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Une unité de traitement d'Ébola lors d'un entraînement à l'hôpital de Bwera, dans l'Ouest de l'Ouganda, le 12 décembre 2018. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Nous avons trois cas d'Ébola confirmés", a déclaré Ruth Aceng, ministre de la Santé d'Ouganda, pays en état d'alerte depuis le début de l'épidémie il y a dix mois dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi 12 juin la tenue d'une réunion de son comité d'urgence le 14 juin, afin de "déterminer si l'épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale" et de formuler des recommandations pour gérer l'épidémie.
Plus de 2.000 cas ont été enregistrés en RDC, dont les deux tiers ont débouché sur la mort du malade. Jusqu'à présent, l'OMS n'a pas déclenché de procédure d'urgence, en partie parce que l'épidémie était restée confinée à la RDC. Mais le ministère ougandais de la Santé a confirmé mercredi 12 juin qu'un garçon de cinq ans atteint d'Ébola était décédé du virus, et que sa grand-mère (50 ans) et son petit frère (3 ans), sont également contaminés. Ils ont été placés en quarantaine, tout comme les autres membres de la famille ayant voyagé avec eux en RDC.
Selon une source au sein du ministère, le garçonnet est mort dans l'unité de "mise en quarantaine" d'un hôpital du district de Kasese (Ouest), frontalier de la RDC. Le ministère de la Santé avait indiqué mardi que la famille de l'enfant avait quitté le district de Kasese pour se rendre en RDC au chevet de son grand-père maternel, atteint d'Ébola et qui est finalement décédé fin mai.
Frontière poreuse
Le garçon, de mère congolaise et de père ougandais, avait été emmené à l'hôpital de Kagando (district de Kasese) à son retour de RDC car il avait commencé "à se sentir mal" une fois la frontière passée. Ses symptômes incluaient le mal de tête, des diarrhées sanglantes, des douleurs abdominales et des vomissements de sang. Le garçon a été enterré mercredi après-midi 12 juin.
En raison de ses contacts avec un patient mort d'Ébola, et indépendamment d'éventuels symptômes, cette famille avait déjà été placée "en isolation" en RDC, mais "durant l'isolation certains membres de la famille ont traversé en Ouganda", a assuré à l'AFP le ministre congolais de la Santé Oly Ilunga Kalenga. "Dès qu'ils ont traversé, nous avons contacté les autorités ougandaises".
Les autorités ougandaises ont par ailleurs identifié huit personnes ayant été en contact avec cette famille, selon la ministre congolaise. "Les autorités vont vacciner ces huit contacts, et les contacts des contacts, ainsi que s'assurer que tous les professionnels de la santé dans le district sont vaccinés".
L'être humain s'infecte par contact soit avec des animaux infectés (en général en les dépeçant, en les cuisant ou en les mangeant), soit avec des liquides biologiques de personnes infectées.
Une équipe de spécialistes a été envoyée dans la ville de Kasese pour essayer de retrouver d'autres cas probables et de vacciner ceux qui auraient pu entrer en contact avec l'enfant, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Et une "Task Force" sur Ébola s'est réunie mercredi 12 juin dans le district de Kasese. Les autorités font face au défi d'une frontière poreuse entre l'Ouganda et la RDC, traversée par de très nombreuses personnes venues faire du commerce ou chercher des soins médicaux.
Vaccin expérimental
L'ambassade américaine a exprimé son soutien aux autorités ougandaises ainsi que sa "confiance" quant à leur capacité à répondre à l'arrivée d'Ébola dans le pays.
Selon l'OMS, l'Ouganda a vacciné près de 4.700 membres du personnel de santé avec un vaccin expérimental. Le pays a déjà connu des épidémies d'Ébola. La plus récente remonte à 2012. Deux cents personnes avaient trouvé la mort en 2000 au cours d'une épidémie dans le nord du pays.
L'arrivée d'Ébola "est un développement préoccupant, mais cela fait des mois que nous nous y préparons", a souligné Robert Kwesiga, le secrétaire général de la Croix-Rouge ougandaise.
En RDC, l'épidémie actuelle est la dixième depuis 1976 et la deuxième la plus grave dans l'histoire de la maladie, après les quelque 11.000 morts en Afrique de l'Ouest (Liberia, Guinée, Sierra Leone) en 2014.
Le pays échoué jusqu'à présent à enrayer l'épidémie, notamment en raison des attaques des milices ou de l'hostilité de la population vis-à-vis des centres de soin.
AFP/VNA/CVN