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Chômeur, un enseignant étranger doit rester à domicile avec son enfant. |
Photo : TP/CVN |
À la fin du cours de français, M. Antoine, un enseignant de français vivant depuis 12 ans à Hanoï, a informé ses élèves : "Si quelqu’un a besoin d’une pratique intensive de français à domicile, je peux vous présenter un enseignant français, venu de Paris et ses cours seront à moitié prix".
Des difficultés jamais vues
En général, durant cette période de l’année, les enseignants de français sont très occupés par les cours pour les examens du DELF (diplôme d’études en langue française) et DALF (diplôme approfondi de langue française). Cette année, en raison de la pandémie de COVID-19, tous ces examens ont été reportés et les centres de langues étrangères sont fermés. Des milliers d’enseignants étrangers sont forcés au chômage technique. Sans emploi depuis plusieurs semaines, certains vagabondent dans les parcs. C’est le cas de T, un enseignant d’anglais qui n’a plus assez d’agent pour se payer un logement et qui erre dans le jardin de l’Université des ressources en eau de Hanoï.
La plupart des enseignants de langues étrangères au Vietnam sont jeunes, en quête de voyages et de découvertes. Leur objectif est d’enseigner afin de pouvoir continuer à voyager. Seuls quelques-uns se sont installés de manière permanente au Vietnam et se sont même mariés. Bien qu’ils aient une vie assez confortable, ils souffrent également des impacts dus au COVID-19.
Mme Nguyêt Hà, domiciliée à Dông Da à Hanoï, dont le mari est enseignant d’anglais, a fait savoir que "depuis deux mois, nous vivons avec mon seul salaire. C’est donc mon mari qui s’occupe de nos enfants". "Notre vie est bouleversée, mais notre situation est bien meilleure que certains de ses amis qui doivent vivre avec nos économies car leurs femmes ne travaillent pas", a-t-elle ajouté.
David Orange, enseignant d’anglais mais aussi blogueur de voyages, a partagé : "C’est une des périodes les plus difficiles pour les enseignants étrangers. Dans les grands centres de langues étrangères, nous continuons de recevoir une partie des salaires, mais ce n’est pas le cas de tous les établissements, surtout les plus petits. Pendant cette période, la pension où je loge a régulièrement proposé le +couchsurfing+, car trop de compatriotes n’avaient plus les moyens de louer un logement". Il a raconté même que certains jeunes enseignants qu’il connaît ont dû chercher du travail dans les bars et restaurants. Mais, en raison de la pandémie, les bars ont également tous fermé les uns après les autres. Certains ont cherché à se rendre dans d’autres pays comme l’Inde et le Népal afin de trouver un emploi.
"Diplômée d’université, j’ai décidé de prendre une année sabbatique pour explorer le Vietnam. Je peux enseigner le français mais je peux également être serveuse! Pourtant, à cause de la pandémie, je suis sans emploi fixe. Je crains devoir rentrer en France car je ne pense pas pouvoir continuer à voyager ainsi…", a déclaré Charlotte Farmer, enseignante de français, venue de Toulouse.
Enseignement en ligne
Afin de répondre aux besoins des élèves tout en continuant à gagner sa vie, Antoine a organisé des cours en ligne. Pourtant, trois semaines après leur mise en place, il a dû fermer. "En raison de la faible connexion à Internet, nous avons dû mettre de côté les conversations et échanges, ce qui est déplorable étant donné que dans l’apprentissage d’une langue, la prononciation et les compétences orales sont très importantes", a expliqué cet enseignant de français.
Cette méthode d’enseignement est cependant prisée par de nombreux enseignants. Les frais, plutôt bas, s’élèvent entre 12 et 15 USD de l’heure en fonction du nombre d’élèves. Malgré une baisse conséquente des salaires, la plupart des enseignants acceptent la donne étant donné la situation.
Des solutions temporaires
Pendant cette période, un des emplois les plus recherchés par ces "enseignants étrangers" est le bénévolat dans les fermes. |
Pendant cette période, un des emplois les plus recherchés par ces enseignants étrangers est le bénévolat dans les fermes. Grâce à WWOOF, un réseau mondial de fermes biologiques, nombreux sont les endroits au Vietnam proposant ce genre de service tels que Tuê Viên, Dream Farm, Oganic Farm… Les volontaires peuvent y vivre et travailler de quatre à huit heures par jour et cinq ou six jours par semaine. Sur place, ils sont nourris et logés. Cependant, l’offre ne répond pas à la demande.
Une autre solution que ces enseignants appliquent en ce moment consiste à utiliser pleinement le réseau de "Couchsurfing" (un service d’hébergement temporaire et gratuit). Il s’agit d’une communauté reliant les voyageurs du monde entier offrant la possibilité de séjourner gratuitement chez l’habitant afin d’aider ceux qui aiment voyager à moindre frais.
Actuellement, au Vietnam, il existe déjà une communauté spécialisée dans le "Couchsurfing" forte de plusieurs milliers de membres. De nombreuses familles à Hanoï sont prêtes à accueillir les étrangers nécessiteux. Cependant, en raison du COVID-19, la plupart de ces adresses ont été temporairement fermées.
"J’ai accepté de nombreux emplois différents tels que traducteur, guide touristique ou encore conseiller d’études à l’étranger. Mais ce ne sont jamais des emplois stables. Il y a de moins en moins de postes. On dirait vraiment que le monde va arrêter de tourner. Si l’épidémie continue, je devrais définitivement rentrer chez moi ou partir en Inde. Mais pour le moment, je souhaite rester au Vietnam, où l’épidémie semble être encore sous contrôle. J’espère sincèrement que tout ira mieux avec l’arrivée de l’été ", a conclu David Orange.
Huong Linh/CVN