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Une danseuse de l’Opéra de Paris, au Musée d’Orsay à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des stars du American Ballet Theatre, Isabella Boylston et James Whiteside qui s'exercent avec la planche de travail de la cuisine en guise de barre au "principal dancer" du Royal Ballet, Vadim Muntagirov qui danse une variation dans son salon, de nombreux danseurs partagent sur les réseaux sociaux leur routine en quarantaine ou proposent un cours quotidien live.
Certains tentent d'apporter une dose d'humour comme Iana Salenko, star du Staatsballett de Berlin qui a diffusé une vidéo d'elle faisant des relevés sur pointes en portant son bébé, ou encore l'ex-étoile de l'Opéra Isabelle Guérin faisait du repassage sur pointes aussi. Dans le monde du ballet, une mise en garde est bien connue : "Si je rate une classe un jour, je le remarque, le deuxième jour, c'est le professeur qui le remarque, le troisième jour, c'est le public qui le remarque". Quid d'une période de confinement encore incertaine ? "On a tous la même angoisse, celle de dépérir physiquement", affirme Hugo Marchand, danseur étoile de l'Opéra de Paris.
"Télédance" ?
Depuis le début du confinement, chaque jour à 11h00, lui et sept de ses collègues sont en visioconférence avec l'ancienne danseuse étoile et coach à l'Opéra Florence Clerc pour "une barre collective". "Les danseurs de ballet ont une autodiscipline mais on a toujours besoin d'un professeur qui nous motive et nous donne des instructions", précise par téléphone le danseur qui a quitté Paris pour le Sud de la France avant le confinement.
"On exécute les exercices qu'elle nous montre accrochés à un bout de canapé ou de commode; on +entend+ l'énergie des autres, tout le monde se parle et ça rigole un peu, ça fait du bien", poursuit-il. Mais la "télédance" a ses limites : "Pas de sauts, pas de pirouettes car sur le carrelage ou le parquet dans un petit appartement, c'est juste impossible", en raison du risque de blessures. L'étoile complète ce cours virtuel avec des étirements, des pompes et des abdominaux.
Pour des danseurs habitués à la stricte discipline dès le plus jeune âge et à des journées entières d'entraînement, sans compter le spectacle en soirée, "c'est difficile à vivre". "Pour les sportifs de haut niveau et les danseurs de ballet, notre instrument est notre corps; s'entraîner est un besoin physique comme manger ou dormir". La grande question de l'"après" se pose.
"Il faut certainement ne pas aller trop vite au retour en studio pour éviter les blessures. C'est un peu comme après un retour d'un congé maternité ou de grandes vacances, il faut y aller doucement", affirme Arnaud Dreyfus, ancien danseur de l'Opéra et professeur de ballet depuis 1998. Il a fermé son studio de danse à Paris comme tout le monde mais poste sur Facebook des exercices différents chaque jour aux amateurs et professionnels.
Parmi ses followers, des petits rats de l'École de l'Opéra, mais aussi des danseurs de la Scala de Milan, de Belgique ou des Pays-Bas. "Je donne comme au studio les mêmes indications de corrections; mais bien sûr c'est un peu froid car on est habitué à voir le progrès en direct". Du côté des compagnies, on tente de s'organiser aussi.
"Nous avons créé un groupe WhatsApp entre 90 directeurs de compagnies, du Bolchoï au Royal Ballet", indique Kader Belarbi, directeur de la danse au Capitole de Toulouse. "L'inquiétude est la même : l'entraînement des danseurs, qui sont notre moteur premier, et la reprise", affirme cette ancienne étoile de l'Opéra qui va également proposer une vidéo d'une barre avec son épouse et assistante Laure Muret sur sa terrasse. "Dans la durée, même si chacun se prend en charge chez soi, ça ne suffit pas". "Nous sommes suspendus sur le temps, mais on reste animé", assure toutefois M. Berlabi qui était en pleine création d'un ballet inspiré de Toulouse-Lautrec.
AFP/VNA/CVN