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>>Les chiffres du chômage aux États-Unis vont empirer avant de s'améliorer
>>Le coronavirus détruit des emplois aux États-Unis
Une manifestation d'employés de restaurants pour les salaires à Washington, le 26 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il est difficile pour de nombreuses entreprises d'embaucher de nouveaux travailleurs, en particulier des travailleurs à bas salaires horaires, des chauffeurs (...) et des commerciaux qualifiés", souligne la Banque centrale américaine dans son Livre beige, une étude réalisée auprès des entreprises entre la mi-avril et le 25 mai.
"Le manque de candidats à l'emploi a empêché certaines entreprises d'augmenter leur production", les contraignant même parfois "à réduire leurs heures d'ouverture", détaille la Fed.
Ce rapport est de mauvais augure à deux jours de la publication de celui sur l'emploi de mai. Les analystes attendent 720.000 créations d'emplois et une petite baisse du chômage à 5,9%, mais la forte déception du mois d'avril est encore dans toutes les têtes : 266.000 emplois seulement avaient été créés, contre un million attendu.
Hôtels, restaurants, salles de sport, parcs de loisirs, stades : la première économie du monde reprend vie, plus de la moitié des adultes américains étant désormais entièrement vaccinés.
Mais les entreprises ne parviennent pas à convaincre les travailleurs de revenir. Particulièrement dans les emplois les moins bien payés.
Horaires réduits
Ainsi, des restaurateurs de Saint Louis (Missouri, Centre) qui avaient organisé un salon de l'emploi pour recruter une centaine de personnes ont eu la mauvaise surprise de ne rencontrer qu'une douzaine de candidats.
Dans la région de Cleveland (Ohio, Nord), "des détaillants et restaurants ont indiqué qu'ils fonctionnaient avec des horaires réduits ou avaient des emplacements fermés parce qu'ils manquaient de personnel", souligne l'enquête de la Fed.
Un livreur Amazon, le 2 février à Hawthorne, en Californie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pourtant, 16 millions de personnes touchent toujours le chômage. Les craintes liées à la situation sanitaire persistent, et les écoles n'ont pas toutes rouvert à temps plein, posant des problèmes de garde.
Par ailleurs, les républicains pointent du doigt les généreuses allocations chômage versées face au COVID-19, qui, selon eux, n'incitent pas à retourner au travail.
Ces aides supplémentaires, accordées à des travailleurs qui n'y ont habituellement pas droit, comme les indépendants, et prolongées même pour ceux dont les droits ont expiré, seront supprimées dès juin ou juillet dans les États républicains.
Et les entreprises anticipent des difficultés persistantes dans les mois à venir.
Pour tenter de séduire les candidats à l'emploi et de conserver les employés, primes et salaires plus élevés ne suffisent pas. Les entreprises offrent aussi la possibilité de télétravailler, désormais très prisée, et même des horaires de travail réduits par rapport à la concurrence.
Prix en hausse
La situation de l'emploi s'est cependant améliorée, notamment dans la restauration, l'hôtellerie et la vente au détail, indique la Fed. Et signe d'un fort regain d'activité, la demande en services de transport est, sauf dans les ports, "exceptionnellement élevée".
La Chambre de commerce américaine s'inquiète elle aussi de ces difficultés et plaide auprès des responsables politiques pour aider les entreprises, demandant que des fonds soient alloués à la formation pour les secteurs qui recrutent, que les systèmes de garde d'enfants soient abordables financièrement et que les frontières s'ouvrent plus largement aux travailleurs immigrés.
D'autant plus que les entreprises font face à d'autres difficultés, à commencer par les obstacles à l'approvisionnement au niveau mondial et les pénuries, notamment de puces, qui empêchent des usines de tourner à plein régime et de répondre à la forte demande.
Et cela "intensifie la pression sur les coûts", avec des prix en hausse continue.
L'inflation aux États-Unis a accéléré en avril, à 3,6% sur un an, sa plus forte hausse depuis 2007, selon l'indice PCE publié vendredi 2 juin.
La Fed vise une inflation de 2% à long terme et pense, pour atteindre cette cible, qu'il faudra la dépasser pendant un moment, sans pour autant resserrer immédiatement sa politique monétaire ce qui risquerait de ralentir la reprise.
Malgré les inquiétudes des marchés, les responsables de l'institution monétaire anticipent majoritairement une inflation seulement temporaire, liée à des facteurs transitoires.