Au Texas, où les armes sont reines, peu de mobilisation après la fusillade

La fusillade dans un lycée de Floride en février avait déclenché une mobilisation sans précédent. Mais au Texas, où dix personnes ont péri vendredi 18 mai, presque personne ne remet en cause les armes à feu, solidement ancrées dans la culture locale.

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Des fleurs et un drapeau texan en hommage aux victimes, devant le lycée de Santa Fe le 19 mai.

À Santa Fe, petite communauté rurale du sud de l'État, la lycéenne Tori White estime que si l'assaillant "voulait tirer sur l'école, il l'aurait fait" même avec une législation plus ferme sur les armes aux États-Unis, où un tiers des enfants vivent dans un foyer possédant au moins une arme.

Le tireur, Dimitrios Pagourtzis, est l'un d'eux. À 17 ans, cet élève du lycée a pris deux armes à son père et fauché 20 personnes, dont 10 sont mortes, au début de la journée de cours vendredi 18 mai.

Après Parkland, les élèves de Marjory Stoneman Douglas en Floride avaient réagi tout autrement à la mort de 17 personnes dans leur lycée, entraînant plus d'un million de personnes dans les rues, en majorité des jeunes, pour la "March for Our Lives" (Marchons pour nos vies).

Une telle mobilisation -qui n'a cependant pas poussé les responsables politiques à changer les choses- "ne se produira pas ici", a assuré samedi 19 mai Jordan Flores, ancien élève du lycée de Santa Fe. Avec deux amis, il est venu apporter des donuts aux policiers postés devant les grilles du lycée, dont il est sorti diplômé en 2015.

La culture des armes est forte dans ce coin du Texas, assure-t-il. Il en veut pour preuve sa réaction lorsqu'il a entendu des informations selon lesquelles le lycée avait été placé sous confinement un peu plus tôt cette année. Il s'était alors précipité sur place, avec des amis, armés jusqu'aux dents.

La lycéenne Tori White s'exprime devant des journalistes le 19 mai à Santa Fe (Texas).

"Des porte-fusils dans nos pick-up"

Il y a seulement six mois le Texas était endeuillé par une autre fusillade, dans une église de Sutherland Springs, où 25 personnes, dont une femme enceinte, ont été abattus en plein culte. Et avant cela, il y avait eu la base militaire de Fort Hood (13 morts, en 2009) ou encore le restaurant de Killeen (22 morts, en 1991).

Mais à Santa Fe, c'est la théorie perpétuée par le puissant lobby pro-armes NRA qui prévaut: des citoyens armés et bien intentionnés sont souvent la meilleure parade face à un assaillant.

D'ailleurs, arguent certains, c'est bien ainsi que la tuerie de Sutherland Springs avait pris fin. Le tireur était mort, touché de plusieurs balles à l'issue d'une course poursuite avec deux civils qui l'avaient pris en chasse.

Plutôt que d'envisager de limiter l'accès aux armes à feu, les autorités devraient se pencher sur des pistes concernant les maladies mentales ou le port d'armes par le personnel scolaire, suggèrent des habitants.

Un père d'élève explique que les armes ont toujours fait partie de son quotidien, d'aussi longtemps qu'il se souvienne.

"Quand on était lycéens, on avait des porte-fusils accrochés dans nos pick-up. Mes amis allaient chasser dans ces bois, avant les cours", raconte-t-il sous couvert d'anonymat. "C'est pas la faute des armes."

Pourtant quelques voix s'élèvent dans ses terres conservatrices. Sandy et Lonnie Phillips, des parents dont la fille a été tuée lors du massacre dans un cinéma d'Aurora (Colorado) en 2012, étaient présents devant le lycée de Santa Fe samedi 19 mai.

Après le décès de Jessie il y a près de six ans, ils ont décidé de parcourir les États-Unis en camping-car, conseillant élèves et parents victimes de tragédies. Ils se sont déjà rendus sur les lieux de neuf fusillades.


AFP/VNA/CVN

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