>>Cai Mon ou l’âme de la floriculture du delta du Mékong
>>Voyager autrement au Parc national Xuân Thuy
Les produits mis en vente sont nombreux et variés. |
C’est un endroit très particulier de la capitale : il est en effet situé au bord du fleuve Rouge, en bordure du centre-ville, un lieu que l’urbanisation n’a pas encore envahi. On y trouve le marché de céramique de Tu Liên, que l’on appelle aussi le village de céramiques de Tu Liên parce qu’il est spécialisé dans le commerce de céramique.
Il y a seulement 20 ans, ce n’était qu’un endroit où des gens se regroupaient spontanément pour vendre des produits de divers villages réputés de céramiques du Nord : Phu Lang (Bac Ninh), Chu Dâu (Hai Duong), Bat Tràng (Hanoi), Dông Triêu (Quang Ninh), Huong Canh (Vinh Phuc)... Aujourd’hui, il est devenu l’un des grands centres de commerce de gros du pays, fournisseur des boutiques de Hanoi et des provinces avoisinantes.
À l’approche du Têt, le marché bat son plein dès l’aube avec une variété de marchandises de plus en plus grandes : vases, pots, objets de décoration, bols, céramiques d’art traditionnel ou associées à des rites, etc., à des prix allant de quelques milliers de dôngs à plusieurs millions.
«Avec l’arrivée du Têt, nos ventes augmentent. En dehors des commerçants, de nombreux particuliers aiment venir +chiner+ pour décorer leur maison pour le Nouvel An lunaire ou pour faire un cadeau à cette occasion. Et comme nous sommes à proximité de jardins de pêchers, de kumquats, de bonsaïs ou de fleurs, nous avons aussi leurs propriétaires qui ont besoins de pots et de vases», déclare avec un sourire la patronne d’un stand.
Les vendeurs sont accueillants. La plupart des clients sont des détaillants qui viennent s’approvisionner en gros. Toutefois, acheter une pièce ne pose aucune difficulté, le vendeur fouillant généralement son entrepôt pour trouver exactement ce que son client cherche...
Un «village de Vinh Phuc» au sein de la capitale
Ce «village» possède aujourd’hui plus de 100 foyers, dont la plupart sont originaires du district de Lâp Thach de la province de Vinh Phuc. Là-bas, les revenus tirés de la riziculture sont très modestes, et beaucoup viennent à Hanoi pour mieux gagner leur vie...
Une vendeuse charge sa moto. |
Auparavant, tous vivaient et commerçaient sur des bateaux. En effet, la particularité du lieu est d’être traversé par un petit bras du fleuve Rouge, en forme de boucle, qui délimite une sorte d’île au nord du pont Long Biên, et qui correspond au vestige de l’ancienne digue du fleuve. Mais depuis quelques années, ce petit bras s’est de plus en plus engorgé d’alluvions, mettant fin à toute possibilité de navigation en saison sèche. Aujourd’hui, peu de commerçant l’utilisent, et ceux qui vivent sur des bateaux ne sont plus nombreux. Même ces quelques familles se déplacent essentiellement sur terre aujourd’hui.
C’est ainsi que ce village est né, mais aussi pour d’autres raisons. «Depuis que nous avons un bébé, pour des raisons de sécurité, nous louons un terrain de plus 150 m2 pour habiter et faire commerce de céramiques. Chaque année, nous payons un loyer de 6 millions à notre propriétaire», explique une jeune femme.
Ses maisons, petites et meublées très simplement, sont apparues progressivement. Leurs cours sont consacrées à l’exposition des produits, beaucoup de leurs propriétaires menant leur commerce à domicile. D’autres sont des marchands ambulants dans la rue ou sur les marchés périodiques de Hanoi, utilisant leurs motos, ou même des vélos, pour transporter leurs marchandises.
«Tôt le matin, je pars dans les rues de la capitale, et l’après-midi, je le consacre à ma famille. Chaque jour, je gagne environ 200.000 dôngs. Exercer ce métier comme ça est assez pénible, car la céramique est lourde, encombrante et fragile», souligne une vendeuse en préparant ses marchandises pour le lendemain.
Bien que la vie dans ce village soit encore difficile, ses habitants y sont attachés. Ici, ils ont leurs clients fidèles. Un sentiment parfaitement reçu par les autorités locales qui leur accordent une priorité pour scolariser leurs enfants. Lors de ces plus de 20 années, plusieurs enfants sont nés et ont grandi en ce lieu singulier de la capitale : un coin sauvage en pleine ville. Et, bien sûr, ils poursuivent le métier de leurs parents, développant le marché.
Texte et photos : Hai Vu/CVN