«Nous réfléchissons actuellement à mettre en place de nouveaux services» autour des campus numériques francophones (CNF) dans la région Vietnam, Laos et Cambodge, avec notamment des formations pour aider les étudiants de ces pays qui partent dans les universités de l’espace francophone à s’installer dans les pays d’accueil, informe fin mars dernier Olivier Garro, directeur régional du Bureau Asie-Pacifique de l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie), rencontré lors d’un voyage de presse organisé par l’Agence. Pour faciliter la mobilité, l’AUF proposera ainsi un accompagnement «autour de l’aspect culturel de l’arrivée dans le pays», par exemple prendre les transports, régler les modalités administratives, etc.
Un campus numérique francophone. |
Les campus numériques de l’AUF dans la région seront également utilisés pour mieux former les étudiants au français ou encore les préparer à un nouveau contexte d’étude : un étudiant habitué à apprendre par cœur comme c’est le cas en Asie du Sud-Est doit s’adapter à une autre méthode de travail lorsqu’il arrive dans un laboratoire «avec 200 personnes qui travaillent en autonomie». De nouvelles formations seront mises en place «dans les deux ans», les campus numériques devenant «des lieux d’accueil pour former aux métiers», ajoute Olivier Garro. Ce sont jusqu’à présent «des petits campus où les étudiants trouvent principalement de l’information scientifique et technique», la formation à distance ne figurant pas parmi les attentes exprimées.
Appui aux universités et bourses
(...) L’activité de l’AUF se concentre sur quatre grands domaines scientifiques, que sont la santé, les sciences pour l’ingénieur (informatique et génie civil, un peu de physique-chimie), les sciences humaines et sociales (économie, droit) et le français.
(...) L’AUF apporte un appui aux universités qui ont des filières de formation bilingue, jusqu’à la licence généralement, un appui à la formation troisième cycle avec des masters uniquement en français et des doctorats. Pour cela, l’AUF propose des bourses à raison d’une cinquantaine par an au niveau doctorat, une soixantaine pour des étudiants qui partent dans le monde suivre un master, et une centaine de bourses régionales pour que des Lao, Cambodgiens, Chinois, etc. s’inscrivent en master au Laos, Cambodge, Vietnam. L’AUF compte 40 filières et 23 masters francophones dans la région, avec environ 500 diplômés par an dans les filières bilingues francophones au niveau licence.
L’investissement de l’AUF dans la région représente une dépense de deux millions d’euros, une filière francophone nécessitant en moyenne un budget de 5.000 euros par an et environ 250 bourses sont financées par an pour environ 800.000 euros. Une bourse de master «international» pour des étudiants non ressortissants de la région s’élève à 8.000 à 9.000 euros par an, une bourse de master «régional» 3.000 euros par an et une bourse «doctorale» 10.000 euros par an.
«Nous créons des petites poches de francophonies dans différents domaines», et l’AUF œuvre à instaurer «des liens avec d’autres universités francophones», ajoute Stéphane Grivelet, directeur délégué à la politique scientifique au bureau Asie-Pacifique de l’agence. L’AUF vient ainsi de «signer la création d’une filière francophone en architecture avec l’université de Strasbourg, l’université de Laval et l’École supérieure de génie civil du Vietnam». Une coopération est lancée entre l’université Lyon-III et l’université de Yaoundé-II (Cameroun) autour d’un «master francophonie et mondialisation», avec l’Académie diplomatique du Vietnam à Hanoi. Autre projet en cours, un «master sur les énergies renouvelables» avec un appel à projet lancé vers les universités avec l’ENS Cachan, l’Institut polytechnique de Hanoi, l’Institut polytechnique du Cambodge.
Partenariats universitaires internationaux
«Nous essayons toujours d’introduire une partie multilatérale, en faisant en sorte que les projets soient régionaux avec plusieurs universités et que plusieurs pays y prennent part», reprend Olivier Garro. Il note une «croissance du nombre de projets». Stéphane Grivelet ajoute que «les jeunes professeurs francophones ont souvent été formés par l’AUF dans les années 1990». Dans cette région du monde qui couvre environ la moitié de la population mondiale avec l’Inde et la Chine, l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) dénombre 2,5 millions de francophones sur le Vietnam, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et la zone Pacifique, note Olivier Garro, soit «2% des francophones du monde».
Dès lors, quel intérêt à promouvoir le français ?, interroge Olivier Garro. «Ici, le monde se construit, les choses évoluent très vite, et nous avons tout intérêt à nous positionner en construisant une francophonie de qualité, en nous positionnant à un niveau d’influence». Ainsi, souligne-t-il, l’AUF est présente sur le Vietnam depuis 20 ans et «a contribué à former des milliers de personnes maintenant à des postes haut placés».
«Des établissements mettent en place des formation francophones car le français est reconnu comme une langue pour laquelle les formations sont de qualité, avec des partenaires comme les universités françaises qui sont reconnues de bon niveau», constate Olivier Garro. «Il y a aussi des raisons historiques, et des habitudes longues de coopération avec les universités françaises». Le français est ainsi considéré comme une langue des «élites», en particulier au Cambodge où les étudiants en médecine et fonctionnaires doivent la connaître.
(Source : Extrait de la dépêche N°164813 du 10 avril 2012 Cyril Duchamp https://www.aef.info)
AUF/CVN