France
Cancer du sein : à Strasbourg, un bus pour parler prévention

"Une mammographie j'en ai fait une... il y a vingt ans !" Pour sensibiliser au cancer du sein, qui touche une femme sur huit, un bus vient à leur rencontre à Strasbourg, espérant lever tabous et appréhensions.

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Un "bus du sein", destiné à sensibiliser au cancer du sein et aux dépistages, stationné à Strasbourg, le 9 octobre 2024 dans le Bas-Rhin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Avec plus de 61.000 nouveaux cas chaque année en France, le cancer du sein reste le plus fréquent chez les femmes. Il est aussi le plus meurtrier, avec environ 12.000 décès par an.

Mais le détecter tôt permet de le soigner plus facilement. C'est le message du jour du "Spot santé", un bus itinérant lancé en septembre par la ville de Strasbourg pour améliorer l'accès à la santé.

En ce jour de marché, il s'est arrêté près du Musée d'art moderne, non loin d'un quartier prioritaire de la politique de la ville.

Une passante aux cheveux gris parsemés de mèches roses reconnaît que sa dernière mammographie remonte à plus de deux décennies.

"Pour le moment ça va", assure cette femme de 87 ans, avant d'admettre : "Je sais qu'il faut le faire... Bon je vais essayer. Il faut aller où?".

Si le "Spot santé" ne propose pas de dépistage sur place, il conseille et oriente.

À ses côtés, un "bus du sein" mis en place par la Fédération nationale des médecins radiologues présente un appareil de mammographie et explique le déroulement d'un examen.

Raisons multiples

Une radiologue (droite) explique à une femme comment se déroule une mammographie dans un "bus du sein" destiné à sensibiliser au cancer du sein, le 9 octobre 2024 à Strasbourg, dans le Bas-Rhin.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ce qui freine les gens, c'est la peur", estime Philippe Host, radiologue. Les patientes qu'il reçoit dans son cabinet ont "toujours un petit coup de stress". Mais "une mammographie dure trois-quatre minutes" rappelle-t-il.

"L'appareil fait peur en lui-même, le mot cancer fait peur...", témoigne Anne Holzmann, 50 ans et membre de l'association d'entraide "Patients en réseau". Elle-même frappée par un cancer du sein il y a deux ans, elle incite les passantes à se faire dépister car "plus tôt c'est pris en charge, plus la chance de rémission et de guérison est importante".

Quand il est détecté tôt, le cancer du sein guérit en effet dans neuf cas sur dix.

Les femmes entre 50 et 74 ans bénéficient d'un dépistage gratuit tous les deux ans. Mais une femme sur deux, dans cette tranche d'âge, ne fait pas de mammographie.

Crainte d'avoir mal, d'apprendre une mauvaise nouvelle, difficulté à obtenir un rendez-vous... les raisons sont multiples.

"Tout à l'heure j'ai vu une dame d'une cinquantaine d'années, elle a dit, +ah oui, je reçois la lettre, mais je ne vais pas faire le dépistage, je l'ai toujours déchirée ou jetée+", déplore Alpha Bah, 44 ans, responsable de l'ONG Ylla. Portant le nom de son épouse décédée du cancer du sein en 2017, l'association vise à sensibiliser la population, en particulier issue des minorités.

"Questions sans tabou"

"Le plus souvent, dans les communautés afros, parler du corps c'est un peu tabou, et les gens meurent de cette maladie en cachette", raconte M. Bah. En parlant de son histoire personnelle, il espère que les femmes "se réveillent et qu'elles aillent faire le dépistage".

Ce type d'action de prévention, "c'est une première marche dans un parcours de santé qui permet de s'informer, de poser des questions sans tabou, sans rendez-vous, et c'est gratuit", souligne la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian.

Outre le cancer du sein, le "Spot santé" aborde la santé mentale, le diabète ou encore le tabagisme, au fil de ses déplacements d'un quartier à l'autre.

"La désertification médicale ne concerne pas que les zones rurales, mais aussi, de plus en plus, le milieu urbain. Donc, c'est important que la santé aille à la rencontre de la population, plutôt que ce soit aux habitants de faire l'effort de trouver l'information, de trouver un professionnel de santé", souligne la maire.

Revenant du marché avec ses enfants, Jamila, 39 ans, y voit un intérêt : "On n'a pas forcément envie d'en parler avec notre médecin, on est un peu gênés, tandis qu'avec des inconnus c'est plus facile".

AFP/VNA/CVN

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