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Le patient 91 peut s’asseoir et manger avec l’aide du personnel soignant. |
Photo : VNA/CVN |
Jusqu’à maintenant, le patient 91, le plus grave malade du COVID-19 au Vietnam, a été testé négatif au coronavirus plusieurs fois. Ses fonctions pulmonaires se sont progressivement rétablies à hauteur de 90%. Il a repris conscience et peut désormais rire et parler avec le personnel soignant.
"Il n’y a rien de plus heureux que de savoir que la santé d’un patient dont on avait la charge se rétablit bien", partage avec un sourire le docteur Nguyên Thanh Phong, chef du Département des maladies contagieuses D, de l’Hôpital des maladies tropicales de Hô Chi Minh-Ville. Ce dernier est le premier médecin à avoir traité le pilote britannique.
Des nuits sans sommeil
Après plusieurs jours de stress et d’insomnie pour sauver la vie de ce patient, le rythme de vie des médecins et infirmières de l’Hôpital des maladies tropicales de Hô Chi Minh-Ville peut enfin retourner à la normale. Ces jours de soins graveront sans doute des souvenirs indélébiles dans la mémoire du personnel médical.
"J’étais tendue avant de recevoir et traiter ce cas. Le patient a été hospitalisé le 18 mars dans un état lucide. Pourtant, il disposait d’une charge virale élevée par rapport aux autres patients du COVID-19, donc le risque d’infection du personnel médical était très élevé. L’évolution de la maladie chez ce patient était complexe et imprévisible, ce qui n’a pas manqué de provoquer quelques frayeurs chez les médecins", se souvient le docteur Nguyên Thanh Phong.
"C’était une période très stressante et délicate. L’état de santé du patient présentait des signes anormaux et nous avons dû suivre ses évolutions à chaque minute. J’avais son cas en tête à tout instant et je réfléchissais à la meilleure solution thérapeutique constamment, même pendant mes temps de repos", raconte le docteur Lê Thanh Xuân, 28 ans, le plus jeune médecin de l’équipe en charge du patient depuis sa première hospitalisation.
Selon le Docteur-médecin, chef du Département d’urgence, de réanimation et de désintoxication de l’Hôpital des maladies tropicales de Hô Chi Minh-Ville, Nguyên Van Hào, des discussions en ligne ont été tenues avec la participation d’experts de premier rang des Hôpitaux des maladies tropicales et Cho Rây, et du sous-comité de traitement du COVID-19 du ministère de la Santé, afin de suivre de près l’évolution du patient.
Ces discussions en ligne ont permis aux médecins de prendre de nombreuses décisions opportunes lorsque la santé du patient connaissait des mouvements anormaux. Par exemple, lors de l’utilisation de l’appareil d’ECMO (oxygénation par membrane extracorporelle), des complications concernant la coagulation sanguine sont survenues. Grâce à la consultation et à l’évaluation à temps des experts du groupe, il a été décidé de lui injecter un anticoagulant par intraveineuse. Cependant, ce médicament n’est pas disponible au Vietnam, il a dû être importé de l’étranger.
"Le ministère de la Santé a aidé à accélérer la procédure d’importation du médicament depuis l’Allemagne. Cependant, en raison de la pandémie, nous avons décidé, après discussion avec les experts, d’administrer temporairement des anticoagulants oraux en attendant la solution intraveineuse importée", informe le Docteur-médecin Nguyên Van Hào.
Mobiliser toutes les ressources
Pour suivre de près l’évolution du patient, des discussions en ligne ont été tenues avec la participation d’experts de premier rang. |
Photo : TT/CVN |
Porté par la volonté de sauver la vie du patient 91, le secteur médical du Vietnam a mobilisé toutes les ressources humaines et matérielles. Ainsi, la technique d’ECMO, jusqu’à présent inemployée à l’Hôpital des maladies tropicales de Hô Chi Minh-Ville, a été présentée au personnel hospitalier. Une salle à pression d’air négative a également été construite immédiatement et de nombreux médicaments ont été importés pour fournir le traitement adéquat.
Le docteur Nguyên Thanh Phong fait savoir que jusqu’à présent, la plupart des patients atteints de pneumonie sévère, qui avaient dû recourir à un respirateur artificiel pendant plus de deux semaines, étaient condamnés. C’est la première fois que les techniques les plus avancées dans le domaine de la réanimation d’urgence au Vietnam sont mises en œuvre en même temps, alors que de nombreux médicaments, nouveaux dans le pays, ont été administrés à ce patient. De plus, deux médecins et trois aides-soignants ont été de garde en permanence, à tour de rôle, de jour comme de nuit.
Aujourd’hui, l’état de santé du pilote britannique évolue de manière positive. Son rétablissement et notamment son sourire ont touché les cœurs des médecins et de tous les Vietnamiens. Il n’y a peut-être eu qu’un seul cas à avoir touché l’ensemble du pays et à avoir suscité tant de vœux de bonne santé. Après que l’hôpital ait informé d’une possible greffe pulmonaire, des dizaines de Vietnamiens n’ont pas hésité à s’enregistrer pour le don d’organes.
"Que le patient soit étranger ou Vietnamien, l’ensemble du personnel médical du Département est dévoué à son rétablissement, le serment d’Hyppocrate est véritablement mis en œuvre", dit avec émotion Huynh Thi Kim Huê, aide-soignante du Département des maladies contagieuses D de l’Hôpital des maladies tropicales de Hô Chi Minh-Ville.
Pour sa part, le Docteur-médecin Nguyên Van Hào, souligne : "Malgré un espoir qui ne tenait qu’à un fil, nous avons fait tout notre possible pour sauver le patient. Nos efforts n’étaient pas guidés par la gloire, mais simplement par notre cœur de médecin".
Remerciements
Le consul général du Royaume-Uni à Hô Chi Minh-Ville, Ian Gibbons, a adressé une lettre de remerciement aux médecins de l’hôpital Cho Rây et de l’Hôpital des maladies tropicales de Hô Chi Minh-Ville, saluant leurs efforts pour sauver le pilote britannique. "L’équipe médicale a travaillé sans relâche et fait de son mieux pour sortir le patient britannique de l’état gravissime dans lequel il était. Le pilote a reçu le meilleur traitement possible. Encore une fois, je tiens à exprimer mes remerciements sincères à toutes celles et ceux qui lui ont apporté leurs soins", peut-on lire dans sa lettre.