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Les rues sont bien décorées pour accueillir le Nouvel An 2018. |
Photo : CTV/CVN |
Comme le Vietnamien ne perd aucune occasion de faire la fête, il lui était impossible de ne pas marquer le coup à l’occasion du changement d’année occidentale. Depuis que Jules a décidé que la nuit du 31 décembre au 1er janvier verrait la fin d’une année solaire et le début d’une autre, la ripaille est reine, les bouchons se la pètent, et les langues de belle-mère se délient sous les chapeaux pointus. Autant dire que l’ambiance est plutôt à la joie, même si elle est parfois froide, voire glaciale. Et le Vietnam n’y échappe pas.
Ambiance de fête partout
À peine engloutis les derniers morceaux de bûches de Noël, à peine remisés les bonnets rouges et blancs, on remet ça ! Les restaurants affichent complets. Les estrades se dressent sur les places. Les enceintes se préparent à nous faire exploser les tympans. Les feux d’artifice se trémoussent d’aise dans leurs gaines de lancement. Les paillettes trépignent d’impatience pour se coller aux mirettes des coquettes, et les pilules pour le foie se mettent en ordre de bataille pour aller au secours de l’organe en piteux état au premier jour de l’année nouvelle.
Dans l’euphorie générale, on s’envoie à la figure des incantations magiques, sensées faire de l’année nouvelle la plus belle de la vie. On se souhaite des palanquées de bonheur, des hottes entières de santé, des tonnes d’amour, que l’on éparpille à tout va, en espérant bien qu’il en restera quelque chose. Et, tant qu’à faire, puisque l’heure est à l’optimisme sans retenue, on s’offre de bonnes résolutions. Au moment du compte à rebours, scandé par les douze coups de minuit, on se refait une virginité, bien décidé à parcourir une nouvelle année sans écueils.
L’avantage de vivre au Vietnam, c’est que dans quelques semaines, on pourra remettre le compteur à zéro, en renouvelant l’opération pour la Nouvelle Année luni-solaire, le Têt ta ! Ainsi le Têt tây, le Nouvel An occidental, n’est finalement que la répétition avant la générale qui, cette année, aura lieu du 16 au 18 février. Alors, ne nous privons pas de souhaiter l’impossible, en espérant qu’il ne le soit pas.
Vœux en vrac… et comprenne qui pourra
Je souhaite que les capsules de bouteilles d’eau soient plus compréhensives : je voudrais tellement avoir de longs ongles de lettrés, comme ceux des chauffeurs des voitures qui me pilotent dans mes grandes évasions campagnardes. Je souhaite que les utilisateurs de téléphone portable découvrent la fonction qui permet de régler le son à la baisse, pour que je puisse entendre mon voisin de table quand je suis au restaurant, sans profiter du dernier tube à la mode.
Pour 2018, vivez la magie de vos rêves ! |
Je souhaite que l’on découvre la manière de devenir transparent, afin de pouvoir circuler dans les lieux touristiques, sans être obligé de slalomer entre tous les drogués du selfie, pour éviter d’être cloné sur tous les réseaux sociaux. Par contre, je souhaite que l’on s’aperçoive que j’existe quand je suis dans une file d’attente, et que l’on respecte mon rang. Je souhaite que les taxis comprennent que c’est quand il pleut que nous avons besoin d’eux, et que les dessins sur les pneus, ce n’est pas pour faire joli, mais pour pouvoir circuler sur chaussée mouillée !
Je souhaite que l’on cesse de me parler anglais, en me prenant pour un russe, quand je parle vietnamien avec l’accent français. Je souhaite que l’on sache que le morceau que je préfère dans le poulet, c’est la cuisse, et pas la patte. Même si on m’offre le choix du roi, avec la meilleure intention du monde…Je souhaite que soit enfin compris la différence entre le nombre de personnes et la masse de ceux-ci, pour éviter que les ascenseurs ne se bloquent entre deux étages, et par la même occasion, je souhaite que si cela doit arriver de nouveau, je ne sois pas en compagnie d’un passager claustrophobe.
Je souhaite qu’on arrête de me vendre toute chose à un prix supérieur sous prétexte que je suis un étranger, pour que ma femme cesse de me dire que je me suis fait avoir. Je souhaite prononcer encore mieux le vietnamien, pour éviter les situations scabreuses dans lesquelles je peux me mettre. Je souhaite que le chat du voisin dévore enfin le rat d’égout qui a élu domicile dans ma tuyauterie et qui m’avale régulièrement les poissons rouges de mon bassin. Je suggère d’ailleurs au voisin d’acheter un chat plus gros.
Dans la vieille ville de Hôi An, province de Quang Nam (Centre). |
Photo : CTV/CVN |
Je souhaite que mes amis vietnamiens cessent de me faire prendre des raccourcis qui rallongent nos promenades de plusieurs heures et nous conduisent inéluctablement dans des chemins de brousse poussiéreux, pierreux ou boueux, au milieu de nulle part. Essayez de piloter un scooter sur un diguette au milieu d’une rizière, et vous verrez ! Je souhaite que les vendeurs à la sauvette cessent de me considérer comme un touriste et me proposent vingt fois par jour, les mêmes cartes postales et les mêmes plans de Hanoï, qui coûtent dix fois moins chers dans n’importe quelle librairie de la rue Tràng Tiên.
Je souhaite que dans mon quartier on comprenne bien que ma spécialité est la psychologie de l’enfant et que ma voisine aille consulter un confrère pour ses problèmes gynécologiques. Je souhaite ne pas trop vous avoir ennuyé avec tous ces souhaits, aussi terminerai-je par le vœu suivant :
Que 2018 soit pour vous l’occasion de rêver votre vie, et de vivre vos rêves !
Bonne année, et à bientôt pour la prochaine, dans sept semaines !
Gérard Bonnafont/CVN