Cafés-restaurants : les pourboires versés en carte bancaire seront défiscalisés

Les employés des cafés et restaurants verront bientôt leurs pourboires versés par carte bancaire intégrés à leur rémunération sans être fiscalisés, ce qui devrait contribuer à attirer des jeunes dans ce secteur, espère le patronat, sous pression pour améliorer l'attractivité de ces métiers.

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Dans un café de Belle-Île-en-Mer, le 19 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous avons décidé que les pourboires payés par carte bleue seraient sans charge pour les employeurs et sans impôts pour les salariés" avec une mise en œuvre "dans les prochains mois", a annoncé lundi 27 septembre Emmanuel Macron en visitant le Salon international de la restauration, de l'hôtellerie et de l'alimentation (SIRHA) qui s'ouvre à Lyon.

Cette mesure "ne coûte rien, car aujourd'hui ça ne marche pas", a-il ajouté, "parce qu'on l'a vu en sortie de crise, nos compatriotes utilisent de moins en moins de liquide".

Aujourd'hui les pourboires, même versés en liquide, doivent en principe être déclarés au fisc, a confirmé Bercy, mais "dans 99,9% des cas, ce n'est pas le cas", a estimé sur LCI le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.

Il observe qu'avec le recul du "cash", les clients laissent de moins en moins de pourboire - même si en pratique, rien n'empêche de rajouter aujourd'hui un montant à l'addition payée par carte, que le professionnel reversera ensuite en espèces à ses salariés.

Des applications de paiement comme myPOS ou Sunday permettent aussi de laisser un pourboire en réglant par carte. Le client opte pour un "pourcentage de sa note ou un montant personnalisé", précise le directeur France de myPOS, Florian Malvicino.

Le gouvernement espère que cette défiscalisation va "permettre d'attirer plus de jeunes et de moins jeunes pour leur dire : tu peux gagner plus que le salaire et le bonus que je te verse", a affirmé le chef de l'État, qui déplore régulièrement les emplois non pourvus dans ce secteur, un casse-tête pour les restaurateurs.

Alors que l'emploi fait partie, avec la lutte contre le COVID et un vaste plan d'investissements, des chantiers prioritaires annoncés par l'exécutif le 10 septembre, le patronat de l'hôtellerie-restauration qui peine à recruter -comme le bâtiment ou d'autres secteurs-, voit ainsi exaucée l'une de ses demandes et s'en est promptement félicité à sept mois de la présidentielle.

"C'est quelque chose que nous demandions depuis plusieurs années, beaucoup de pays le font. Cela va inciter les jeunes à venir dans nos métiers et inciter les clients à reconnaître la qualité du service", a déclaré Roland Héguy, président de l'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie restauration.

Argent "jusque-là invisible"

Sur la terrasse d'une brasserie à Paris, le 19 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais cela n'exempte pas le patronat d'une réflexion sur la façon de "revaloriser [ces] métiers, en améliorant les conditions de travail et les grilles de salaires", juge-t-il.

Selon M. Macron, 110.000 emplois sont à pourvoir dans la restauration, le patronat parlant même de "150 à 180.000 emplois", sans disposer d'estimation fiable.

"Le diagnostic de nos faiblesses est connu, c'est à nous d'y répondre", a conclu M. Heguy, alors qu'après des mois de fermeture des cafés et restaurants dus au confinement en 2020, certains salariés se sont détournés d'un secteur connu pour ses horaires à rallonge, sa pénibilité et ses faibles rémunérations.

Même satisfaction du côté du GNI, syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie restauration, dont le président Didier Chenet a salué une "excellente nouvelle".

Pour le restaurateur parisien Stéphane Manigold, à la tête du groupe Eclore, "trouver un logement quand on est salarié dans la restauration dans la capitale est un cauchemar : si vous avez 300 ou 400 euros de plus intégrés à votre rémunération, le banquier, le bailleur vont en tenir compte. Cela augmente la capacité d'endettement, et valorise cet argent jusque-là invisible".

Cette mesure pourrait "réduire [la] marge de négociation salariale dans la branche" actuellement en cours, déplore toutefois Nabil Azzouz, secrétaire fédéral FO-FGTA hôtel-cafés-restaurants.

"La Fédération CGT commerce et services ne demande pas la mendicité", critique également le syndicat dans un communiqué. Celui-ci s'étonne encore que l'on cherche à refiler "la patate chaude aux clients pour compenser les très faibles rémunérations des salariés".

La CGT reste notamment accrochée aux revendications suivantes : un salaire brut mensuel de 2.000 euros pour les minimas conventionnels, un 13e mois, des primes d'ancienneté et de coupure, la majoration des heures supplémentaires, de nuit et de week-end.


AFP/VNA/CVN

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