>>Chaleur record dans les océans, s'alarme l'ONU
>>Heure d'été: la fin du changement, ce n'est pas pour maintenant
Photo d'illustration d'un glacier dans le parc national de Kenai Fjords, en Alaska, prise en septembre 2015. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Les mois de février et mars ont tous deux été exceptionnellement doux. Et beaucoup d'endroits sont en passe de battre le record de chaleur pour mars", résume Rick Thoman, spécialiste du Centre d'évaluation et de politique du climat de l'Alaska.
Des villes comme Wainwright, Nuiqsut, Kaktovi et Barrow, situées dans le Nord de l'État américain, sur sa façade arctique, pourraient connaître ce week-end des températures supérieures de 14 à 22°C aux normales saisonnières. "À Barrow ce mois-ci, on a enregistré cinq jours différents de records de température", souligne le chercheur. Le jeudi 28 mars, le nouveau record a été de -1,1°C, pour une normale de -19,4°C, précise-t-il. Pour Rick Thoman, "maintenant on a un temps de mois d'avril ou mai dès le mois de mars".
Dans l'Arctique, le réchauffement est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, sous l'effet notamment du déclin de la glace de mer et de l'augmentation des températures de l'océan Arctique. L'Alaska n'échappe pas à ce phénomène qui a d'importantes répercussions sur les populations, la faune et l'économie, selon M. Thoman.
De nombreuses compétitions de chiens de traîneau ont ainsi été annulées cette année et la célèbre course d'Iditarod a dû changer son parcours, la glace habituelle ayant laissé place à la mer sur une portion du trajet. Certains pêcheurs ont également dû renoncer à la pêche au crabe, la glace étant absente ou trop fine. Cela risque aussi de perturber la reproduction des phoques, dont les femelles ont besoin de ce support solide pour mettre bas.
Ce réchauffement a en outre un impact considérable sur les déplacements car deux tiers des communautés d'Alaska ne sont pas desservies par des routes, relève Amy Holman, coordinatrice régionale de l'Agence atmosphérique américaine (NOAA). "L'hiver, les cours d'eau gelés se transforment en axes de transport majeurs pour relier les villages entre eux, à l'instar du fleuve Kuskokwim", explique-t-elle. Mais "les températures plus douces ont fait fondre la glace des rivières à tel point qu'il est devenu dangereux d'y circuler en camion ou en voiture".
En 2017-2018, il n'y a jamais eu aussi peu de glace hivernale dans la mer de Bering, entre la Russie et l'Alaska, depuis que les relevés ont débuté, en 1850. "Ma plus grande crainte, c'est la vitesse de ce changement. Les Alaskains sont résilients, notre culture autochtone est ici depuis 10.000 ans, mais jamais le changement n'a connu un tel rythme", s'inquiète Rick Thoman.