Après l'automobile, une deuxième vie pour les batteries

Groupe électrogène, propulsion de bateaux, stockage d'électricité... À l'heure où les véhicules électriques se multiplient sur les routes, les constructeurs automobiles réfléchissent déjà à une seconde vie pour les batteries, afin de réduire leur empreinte carbone.

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Dans une usine de batterie automobile en Chine.
Photo : Getty Image/CVN

Depuis quelques années, les ventes de véhicules électriques ont pris leur envol dans le monde. La durée de vie des batteries pour un usage automobile est estimée à une dizaine d'années et environ quatre millions de voitures électriques devraient être retirées du marché en 2030, selon une étude du Boston Consulting Group.

Les batteries restent bonnes pour d'autres usages, avec encore 70 à 80% de leur capacité disponible. Mais lesquels ?

Elles peuvent permettre de réguler le réseau électrique, à l'heure où se développent le solaire et l'éolien, des sources d'énergie renouvelables mais intermittentes.

Depuis 2018, le constructeur allemand BMW exploite des batteries récupérées sur ses vieilles i3 électriques qui ont roulé dès 2012, pour stocker à Leipzig (est de l'Allemagne) l'énergie produite par quatre éoliennes puis l'injecter dans le réseau public d'électricité.

"Le but est de maintenir la stabilité sur le réseau public" et de répondre aux pics de consommation d'électricité, explique à l'AFP Holger Reiche, gestionnaire de cette installation.

Idem chez Renault, qui a sur ses sites de Douai (nord de la France) et de Flins, près de Paris, "des fermes de batteries qui vont assurer ce fonctionnement", indique à l'AFP, Jean-Denis Curt, expert économie circulaire chez le constructeur automobile français.

Autre possibilité : Audi, filiale du premier constructeur européen Volkswagen, utilise des batteries lithium-ion usagées dans ses stations de recharge rapide alimentées par panneaux solaires.

Volkswagen s'est même lancé sur le marché de l'électricité dans le cadre d'un projet pilote. "Il est important d'acquérir de l'expérience dans la gestion des stockages stationnaires avec des batteries", avec à terme "l'objectif clair de développer une activité significative et rentable", explique une porte-parole du groupe.

Recyclage

Le stockage d'énergie par des batteries usagées peut être utilisé à plus petite échelle, pour remplacer un groupe électrogène diesel ou essence. Renault fournit des batteries usagées à la start-up allemande Betteries qui les transforme en "un système de stockage mobile, sur un chariot à roulettes", pouvant servir sur des chantiers ou encore des festivals, décrit Jean-Denis Curt.

Dans un autre secteur, les batteries usagées peuvent servir à l'électrification de péniches ou de bateaux touristiques comme les bateaux-mouches à Paris, poursuit-il.

Toutes les batteries de véhicules électriques sont-elles promises à une seconde jeunesse ?

"Ce n'est pas gagné d'avance, il y a des défis techniques et économiques à relever", nuance Damien Pierre Sainflou, en charge de ces questions chez le constructeur français Stellantis.

Production des voitures allemandes Volkswagen.
Photo : AFP/VNA/CVN

À Rennes (Ouest de la France), une vingtaine de batteries sont dépiautées dans l'usine Stellantis, dans le cadre d'un projet pilote. Il s'agit d'apprendre à en récupérer les éléments en toute sécurité et à établir un diagnostic de la batterie avant sa réutilisation.

Résoudre les questions techniques n'est pas tout. Pour les groupes qui se lancent dans la réutilisation de batteries, il faut qu'elle soit rentable. Or, à terme, "on aura de nouvelles technologies de batteries neuves permettant de faire du stockage pour l'éolien et le solaire peut-être moins cher qu'en utilisant d'anciennes batteries de voitures", relève Matthieu Noël, du cabinet de conseil Roland Berger.

Autre concurrence possible, le recyclage. "Plus la régulation va être exigeante sur la part de matériaux recyclés devant être utilisés dans les batteries neuves, plus il y aura un besoin rapide de ces matériaux recyclés", ce qui pourrait conduire à se passer d'une deuxième utilisation des batteries, indique Eric Kirstetter, de Roland Berger.

Mais pour Holger Reiche de BMW, "la deuxième vie est absolument plus rentable, car une batterie dure 10 ans dans une voiture, puis encore 10 ans en stockage stationnaire, et peut ensuite enfin être recyclée, cela rallonge sa durée d'utilisation".

"Est-ce que la seconde vie aura une place ? Je pense que oui car les besoins seront énormes et l'intérêt n'est pas que économique, mais aussi écologique", abonde Sophie Molina de la société Entech, qui collabore avec Stellantis.

AFP/VNA/CVN

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