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Les fleurs demandent un entretien de tous les instants. |
Un après-midi d’hiver à Tây Tuu. Les rayons blafards du soleil s’attardent sur les pétales des roses, pensées, chrysanthèmes, œillets et autres gerberas… Urbanisation galopante, spéculation foncière… autant de facteurs qui expliquent que les villages floricoles de la capitale comme Ngoc Hà, Xuân Dinh ou encore Xuân La aient été en grande partie grignotés par des buildings et logements individuels. Parmi les rares rescapés : Tây Tuu.
M. Nhiêm, un ancien militaire, peut être considéré comme le précurseur de la floriculture à Tây Tuu. En 1995, il décide de convertir la rizière familiale en champ de fleurs. Un coup essai qui se transforme en coup de maître.
Des gerberas cultivés sous serre. |
D’autres familles lui emboîtent le pas. «Au début, seuls cinq familles vivaient de la culture des fleurs, sur environ un hectare. Aujourd’hui, c’est le gagne-pain de plus de 95% de ceux qui vivent ici».
Au total, plus de 300 ha - soit près de 85% des terres cultivables - sont alloués à la floriculture. Certains cultivateurs louent aussi des terrains dans les zones avoisinantes. Les roses et chrysanthèmes tiennent le haut du pavé, à égalité. Cependant, cette année, les roses ont conquis de nouvelles parcelles. «Un rosier vit de cinq à sept ans. En plus, on peut récolter des fleurs toute l’année. C’est pourquoi les gens de Tây Tuu se tournent de plus en plus vers cette plante, explique M. Hung, un villageois. Et le chrysanthème a pour point faible d’être souvent attaqué par les insectes, en plus d’avoir une durée de vie plus courte».
En outre, une petite superficie est réservée aux gerberas et aux lys. «Nous avons dû construire des serres, pour une facture d’environ 10 millions de dôngs pièce, ajoute M. Hung. Un investissement certes, mais rentable, car un gerbera se vend plus cher qu’une rose!».
Plus de 250 millions de tiges de fleurs par an
Les roses tiennent le haut du pavé à Tây Tuu. |
Afin d’aider les familles, les autorités du quartier de Tây Tuu ont coopéré avec le Centre de recherche sur les fleurs, plantes d’agrément et arbres fruitiers de Hanoï. Objectif : créer de nouvelles variétés. De plus, elles les ont assistées en mettant sur pied un réseau d’ouvrages hydrauliques et électriques en plein champ.
Tây Tuu produit plus de 250 millions de tiges de fleurs par an qui génèrent 180 millions de dôngs/ha/an. Son chiffre d’affaires atteint plus de 40 milliards de dôngs par an.
La floriculture comprend deux saisons (été/hiver), chacune durant environ quatre mois. Un travail à la fois méticuleux et très prenant.
En l’espace de dix ans, grâce à la restructuration de la production, la physionomie de Tây Tuu a radicalement changé. Les chemins vicinaux ont été bétonnés, et toutes les familles ont accès à l’eau courante et à l’électricité.
Les fleurs ne sont pas seulement destinées au marché de la capitale, loin de là. À l’occasion du Têt, une partie de la production s’envole pour Hô Chi Minh-Ville afin d’approvisionner les provinces du Sud.
Festivités de Tây Tuu
Auparavant, Tây Tuu était appelé village de Dam, et relevait du district de Hoài Duc, province de Hà Dông, aujourd’hui rattachée à la capitale. Il était surtout connu pour sa fête annuelle, organisée du 9e au 11e jour du 3e mois lunaire. Le point d’orgue des festivités était la course de pirogues sur la rivière Nhuê. Six embarcations au total - de 15 m de long chacune et capables d’emporter 18 rameurs - étaient chaque année en lice. En outre, Tây Tuu était réputé pour ses combats de coq et ses lutteurs.
Texte et photos : Hoàng Phuong/CVN