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Accolade entre le patron du Fonds américain de GACP Joe DaGrosa (gauche) et son homologue du Groupe M6 Nicolas de Tavernost, le 11 octobre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
En place depuis 1999, M6 a donc cédé, lors d'une ultime réunion au siège du cabinet d'avocats parisien Winston et Straw, son joyau sextuple champion de France (dont deux titres sous son ère, plus 3 coupes de la Ligue et 1 coupe de France), devenu un fardeau déficitaire ces dernières saisons.
Le prix de la vente, 100 millions d'euros, est confirmé dans un communiqué de M6 concernant ses résultats financiers du troisième trimestre. La chaîne y indique que "l'opération améliore globalement la trésorerie du groupe de 84 millions d'euros, montant des encaissements à ce jour liés à l'opération, le solde de 16 millions d'euros étant différé en 2019 et 2020".
"Une page se tourne pour M6, une nouvelle s'ouvre pour le FCGB", a tweeté dans la foulée le président de son directoire, Nicolas De Tavernost. "Je souhaite beaucoup de succès à la nouvelle équipe dirigeante et remercie tous les Girondins pour ces 19 années. Nous avons vécu des moments d'émotion collective inoubliables et je resterai un fervent supporter des Girondins", a-t-il ajouté.
M. De Tavernost, en déplacement à l'étranger, était représenté lors du +closing+ (cession des titres), dernière étape administrative avant la vente effective, par Jérôme Lefébure, membre du directoire en charge de la finance, et Grégory Le Fouler, directeur administratif et financier adjoint.
Au Haillan mercredi, au Matmut jeudi
Face à eux, Joseph DaGrosa, le patron du fonds General American Capital Partners (GACP) était également présent. Muet à la sortie de cette rencontre qui s'est déroulée sans "aucun accroc" selon un des participants, l'homme d'affaires new-yorkais a évoqué en soirée "le début d'un nouveau chapitre pour les Girondins".
"Avec notre futur Président délégué Frédéric Longuépée, les joueurs, les supporters et la ville de Bordeaux, nous nous réjouissons de travailler avec ce grand club pour l'aider à réaliser son plein potentiel", a poursuivi dans un communiqué le nouvel homme fort des Girondins, âgé de 54 ans, qui a prévu d'injecter 80 millions d'euros lors des deux prochaines saisons.
La vente actée, DaGrosa s'est rendu à Bordeaux où il est attendu mercredi 7 novembre au Château du Haillan, siège social et centre d'entraînement des Girondins. Il y rencontrera les joueurs et doit s'entretenir de nouveau avec le personnel administratif.
Il donnera une conférence de presse jeudi 8 novembre à midi au Haillan en présence de Frédéric Longuépée, directeur marketing des Jeux olympiques de Paris 2024 pour encore quelques jours, et assistera en soirée au match de sa nouvelle équipe contre le Zenit Saint-Petersbourg en Ligue Europa au Matmut Atlantique.
Doutes sur la fiabilité
Les Girondins de Bordeaux lors d'un déplacement en Ligue 1 à Lyon, le 3 novembre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Ce dénouement met fin à un très long feuilleton débuté à l'automne 2017, qui s'est accéléré lors de l'ouverture de "discussions exclusives" entre les deux parties fin juillet et marqué par plusieurs rebondissements depuis.
Ce n'est pas la première fois qu'un fonds d'investissements américain prend possession d'un club de L1. Le Paris SG a passé cinq saisons (2006-2011) sous la houlette de Colony Capital, fonds basé en Californie, avant d'être vendu à QSI (Qatar Investment Authority).
Des doutes sur la fiabilité du business plan des Américains, sur l'origine de leurs fonds, ont été dénoncés par les Ultramarines, le principal groupe de supporters bordelais qui n'a jamais caché son inquiétude, voire son hostilité à ce rachat.
Cela a pollué le quotidien du club au scapulaire pendant des mois, notamment lors du mercato. En Gironde, personne n'a oublié la diatribe de l'entraîneur uruguayen Gustavo Poyet contre ses dirigeants lui valant licenciement, ni l'épisode Thierry Henry, choix de M6 pour le remplacer mais retoqué au final par GACP.
Le manque de précisions dans le projet américain, pointé par la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), a aussi alerté les élus de Bordeaux-Métropole qui devaient valider le 28 septembre les garanties liées au loyer du stade Matmut Atlantique (3,85 millions d'euros par an jusqu'en 2044).
Dans un souci de clarification, le maire de Bordeaux Alain Juppé avait reporté ce vote et demandé à M. DaGrosa de participer à un grand oral, parfaitement réussi le 11 octobre, veille du feu vert donné par les élus métropolitains
Une signature était prévue le 23 octobre. Patatras, c'est cette fois "un retard dans la mise à disposition des fonds" incombant à GACP, à son co-actionnaire majoritaire King Street (86,4%) et à son prêteur Fortress, qui a repoussé de deux nouvelles semaines la transaction tant attendue.