Carlos Ghosn dit avoir organisé "seul" sa fuite du Japon au Liban

Le magnat de l'automobile déchu, Carlos Ghosn, a affirmé jeudi 2 janvier avoir organisé "seul" sa fuite rocambolesque du Japon au Liban, où il jouit d'une liberté malgré une demande d'arrestation d'Interpol.

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Des journalistes attendent devant une maison présentée dans des documents juridiques comme appartenant à Carlos Ghosn, à Beyrouth, le 2 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'ex-patron de Renault-Nissan, âgé de 65 ans et détenteur des passeports libanais, français et brésilien, est poursuivi pour malversations financières au Japon et y était assigné à domicile dans des conditions très strictes.
Il est arrivé lundi 30 décembre au Liban dans des circonstances très floues.
Jeudi une perquisition a eu lieu à son domicile à Tokyo, alors que sept personnes, dont quatre pilotes, ont été interpellées en Turquie dans le cadre d'une enquête ouverte pour comprendre comment M. Ghosn a pu rallier le Liban en transitant par Istanbul.
Sortant de son mutisme pour la deuxième fois depuis son arrivée à Beyrouth, M. Ghosn a assuré que sa famille n'avait joué "aucun rôle" dans sa fuite.
"Les allégations dans les médias selon lesquelles mon épouse Carole et d'autres membres de ma famille auraient joué un rôle dans mon départ du Japon sont fausses et mensongères", a-t-il affirmé dans un court communiqué reçu par l'AFP.
"C'est moi seul qui ai organisé mon départ".
Si le lieu de résidence de M. Ghosn au Liban n'est pas connu, l'élégante villa rose qu'il occupe habituellement dans le quartier d'Achrafieh à Beyrouth a connu jeudi un va-et-vient inédit de visiteurs devant des journalistes aux aguets.
Une conférence de presse est prévue dans les jours à venir à Beyrouth, a confirmé à l'AFP son équipe de communication.
Jeudi 2 janvier, le parquet général libanais a reçu une "notice rouge" d'Interpol, a indiqué le ministre de la Justice Albert Sarhane, cité par l'agence nationale ANI. Ces avis de recherche internationaux sont lancés sur demande des pays membres.
M. Sarhane a rappelé l'absence d'un accord d'extradition avec le Japon.
Agents privés 

À Tokyo, après la perquisition au domicile de M. Ghosn, les officiers du bureau des procureurs vont exploiter toutes les données disponibles, dont les images de la caméra de surveillance placée à l'entrée du domicile et celles des caméras du quartier, selon des informations de presse.
Citant un ami de longue date, l'agence de presse Kyodo News a assuré que M. Ghosn avait pu s'enfuir en se cachant dans une caisse d'instrument de musique. L'opération a été menée par deux agents affiliés à des compagnies de sécurité privées, dont un ancien Marine américain, qui se sont fait passer pour des musiciens.
Une source dans l'entourage de M. Ghosn avait déjà démenti le recours à une caisse d'instrument.
Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP que M. Ghosn avait deux passeports français : un en possession de ses avocats dans un coffre alors qu'une autorisation exceptionnelle du tribunal lui permettait d'avoir sur lui le deuxième.
Ce second passeport était enfermé dans une sorte d'étui mais dont la clé (un code secret) était détenue par ses avocats.

À Paris, la secrétaire d’État à l’Économie Agnès Pannier-Runacher a assuré que M. Ghosn ne serait pas extradé s'il venait en France, car le pays n'extrade "jamais" ses ressortissants.
"Héros" 
Pour sa fuite, M. Ghosn est soupçonné d'avoir emprunté un jet privé parti de l'aéroport du Kansai (ouest du Japon) le 29 décembre au soir, ont indiqué les médias japonais. Puis, à Istanbul, il est monté à bord d'un autre appareil pour Beyrouth.
Au terme de 130 jours de détention, celui qui fût un jour considéré comme "le sauveur de Nissan", avait été libéré sous caution fin avril à Tokyo puis assigné à domicile.
Après son arrestation le 19 novembre 2018, ses avocats et sa famille ont vivement dénoncé la façon dont il était traité par la justice japonaise.
Au Liban, M. Ghosn est considéré par certains de ses compatriotes comme un pur exemple du génie entrepreneurial dont se targuent les Libanais.
Mais des avocats ont demandé jeudi 2 janvier au parquet général libanais d'entamer des poursuites contre M. Ghosn pour un déplacement en Israël, pays voisin avec qui le Liban est techniquement en état de guerre et où les ressortissants libanais n'ont pas le droit de se rendre.
Alors qu'il était encore président de Renault-Nissan, M. Ghosn s'était rendu en Israël en 2008 dans le cadre d'un partenariat pour le lancement d'une voiture électrique.
"Les pauvres sont poursuivis au Liban, tandis que ceux qui ont gagné des millions en faisant des investissements avec l'ennemi sont traités en héros", a indiqué à l'AFP un des avocats à l'origine de l'initiative, Hassan Bazzi.

AFP/VNA/CVN

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