>>Deux tiers des mutations responsables du cancer sont dues à la malchance
Préparation d'une chimiothérapie, dans un laboratoire de La Rochelle, le 17 mars. |
L'étude Moscato dirigée par l'Institut Gustave Roussy (Villejuif, près de Paris), parue dans la revue américaine Cancer Research, a porté sur les cancers les plus fréquents (poumon, sein, colon, prostate...) et plus d'une vingtaine moins fréquents.
"Cette approche fait pour la première fois la preuve de son efficacité" sur cette grande variété de cancers, selon le professeur Jean-Charles Soria (Gustave Roussy/Inserm/Université Paris-Sud), co-auteur de l'étude.
Cette "médecine de précision" est basée sur l'hypothèse qu'on peut optimiser le traitement en s'appuyant sur les caractéristiques génétiques (mutations ou autres altérations) de la tumeur pour mieux la combattre. Ces anomalies peuvent être décelées dans des cancers touchant différents organes.
Les analyses du matériel génétique (génome) de la tumeur permettent de repérer ses points de vulnérabilité (mutations ou autres altérations), contre lesquels on peut agir et proposer une thérapie ciblée, essentiellement des médicaments expérimentaux, explique-t-il.
L'étude s'est déroulée à Gustave Roussy entre novembre 2011 et mars 2016, en incluant 1.035 patients adultes atteints d'un cancer avancé, non opérable ou métastatique, dont la maladie continuait de progresser malgré les traitements.
Les chercheurs ont pu obtenir une biopsie de la tumeur chez 948 patients et ont pu établir la carte génétique tumorale pour 843 patients, ce qui représente l'analyse de milliers de gènes. Chez environ la moitié des patients, des mutations contre lesquelles il est possible d'agir ont été trouvées. "Au final, environ un quart des patients a pu recevoir une thérapie ciblée et chez un tiers d'entre eux, elle a augmenté la durée de vie sans progression de la maladie", selon le Pr Soria.
Le bénéfice clinique correspond à une survie sans progression de la maladie, sous thérapie ciblée, au moins 1,3 fois plus longue que celle observée avec le traitement précédent.
Dans l'ensemble, la médiane de survie globale était de près d'un an (moins pour la moitié des patients, plus pour les autres), contre une médiane de survie en général de 3 à 6 mois, relève le Pr Soria ajoutant que des patients de l'étude sont vivants 3 ans après le traitement.
Sur la base de cette étude, un nouvel essai Safir02, comparant le traitement standard au traitement ciblé guidé par la biologie, avec tirage au sort des patients a été lancé. L'essai, qui concerne le cancer du sein et le cancer du poumon devrait regrouper quelque 2.000 patients au total, ajoute le spécialiste. Les résultats sont attendus en 2020.
AFP/VNA/CVN