Comment faire pour diminuer la surcharge des hôpitaux ?

Malgré les énormes efforts déployés au cours de cette dernière décennie par le secteur de la santé, la quasi-totalité des hôpitaux, notamment ceux des ressorts central et provincial sont demeurés surchargés de patients (voir encadré). Cela est dû essentiellement au manque de lits et de personnel. Quelles mesures pour régler ce problème rémanent ? Avis d'experts...

* Professeur-Docteur Truong Viêt Dung, chef du Département des sciences et de la formation (ministère de la Santé) :

Parmi les raisons de la surcharge des hôpitaux, les 3 principales concernent personnel, infrastructures et capacité financière. D'abord, cela résulte d'un différentiel de croissance : pour vous donner une image, lorsque notre économie croît disons d'un point, la demande en thérapie et soins divers croît, elle de 1,5 point. Ensuite, si l'on ajoute que selon le ministère des Finances, le coût d'un lit supplémentaire en établissement hospitalier est 1,5 milliard de dôngs (tout compris, matériel, personnel...), il n'est pas difficile de comprendre pourquoi le développement du secteur hospitalier ne suit pas l'évolution de la situation au Vietnam et plafonne à une moyenne d'un lit pour 10.000 personnes. En ce qui concerne le personnel, la carence en médecins de niveau universitaire est devenue courante. Et cela vaut en particulier pour le delta du Mékong, le Tây Nguyên et la région Nord-Ouest. L'immense delta méridional de 17 millions d'habitants ne possède qu'une seule école supérieure de médecine et de pharmacie, à comparer aux 11 dans le Nord, avec un taux de 4 médecins/10.000 habitants pour une moyenne nationale de 6/10.000 habitants.

Cette raison ne tient pas seulement au choix personnel des modalités d'exercice professionnel (ndlr, secteur privé ou public, milieu hospitalier ou non) mais aussi aux conditions de lieu de travail, de rémunération, de recrutement... À cette carence générale, il y a en sus une répartition inégale des cadres médico-sanitaires selon les régions et il s'agit là d'un problème encore plus difficile et préoccupant. Conséquence, la plupart des hôpitaux comme Cho Rây (Hô Chi Minh-Ville) et Bach Mai (Hanoi) doivent recourir à des agents contractuels, alors que si les 800 à 900 étudiants diplômés chaque année de la Faculté de médecine de Hanoi (au lieu des 300 d'autrefois) prenaient tous un poste en milieu hospitalier, les besoins nationaux en la matière seraient satisfaits vers 2011. Cela éviterait de voir, comme aujourd'hui, des milliers de médecins cherchant un emploi dans de grandes villes telles que Hanoi ou Hô Chi Minh-Ville, et les hôpitaux dans d'autres régions dans la quasi-impossibilité de trouver des praticiens de niveau universitaire. En tout état de cause, on ne pourra pallier ces 3 obstacles que de manière simultanée.

* Nguyên Van Châu, directeur du Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville.

Selon les dernières statistiques, Hô Chi Minh-Ville a vu la création au cours de la décennie passée d'environ 2.000 nouveaux lits dans le secteur hospitalier public, et 1.860 lits dans les établissements privés. Le nombre total est de 23.000 lits, soit une moyenne de 3,1 lits pour 10.000 habitants, ce qui ne suffit pas à satisfaire les besoins d'une ville de 8 millions de personnes. D'autant plus que dans la réalité, Hô Chi Minh-Ville prend également en charge les gens d'autres provinces, d'où une carence d'environ 8.000 lits. Côté personnel, chaque année de 200 à 250 médecins sont diplômés des 2 universités de médecine de la ville, ce qui donne une moyenne de 7 médecins/10.000 habitants alors qu'il en faudrait 10.

À mon avis, il est nécessaire de réexaminer la localisation de grands hôpitaux qui aujourd'hui se trouvent pour l'essentiel dans les arrondissements 3, 5 et 10. Le Service municipal de santé a élaboré une stratégie de développement du secteur. Objectif : étudier le positionnement des établissements hospitaliers, aménager des services professionnels de spécialités approfondies (comme traumatisme, réadaptation fonctionnelle, pédiatrie, oncologie...), augmenter les investis- sements destinés aux soins sanitaires dans la banlieue, avec la construction de nouveaux hôpitaux à l'Ouest et au Sud de l'agglomération tels que, par exemple, des hôpitaux de pédiatrie à Binh Chanh, de traumatologie et de réadaptation fonctionnelle, etc. La faculté de médecine Pham Ngoc Thach a une promotion de 290 étudiants cette année au lieu des 120 auparavant. Le projet de construction du Centre hospitalier universitaire de Cu Chi est actuellement en attente de capitaux.

Dans l'immédiat, il est nécessaire d'améliorer les infrastructures des hôpitaux de district comme la qualité de leurs services, d'élever le niveau professionnel des médecins travaillant dans les établissements sanitaires à l'échelon d'arrondissement et de district. Sans oublier d'augmenter les heures de travail et de développer de nouveaux types de services, dont les consultations médicales à domicile. Avec de telles mesures, j'espère que dans 4 à 5 ans à venir, les hôpitaux seront moins surchargés.

La surcharge est constatée dans la quasi-totalité des hôpitaux du ressort central jusqu'à celui de base, avec un taux d'occupation des lits oscillant entre 120% et 140%. Au niveau national, 145.000 lits sont recensés. Ce qui n'empêche pas le fait que 2 à 3 malades hospitalisés partagent un seul lit devient ordinaire dans plusieurs hôpitaux tels que Bach Mai, K, Clinique nationale de pédiatrie (Hanoi) et Cho Rây (Hô Chi Minh-Ville)... Cette situation exerce une influence négative sur l'amélioration qualitative des soins médicaux.

Hà Anh/CVN

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