Aux États-Unis, les locataires défavorisés cibles des incendies mortels

Les deux incendies accidentels et spectaculaires qui ont tué des dizaines de personnes ces derniers jours à New York et à Philadelphie sont révélateurs du délabrement des logements sociaux et de la crise de l'hébergement dans les grandes villes américaines.

>>New York : au moins 19 morts dans un incendie

>>Treize morts, dont sept enfants, dans l'incendie d'un immeuble à Philadelphie

Des pompiers devant l'immeuble qui a pris feu dans le quarteir du Bronx à New York, le 10 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans le quartier populaire du Bronx à New York, dimanche 9 janvier, un feu provoqué par un radiateur électrique a tué 17 personnes, dont huit enfants, dans un immeuble en brique de type HLM.

Mercredi dernier 5 janvier, un terrible incendie dans une habitation à Philadelphie avait fait 12 morts, dont huit enfants.

Ces deux tragédies constituent les pires catastrophes à cause d'un feu que ces deux villes aient connues depuis des années. Leur emplacement - dans des appartements construits pour les ménages défavorisés - n'est pas une coïncidence, selon des défenseurs du droit au logement.

"Quand j'ai lu les infos, je me suis dit, vu le quartier et le type de bâtiment, ce sont des logements sociaux", remarque Jenna Collins, une avocate des services sociaux de Philadelphie, à propos de l'incendie de New York.

"J'étais encore moins surprise quand j'ai entendu qu'un chauffage d'appoint électrique était en cause", a-t-elle ajouté, expliquant que les appartements financés par l'État ne sont souvent pas suffisamment chauffés en hiver.

Pendant la pandémie, les prix de l'immobilier ont atteint des niveaux record. Cette hausse a éloigné encore un peu plus la perspective de s'acheter un logement pour de nombreux Américains.

Dans le même temps, la réserve de logements subventionnés pâtit, dans de nombreuses villes, des retards dans les travaux et entretiens, qui créent les conditions pour de tels désastres.

"Ce type d'habitation a été plus négligé que tout autre", souligne Lena Afridi, directrice par intérim du Pratt Center for Community Development à New York.

"Les gens vivent où ils peuvent, et dans les deux cas, ils se sont installés dans des lieux qui n'étaient pas sûrs parce que cela semblait préférable à dormir dans la rue. Mais cela ne devrait pas être la seule alternative."

Des années d'attente 

Aucun État ni ville américaine majeure ne disposait l'année dernière de suffisamment de logements disponibles pour les ménages ayant des moyens très réduits, d'après la National Low Income Housing Coalition, une ONG.

En centre-ville à New York et Philadelphie, il y avait moins d'habitations abordables que la moyenne nationale de 37 de ces logements pour 100 locataires défavorisés.

Cette pénurie conduit à des situations comme celle de Philadelphie, où l'habitation qui a brûlé abritait environ 26 personnes, 8 au rez-de-chaussée et 18 aux premier et deuxième étages, selon un pompier.

La façade noircie par les flammes de l'immeuble où a eu lieu un incendie qui a fait 13 morts, dont sept enfants, dans un quartier central de Philadelphie, le 5 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

La ville a assuré dans un communiqué que les détecteurs de fumée fonctionnaient lors de l'inspection au printemps l'année dernière. Mais ils n'ont pas marché au moment du feu.

"C'est parce que ce bâtiment était surpeuplé qu'autant de vies ont été perdues", insiste Jenna Collins.

À Philadelphie, la liste d'attente pour des logements sociaux est fermée depuis des années aux nouveaux candidats. Et certains qui ont réussi à s'inscrire attendent depuis des décennies.

Construire, mais aussi réparer 

À New York, l'immeuble de 19 étages qui a pris feu hébergeait de nombreux habitants qui dépendent des aides du gouvernement, selon les médias américains.

Lena Afridi pense que le manque de travaux de maintenance a contribué à la catastrophe, évoquant des témoignages de locataires qui utilisaient des radiateurs électriques mobiles et avaient pris l'habitude d'ignorer les alarmes à incendie à cause des nombreuses fausses alertes.

Le président des États-Unis, Joe Biden, entend investir des milliards d'USD dans les logements sociaux, via un vaste plan social et environnemental de 1.800 milliards d'USD. Mais le texte, baptisé "Build Back Better" (Reconstruire en mieux), est dans l'impasse au Congrès.

Ce n'est de toute façon qu'une partie de la solution, note Lena Afridi. "Il s'agit moins de construire que de nous assurer que les bâtiments existants soient sûrs", affirme-t-elle.


AFP/VNA/CVN

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