>>Areva annonce vouloir réduire de l'ordre de 15% ses frais de personnel en France
Pour sortir Areva de l'ornière financière, l'État a consenti au groupe un prêt d'actionnaire de 3,3 milliards d'euros, approuvé par la Commission européenne. |
En grande difficulté, Areva, détenu à plus de 86% par l'État français, s'est engagé dans un plan de sauvetage incluant cette recapitalisation mais aussi la cession de son activité réacteurs (Areva NP) à EDF, pour se recentrer sur le cycle du combustible en créant une nouvelle entité, baptisée Newco.
La recapitalisation comprend deux augmentations de capital : l'une de 2 milliards d'euros destinée à Areva SA, holding de tête du futur groupe et qui regroupera les actifs à risque et ceux destinés à être cédés, et l'autre de 3 milliards d'euros destinée à Newco.
Le conseil d'administration réuni mercredi 11 janvier a fixé le prix des actions nouvelles d'Areva SA à 4,5 euros par action, a annoncé le groupe dans un communiqué. L'augmentation de capital d'Areva SA sera "réservée à l'État français".
Au total, l'État Français doit contribuer à hauteur de 4,5 milliards d'euros (2 milliards pour Areva SA et 2,5 milliards pour Newco).
Des investisseurs tiers - les deux groupes japonais MHI et JNFL selon une source proche du dossier - se sont engagés à apporter les 500 millions d'euros restant en échange de 10% du capital de Newco.
Un milliard d'euros de trésorerie
Deux assemblées générales des actionnaires d'Areva SA et de Newco se tiendront le 3 février pour valider cette opération.
Mais l'opération ne pourra pas avoir lieu dès février comme l'espérait Areva, car si Bruxelles a donné mardi 10 janvier son feu vert à cette restructuration, elle l'a assorti de deux conditions : l'autorisation par la Commission européenne du rachat d'Areva NP par EDF et la conclusion positive des analyses des anomalies observées sur la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche).
Par ailleurs Areva a dû s'engager à se retirer totalement d'Areva NP "d'ici la fin 2019, précise le groupe, alors qu'il devait initialement en conserver 15%.
"Les augmentations de capital elles-mêmes, le versement des fonds, seront possibles dès la levée des conditions préalables", a reconnu le directeur général d'Areva, Philippe Knoche, lors d'une conférence téléphonique.
Le 10 janvier, le secrétaire d'État à l'Industrie, Christophe Sirugue, s'est dit confiant dans le fait que la cession de la division réacteurs sera réalisée "dès le mois d'avril".
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a, elle, prévu de rendre son avis sur la cuve de l'EPR vers la fin du premier semestre.
En attendant, alors qu'Areva fait face à plusieurs échéances sur le remboursement de ses dettes cette année, l'État accordera un prêt d'actionnaire de 3,3 milliards d'euros, sous la forme "d'avances en comptes courant d'actionnaire" et "à valoir sur la part des augmentations de capital", détaille le groupe.
Ainsi, "la liquidité d'Areva SA et de Newco" sera "assurée", ajoute-t-il.
Au 5 janvier, la trésorerie du groupe s'élève à un milliard d'euros, a précisé M. Knoche.
Porte de sortie pour les actionnaires minoritaires
L'ensemble de l'opération, complexe, a aussi un impératif : assurer que l'État garde le contrôle d'Areva (Areva SA et Newco), maillon majeur de la filière nucléaire française.
Pour cela, l'État "a l'intention (...) de déposer un projet d'offre publique de retrait" pour racheter aux autres actionnaires leurs titres Areva SA, qui pourrait "le cas échéant" être suivie d'un retrait obligatoire, a précisé Bercy dans un communiqué distinct.
Elle se ferait au même prix de 4,5 euros par action. Parmi les actionnaires minoritaires d'Areva, on compte notamment le fonds souverain du Koweït (KIA), EDF ou Total, qui auraient ainsi "la possibilité de sortir" du groupe nucléaire, selon M. Knoche.
Par ailleurs, des discussions sont "toujours en cours" avec d'autres investisseurs potentiels dans Newco, a-t-il ajouté.
Areva a demandé la désignation d'un mandataire ad hoc pour accompagner le groupe.
Ce mandataire devra "apporter son conseil", dans le cadre de "décisions qui sont lourdes de conséquences (...) au plan juridique et financier", a précisé M. Knoche.