France
COVID-19 : contre les faux pass, les enquêtes cyber se multiplient

Face à la multiplication des faux pass sanitaires, les investigations numériques se renforcent en France, où 400 enquêtes ont été ouvertes et plus d'une centaine de personnes interpellées selon les autorités.

>>France : 400 enquêtes en cours sur des réseaux de faux pass sanitaires

Au centre de vaccination à Cannes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un réseau qui récupérait les identifiants de pharmaciens sur le site de l'Ordre national des pharmaciens a pu vendre entre 5.000 et 10.000 faux pass pour un bénéfice de l'ordre de deux millions d'euros. La cyber-investigation, toujours en cours, a déjà permis d'identifier un couple, placé en garde à vue début décembre, a appris vendredi 17 décembre de source proche du dossier.

Selon l'entourage du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, il circule en France 110.000 faux pass sanitaires depuis l'instauration du dispositif à l'été. De son côté, l'Assurance maladie, qui a lancé des contentieux contre 800 personnes, comptait la semaine dernière 41.000 faux pass.

"Il y a eu plus d'une centaine d'interpellations sur les 400 enquêtes qui ont commencé à être ouvertes", a par ailleurs indiqué jeudi 16 décembre sur France 2 Gérald Darmanin. Selon son entourage, ces interpellations visent à la fois des usagers et des réseaux de trafiquants.

Différents modes opératoires ont été répertoriés par les enquêteurs, dont l'achat de faux certificats de vaccination sur internet et l'usage frauduleux d'un QR code attribué à un tiers. Les autorités traquent aussi les professionnels de santé ou agents administratifs qui fournissent de faux pass.

"Nous constatons une forte augmentation de ce phénomène dès cet été sur les réseaux sociaux mais pas de recrudescence depuis le non remboursement des tests pour les non-vaccinés", affirme le général Marc Boget, commandant de la gendarmerie dans le cyberespace, en charge de 200 enquêtes de faux pass et qui en a identifié environ 92.000 en circulation.

En lien avec les enquêteurs, l'Assurance maladie se charge notamment d'identifier des anomalies via ses techniques d'analyses statistiques dans la base de données de suivi de vaccination, en utilisant le datamining (fouille et recoupement de différentes bases de données) et l'intelligence artificielle.

Plusieurs enquêtes cyber "d'envergures" sont menées contre des piratages de comptes de médecins et de pharmaciens, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur.

"Criminalité organisée"

Traiter un patient du COVID-19 dans un hôpital à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

"On assiste à un mode opératoire de plus en plus élaboré où les escrocs modifient à distance les mots de passe de professionnels de santé et peuvent ainsi générer des pass à leurs noms", explique le général Boget, qui enquête en lien avec l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP).

Ces réseaux s'apparentent à de la "criminalité organisée avec des rabatteurs, des complices, des revendeurs, des délinquants multi-cartes qui exploitent la volonté de certains de ne pas se faire vacciner", selon le général.

Dans l'Hérault, des cyber-enquêteurs ont interpellé un pompier et un kinésithérapeute, qui seront jugés en février pour avoir fourni 123 faux tests antigéniques négatifs à une trentaine de leurs proches. Ces faux ont permis à leurs 35 bénéficiaires d'effectuer des activités ou "des déplacements de confort" soumis à la présentation d'un pass, selon la gendarmerie.

Pour réaliser les faux, le sapeur-pompier, qui recourait aux identifiants d'un kinésithérapeute de Montpellier, a "utilisé un petit peu" le site dédié à la gestion des attestations antigéniques au sein du Service départemental d'incendie et de secours de l'Hérault.

Utiliser un faux document est un délit qui expose à une peine allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. Les poursuites disciplinaires des ordres peuvent aller jusqu'à l'interdiction définitive d'exercer, selon l'Assurance maladie.

Dans le Val-de-Marne, un médecin soupçonné d'avoir vendu au moins 220 faux pass sanitaires - à 1.000 euros pièce - a été placé en détention provisoire fin novembre, selon le parquet de Créteil.

"Si un professionnel de santé se corrompt à fournir un faux pass sanitaire à des patients c'est du pénal et là je souhaite que la justice fasse son travail avec la plus grande fermeté", a prévenu Olivier Veran jeudi 16 décembre sur BFMTV.


AFP/VNA/CVN

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