France
Avec Omicron, la réa de Saint-Denis craint de manquer de bras

"1, 2, 3, on retourne" . Dans cette chambre de réanimation de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, sept soignants s'activent autour d'une patiente atteinte du COVID-19. Des personnels précieux dont le chef de service craint d'être privé à cause de la déferlante du variant Omicron.

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Des infirmières de la réanimation de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, le 29 décembre
Photo : AFP/VNA/CVN

La patiente, inconsciente, est entrée dans le service dimanche 26 décembre et est intubée depuis. Si son état s'est stabilisé, c'est la quatrième fois que sa position (de dorsale à ventrale et vice versa) est changée en quatre jours. "Ça reste un état grave", commente le chef de service Daniel Silva.

À 69 ans, cette femme, obèse et qui souffre d'hypertension et de diabète, est la doyenne des patients du service et, comme la majorité d'entre eux, n'a reçu aucune dose de vaccin. "90% de nos patients sont non-vaccinés", détaille le Dr Silva. "Et ceux qui sont vaccinés ont la particularité, du fait d'un traitement ou d'une maladie, d'avoir des facteurs d'immunosuppression", soit un système immunitaire particulièrement vulnérable, poursuit-il.

Sur les 18 lits du service, la moitié - et bientôt plus - est occupée par des malades du COVID-19. "La moyenne d'âge est de 49 ans", précise Daniel Silva, dont le patient le plus jeune a 34 ans. Le service, "saturé depuis début octobre", était monté à 32 lits au pic de la première vague de l'épidémie en 2020. Dans les couloirs flambant neuf se succèdent les chambres et, à travers les portes vitrées, les visages souvent intubés des patients.

Ces derniers jours, les chiffres de contamination au COVID-19 ont explosé en France pour atteindre des records. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé mercredi 29 décembre quelque 208.000 cas enregistrés en 24 heures, un "raz-de-marée" attisé par le variant Omicron.

Au-delà de la pression croissante exercée sur le service, qui ne peut plus prendre en charge les patients atteints de COVID-19 amenés par le Samu, la crainte porte aujourd'hui surtout sur un personnel épuisé par les vagues successives de la pandémie. Sur la centaine de soignants du service, deux sont en arrêt maladie.

"Héros, pestiférés puis oubliés"

"La particularité de cette cinquième vague, c'est que ce sont des équipes qui jettent aujourd'hui leurs dernières forces pour soigner pour l'essentiel des patients qu'on aurait pu ne pas avoir s'ils avaient été vaccinés", estime Yohann Mourier, directeur délégué du centre hospitalier de Saint-Denis. "Les soignants étaient les héros de la première vague, les pestiférés lors de la vaccination et maintenant un peu les oubliés", déplore-t-il.

Une infirmière de la réanimation de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, le 29 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le chef de service et le directeur délégué relatent les nombreux départs de soignants, dès la deuxième vague : recherche d'un poste loin de la pression francilienne ou virage professionnel à 180 degrés, citant des infirmiers devenus pâtissiers ou esthéticiennes.

"La crainte particulière, c'est qu'on n'ait pas suffisamment de personnel pour continuer à faire ce qu'on avait à peu près réussi à faire en 2021. C'est-à-dire prendre en charge à la fois les patients Covid et les patients non-COVID, notamment dans les situations les plus urgentes", regrette Yohann Mourier.

"Très marqué par la première vague", où sa "vie était ici", Franck Palmier, aide-soignant depuis 32 ans en réanimation à l'hôpital de Saint-Denis, a tenu face à tous les décès, notamment grâce à la solidarité entre collègues. Changer de métier ? "J'aurais pu, mais comme je suis à un an de la retraite...", confie le sexagénaire, surblouse et charlotte vertes, en sortant de la chambre d'un patient. Pour des soignants plus jeunes, la réalité a été violente.

En juillet 2019, en sortie d'école, Cécile Le Corvic avait "choisi la réanimation parce que c'est une prise en charge complète, avec un panel de pathologies immense, qui se répercute sur les soins et la technicité". "J'ai connu une réa sans Covid que quelques mois...", se désole cette infirmière de 25 ans.

Après presque deux années d'une pandémie qui "a été soudaine", la jeune femme a décidé de "quitter la réa". "Je pars en mars, je serai pendant un an en disponibilité", dit-elle, sans savoir dans quel service elle souhaite être réintégrée à son retour.


AFP/VNA/CVN

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