paul Njoroge, venu de Toronto, au Canada.

Lors du crash en Éthiopie, il a perdu sa femme de 33 ans, ses enfants de 6 ans, 4 ans et 9 mois, et sa belle-mère de 61 ans.

AFP/VNA/CVN

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