>>Le prochain Boeing illustrera une nouvelle façon de vendre les avions
Boeing, dont on voit ici un 787-10 Dreamliner au salon du Bourget en 2017, est optmiste malgré la guerre commerciale et les tensiosn géopolitiques. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Boeing table désormais sur des revenus 2018 compris entre 98 et 100 milliards de dollars. C'est un milliard de dollars de plus que la précédente prévision. Le bénéfice par action ajusté, référence des investisseurs nord-américains, est désormais attendu cette année dans une fourchette comprise entre 14,90 et 15,10 dollars, contre de 14,30 à 14,50 dollars annoncés auparavant. La marge dans l'aviation civile (BCA) va augmenter, s'inscrivant entre 12% et 12,5%, contre 11,5% précédemment. L'optimisme du constructeur aéronautique repose sur une hausse des dépenses militaires à travers le monde en raison d'une recrudescence des tensions géopolitiques.
"L'industrie de défense profite actuellement d'un contexte favorable", a souligné Dennis Muilenburg, le patron du groupe, lors d'une conférence téléphonique. "Le budget de la défense reste soutenu aux États-Unis, tandis qu'on observe un renforcement à l'international". Boeing a engrangé ces derniers mois des contrats militaires auprès du Pentagone. Associé au groupe suédois Saab, il a remporté l'appel d'offres portant sur le T-X, le futur avion de formation et d'entraînement de l'armée de l'air. Ce contrat, évalué à 9,2 milliards de dollars, prévoit la livraison de 351 avions et de 46 simulateurs à partir de 2022.
Boeing a également décroché le contrat du futur hélicoptère de combat MH-139, portant sur la livraison de 84 appareils pour un montant de 2,4 milliards de dollars. Outre les dépenses militaires, Boeing compte également sur une croissance rapide de la division services, Boeing Global services, après l'acquisition récente pour 4,25 milliards de dollars de l'équipementier aéronautique KLX. À Wall Street, le titre gagnait 2,73% vers 15h50 GMT.
Quid de la Chine et de l'Arabie saoudite?
Les annonces du constructeur aéronautique étaient un soulagement pour les investisseurs, inquiets des dégâts sur la croissance mondiale de la guerre commerciale lancée par le président Donald Trump contre les partenaires historiques des États-Unis. Les résultats trimestriels annoncés la veille par les multinationales Caterpillar et 3M avaient avivé ces craintes. Boeing pourrait en être une des grandes victimes parce qu'il assemble une grande partie de ses avions aux États-Unis, avec des pièces fournies par des équipementiers répartis à travers le globe. "Les tarifs (douaniers) vont les affecter à un moment donné", estime Jim Corridore, analyste chez CFRA.
Les milieux financiers redoutent également des annulations de commandes militaires de l'Arabie saoudite suite à la crise diplomatique causée par le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. "Dans le pire des scénarios, les contrats vont être reportés pour un habillage politique mais après, les choses vont revenir à la normale. Et même en cas de sanctions américaines drastiques contre l'Arabie saoudite, ce ne sera pas dramatique pour les bénéfices", avance encore M. Corridore. Lors du troisième trimestre écoulé, Boeing a enregistré une performance ayant agréablement surpris les marchés financiers, principalement grâce à des gains d'un montant de 412 millions de dollars liés à la résolution d'un litige fiscal remontant à 2013-2014 et à un taux d'imposition passé en un an de 29,9% à 21%.
Sa marge dans l'aviation civile a également nettement augmenté, de 9,8% à 13,2% principalement grâce au programme long-courrier 787. Au final, le bénéfice net trimestriel a bondi de 30,6% à 2,36 milliards de dollars, ce qui s'est traduit par un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 3,58 dollars contre 3,47 dollars attendus en moyenne par les analystes financiers. Boeing aurait pu gagner beaucoup plus s'il n'avait pas eu à inscrire dans ses comptes des charges d'un montant total de 867 millions de dollars, liées à l'avion ravitailleur KC-46 et aux investissements pour développer notamment le drone ravitailleur MQ-25 dont il vient de remporter le contrat auprès de la Marine américaine.
Le chiffre d'affaires de 25,1 milliards, en hausse de 3,8%, est également supérieur aux anticipations (23,9 milliards). Le groupe de Chicago, qui profite de la hausse du trafic aérien mondial, prévoit toujours de livrer entre 810 et 815 appareils civils cette année, ce qui démontre sa confiance en la capacité de sa chaîne d'approvisionnement de suivre le rythme de ses augmentations de cadence de production en dépit de problèmes récents rencontrés par certains fournisseurs. Il en avait livré 568 fin septembre, ce qui le place devant son grand rival Airbus, qui n'en a livré lui que 503.