Le capitaine français Yannick Noah (gauche) aux côtés de ses joueurs Lucas Pouille (centre) et Jérémy Chardy après la défaite contre la Croatie. |
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Le sursis obtenu 24 heures plus tôt par Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert, victorieux du double (6-4, 6-4, 3-6, 7-6 (7/3)), n'aura pas changé la fin de l'histoire. Les Bleus, tenants du trophée, partaient de trop loin.
"Combien de joueurs du top 5, 10, 20, 30 a-t-on battu dans les six derniers mois?, a interrogé le capitaine tricolore. La barre était trop haute. On a fait de notre mieux. On a perdu contre une équipe bien meilleure."
Pendant deux ans, Noah et ses hommes ont été bien aidés par les renoncements en série qui ont éclairci leur chemin (Murray, Djokovic, Nadal...).
La donne était différente sur la terre battue lilloise. Pour la première fois depuis le début de son troisième capitanat en 2016, Noah s'est retrouvé confronté à une équipe forte de deux joueurs du top 15 : Cilic, N°7 mondial, et Borna Coric, 12e au bout de la meilleure saison de sa jeune carrière, à 22 ans. La tâche s'annonçait ardue. Elle s'est avérée insurmontable.
En simples, le bilan est d'une rudesse sans appel : trois matches, aucun set empoché, ni, pire, le moindre break réalisé. C'est dire à quel point les Français sont passés loin de mettre en danger leurs adversaires.
Limites
La Croatie remporte la finale de la Coupe Davis face à la France à Villeneuve-d'Ascq le 25 novembre. |
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Vendredi 23 novembre, c'est Jérémy Chardy qui a plié le premier, face à Coric (6-2, 7-5, 6-4). Puis Jo-Wilfried Tsonga, opposé à Cilic, l'a imité (6-3, 7-5, 6-4).
Dimanche 25 novembre, la parenthèse du double refermée, la triste réalité du moment s'est de nouveau imposée sans fard. Lucas Pouille, préféré cette fois à Chardy, n'a tenu le choc que le temps du premier set (7-6 (7/3), 6-3, 6-3). La défaite des Bleus à peine actée, il est tombé en larmes dans les bras de Noah.
Cilic et Coric "ont montré qu'ils étaient de grands joueurs. La manière dont ils ont joué les points importants était incroyable", a salué Pouille. Ces 72 heures n'ont finalement fait que mettre en pleine lumière les limites actuelles du tennis français.
En 2018, celui-ci a vécu sa pire année depuis près de quarante ans sur le circuit. Pour la première fois depuis 1980, aucun de ses représentants ne s'est hissé en quart de finale en Grand Chelem. Au classement, cette faillite s'est traduite par leur disparition du top 20 en octobre, du jamais-vu depuis douze ans. Depuis, plus aucun ne figure même dans le top 25.
Dans ces conditions, même les recettes fétiches de Noah, long stage de préparation et cohésion de groupe en tête, n'ont pas fait de miracle.
Et, inévitablement, refont surface les interrogations suscitées par les choix opérés par le charismatique capitaine tricolore. Celui d'abord de s'être délibérément privé de deux des trois joueurs les mieux classés du moment (Gasquet, le N°1, est blessé), Gaël Monfils (29e) et, surtout, Gilles Simon (30e), le Français le plus en forme de la fin de saison et au bilan très favorable face aux N°1 et N°2 croates.
"Dire une semaine avant: +C'est toi qui joues+, je ne sais pas faire", a expliqué, à propos de Simon, Noah, adepte au contraire de "faire durer" l'incertitude "le plus longtemps possible pour créer une émulation".
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