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Le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim (1er à gauche) et le président français Emmanuel Macron écoutent le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, lors d'une conférence sur le climat, le 12 décembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"On est en train de perdre la bataille", a déclaré le président français Emmanuel Macron devant une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement réunis à l'occasion du deuxième anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat.
"Le défi de notre génération est d'agir, agir plus vite et gagner cette bataille contre le temps, cette bataille contre la fatalité, pour mettre en oeuvre des actions concrètes qui vont changer nos pays, nos sociétés, nos économies", a ajouté le chef de l'État français, qui avait décidé d'organiser ce "One Planet Summit" après l'annonce par Donald Trump du retrait américain du pacte historique contre le réchauffement.
Cet accord de 2015 vise à contenir la hausse moyenne de la température sous le seuil critique de 2°C. Mais les engagements pris par les États mettent la planète sur une trajectoire de +3°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Et réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre les objectifs demandera des investissements massifs et des changements majeurs.
En réponse aux appels à se désengager des énergies fossiles, la Banque mondiale a annoncé qu'elle arrêterait de financer après 2019 l'exploration et l'exploitation de pétrole et de gaz, sauf "circonstances exceptionnelles".
"Montrer l'exemple"
"Il était temps pour nous de montrer l'exemple", a commenté le président de l'organisation Jim Yong Kim.
Frank Bainirama, s'exprime au "One planet summit" sur le climat, le 12 décembre à Paris. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Si de plus en plus d'acteurs financiers affichent leur volonté de se désengager du charbon, énergie la plus polluante, la Banque mondiale est la première banque multilatérale à prendre un tel engagement dans ce secteur, qui représentait 5% des fonds qu'elle avait accordés en 2016. C'est "un vote de défiance accablant pour l'avenir de l'industrie des combustibles fossiles", a salué Gyorgy Dallos, de Greenpeace International.
Soutenir les énergies fossiles, c'est "investir dans notre perte", a également souligné le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Le sommet a été l'occasion d'engagements de la part d'autres acteurs privés et publics. L'assureur français Axa a annoncé un désengagement accéléré de l'industrie du charbon. Un groupement de plus de 200 grands investisseurs a décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre, pour qu'elles adaptent leur modèle à la lutte contre le réchauffement.
Le président français Emmanuel Macron et la Première ministre bangladaise |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des annonces accueillies plutôt favorablement par les militants. Ce sommet "est un signe que le monde commence à prendre au sérieux les engagements de l'accord de Paris", a commenté l'ONG Christian Aid. Il a "montré que nous sommes dans une nouvelle phase de l'action climatique internationale", a ajouté Christoph Bals, de Germanwatch.
Un "One Planet Summit" chaque année ?
D'autres ont toutefois déploré un manque d'engagements financiers directs des Etats, alors que les pays du Nord ont promis de porter à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 leurs financements climat aux pays du Sud pour les aider à s'adapter aux impacts des dérèglements (digues, surélévation des habitats, systèmes d'alerte météo etc.).
Sven Harmeling, de Care International, a ainsi regretté que les gouvernements n'aient annoncé ni la fin des financements des énergies fossiles "avec l'argent des contribuables" ni "une hausse massive de leur aide à l'adaptation des populations les plus vulnérables".
Pays qui ont signé, ratifié ou qui sont hors de l'accord de Paris pour le climat, en fonction de leur poids dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le président américain, qui n'était pas convié, a lui été la cible de critiques, l'ancien secrétaire d'État américain John Kerry qualifiant notamment le retrait américain de "honte" et de "décision auto-destructrice prise dans un but politique".
Parmi les présents sur l'île Seguin, à l'ouest de Paris, le Mexicain Enrique Pena Nieto, la Britannique Theresa May, l'Espagnol Mariano Rajoy, des présidents africains et de petites îles. La Chine, l'Inde ou le Canada, grands émetteurs de gaz à effet de serre, n'étaient représentés qu'au niveau ministériel.
Côté américain, l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, le gouverneur de Californie, Jerry Brown, son prédécesseur Arnold Schwarzenegger ou encore le milliardaire Bill Gates.
Clôturant les débats, Emmanuel Macron, jugeant que le sommet avait permis de commencer à "rattraper un peu de terrain dans ce champ de bataille", a annoncé la création d'une plateforme en ligne "One Planet" qui regroupera toutes les initiatives. Et souhaité que cet événement se répète "chaque année" sous ce format à Paris ou ailleurs.