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Le négociateur européen pour le Brexit, Michel Barnier, à Bruxelles, le 12 juillet |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"L'heure tourne", a lancé M. Barnier lors d'une conférence de presse à Bruxelles, en réponse à des commentaires laconiques du ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.
Ce dernier a affirmé mardi devant le Parlement britannique que les responsables européens pouvaient "toujours courir" pour que Londres paye la facture du Brexit évaluée à plusieurs dizaines de milliards d'euros.
Mais pour M. Barnier, il s'agit d'une question de "confiance" entre les deux parties qui négocient.
"Cette question est majeure pour créer les bases dont nous avons besoin pour commencer la discussion sur la future relation" entre Bruxelles et le Royaume-Uni, a souligné le Français.
L'accord financier est l'un des trois points indissociables, avec le droit des citoyens expatriés et la frontière irlandaise, qui doivent être réglés avant de pouvoir discuter de la "future relation", a rappelé le négociateur en chef de l'UE.
Question de confiance
"Comment bâtissez-vous une relation sur le commerce, la sécurité, la défense, sur d'autres sujets, les universités par exemple, dans la durée, sur le long terme, avec un pays s'il n'y a pas de confiance ?", a demandé M. Barnier.
"La confiance passe par redonner de la sécurité aux 4,5 millions de citoyens britanniques et européens, elle passe aussi par solder les comptes", a-t-il plaidé, en reconnaissant que la question financière serait épineuse.
"Solder les comptes (...) ce n'est pas facile, ça coûte cher dans toute séparation. Nous ne demanderons pas au Royaume-Uni 1 euro, 1 +pound+ de plus que ses engagements" pris au cours de son adhésion à l'UE, a-t-il promis.
Mais Londres "doit reconnaître l'existence de ces obligations financières", a insisté M. Barnier. Alors seulement le travail sur l'établissement d'une "méthodologie" sur le mode de calcul pourra se faire.
"Je n'imagine pas qu'un très grand pays comme le Royaume-Uni (...), ne soit pas un pays responsable de ses engagements", a-t-il encore avancé.
Un responsable gouvernemental britannique a assuré, dans un court communiqué, que la position de Londres était "absolument claire", comme stipulée dans la lettre de notification de la décision de quitter l'UE au président du Conseil européen Donald Tusk le 29 mars.
"Nous avons dit qu'au moment de notre départ, l'époque des énormes sommes payées à l'UE sera révolue, mais (...) nous admettons le besoin de discuter comment déterminer un règlement équitable des droits et obligations du Royaume-Uni en tant qu’État membre sur le départ", a étayé cette source.
Alors que se profile lundi 10 juillet la deuxième session de négociations, M. Barnier a réclamé à Londres une "clarification" sur ses positions, sur le modèle du document produit par l'équipe britannique quant à la question du sort réservé aux expatriés.
"Sur chacun des sujets de la première phase, notre objectif est de nous assurer que nous travaillons sur les mêmes bases, avec des objectifs communs", a martelé Michel Barnier.
Euratom
Côté britannique, le vice-Premier ministre Damian Green a répété que le gouvernement continuait d'envisager l'absence d'un accord à l'issue des tractations. "Il est concevable qu'on nous propose un accord sanction, qui serait pire que pas d'accord", a déclaré M. Green lors de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement. "Nous voulons trouver un accord, nous voulons trouver un bon accord", a-t-il soutenu.
Outre les trois principes de base, la question de l'adhésion du Royaume-Uni à Euratom, la communauté européenne de l'énergie nucléaire, ainsi que celle des procédures judiciaires en cours à la date du retrait, seront aussi au programme des discussions lundi 10 juillet.
Le référent Brexit au sein du Parlement européen, l'eurodéputé belge Guy Verhofstadt, a assuré mercredi que le Royaume-Uni ne pouvait pas rester membre d'Euratom sans faire partie de l'UE, mais il a suggéré un "accord d'association" pour permettre la poursuite de la coopération en matière nucléaire.
À Londres, Le roi d'Espagne Felipe VI a appelé le Royaume-Uni et l'Espagne au dialogue sur Gibraltar afin de trouver un statut qui serait "acceptable pour tout le monde", une autre pomme de discorde, dans un discours devant le Parlement britannique.