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De gauche à droite: Elis Gardiole, Mehdi Dahmane, Inas Chanti, Antoine Desrosieres, Souad Arsane et Sidi Mejai arrivent pour la projection de leur film "À Genoux les Gars" (Sextape), le 10 mai à Cannes. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Le premier se déroule à Strasbourg et suit deux sœurs, qui n'ont pas la langue dans leur poche, confrontées à un chantage sexuel (la fameuse "sextape" du titre en anglais). Le second suit Zachary, 17 ans, amoureux de Shéhérazade, une prostituée de son âge dans un milieu où les élans du cœur n'ont pas droit de cité. Dans les deux cas, des moins de 25 ans et une énergie folle, passant par "la tchatche" et faisant lointainement penser à L'Esquive de Kechiche (2004).
"Lors de castings, j'ai remarqué qu'on nous demandait de parler comme des darons (des adultes, ndlr)... Mais les jeunes ne parlent pas comme ça! Entre amis, on parle encore pire que dans le film", s'exclame Souad Arsane, l'interprète de Yasmina dans À genoux les gars (Un Certain Regard). "Pour moi, leur langue est aussi belle qu'en d'autres temps, celle de Pagnol ou de Guitry. C'est une langue vivante", estime Antoine Desrosières.
Iconoclaste, sa comédie sur les expériences sexuelles a été co-écrite avec ses actrices et acteurs pour parvenir à une liberté de ton rarement entendue. "Mon casting était un casting d'acteurs mais aussi de co-scénaristes, je les ai choisis pour leur imagination, leur humour, leur regard. (En répétitions) on note le meilleur de leurs trouvailles, ce qui nous a fait rire, qui était percutant", explique le réalisateur. Quatre mois de répétition furent nécessaires pour 18 jours de tournage.
"Sonner juste"
Même recherche d'authenticité dans Shéhérazade, premier long-métrage de Jean-Bernard Marlin (Semaine de la Critique), avec des acteurs non-professionnels. "J'avais besoin d'acteurs qui soient presque des personnages de mes films". Huit mois de "castings sauvages" à Marseille lui ont permis de trouver Dylan Robert, le rôle principal aux côtés de Kenza Fortas. Il venait tout juste de sortir de prison.
Travailler le jeu et les émotions a nécessité deux mois supplémentaires de travail. "Il m'a demandé de suivre toutes mes impulsions", se remémore Dylan Robert. Là encore, la langue tient un rôle central dans cette histoire d'amour sur fond de délinquance, certains dialogues étant difficiles à comprendre pour les oreilles non exercées au "parlé" marseillais. L'idée était de "sonner juste quitte à ce que le spectateur ne comprenne pas tout", confirme le réalisateur.
"Le côté jeune de quartier, ce n'est pas l'essentiel du film. Ce qu'il raconte est plus universel", insiste de son côté le réalisateur de À genoux les gars, une affirmation valable pour les deux films. Pile dans l'air du temps, son film parle de consentement, un sujet très débattu depuis l'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo. Tout en montrant "comment une jeune femme se réapproprie sa sexualité".
Des sujets au plus près des préoccupations de la jeunesse, ce qui rend incompréhensible, à ses yeux, l'interdiction du film aux moins de 16 ans. Une interdiction (dont il a fait appel) due, selon lui, au fait d'avoir "fait une comédie sur des abus sexuels". Or, loin de risquer d'alimenter la "confusion" entre "ce qui est grave et ce qui n'est pas grave", son film, affirme-t-il, a "précisément pour objet de travailler sur toutes ces zones grises entre consentement et non consentement..."
Dans Shéhérazade, c'est un autre tabou qui est levé: celui de l'amour dans les quartiers. "Chez nous, l'amour c'est la haine, on s'aime avec la haine. C'est pour cela que c'est difficile de dire +je t'aime+", dit Kenza Fortas.