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Dans un atelier de production des produits en bronze à An Hôi. |
Photo: Trung Kiên/CVN |
Le village des brûleurs d’encens, connu sous le nom d’An Hôi, longe la route Nguyên Duy Cung, dans le 12e quartier, arrondissement de Go Vâp à Hô Chi Minh-Ville. S’il existe depuis 100 ans, l’art qui s’y produit date de 200 ans.
Le renom d’un village séculaire
Il y a 10 ans, le village vivait son âge d’or. Pour le Têt, les commerçants du Nord et du Centre s’y précipitaient pour acheter des brûleurs d’encens qu’ils revendaient partout dans les provinces du delta du Mékong, au Laos, au Cambodge, au Myanmar, en Thaïlande… Les artisans passaient des nuits blanches à travailler pour répondre à ce pic de demande annuel!
"Deux mois avant le Têt, les marchands venaient fixer leur commande. Le volume des commandes augmentait tant que nous devions déléguer à d’autres ateliers pour produire à temps", a raconté Pham Thi Liên, la patronne de l’atelier Ba Cô.
Les brûleurs d’encens en bronze d’An Hôi sont connus pour les motifs raffinés qui les ornent et font leur beauté. Pour les fabriquer, les artisans respectent strictement les 14 techniques transmises par les ancêtres. Ils commencent par former des moules en cire d’abeille et en bougies, qui sécheront au soleil pendant près de 10 jours jusqu’à devenir solides.
Puis ils y versent du bronze qu’ils ont d’abord fait fondre. La cuisson du bronze est elle aussi un véritable art. La couleur dorée, la beauté et la qualité du produit dépendent beaucoup de cette étape. "Il nous faut utiliser du bronze pur sans impuretés et contrôler strictement le temps et la température de fusion du cuivre", a fait savoir M. Kiên, artisan riche d’expériences et patron de l’atelier de Ut Kiên.
Un brûleur d'encens en bronze. |
Photo: Trung Kiên/CVN |
Grâce aux exigences des techniques ésotériques de la production artisanale, les brûleurs d’encens sont très appréciés des habitants de la mégapole du Sud et des localités alentours.
"J’achète un ensemble de brûleurs d’encens depuis des années. Sa qualité est très bonne. Chaque occasion de fêtes ou de Têt, je ne dois que les nettoyer. Elles deviennent brillantes", a confié Van Minh, qui réside dans l’arrondissement de Binh Tân.
Un métier menacé
Les derniers jours de l’année lunaire, l’ambiance est aussi paisible que d’ordinaire dans le village d’An Hôi. Actuellement, 5 familles y travaillent. Plus de 100 ans se sont écoulés, et le village maintient ses techniques de production traditionnelles et artisanales.
Avec ses 50 ans d’expériences, le septuagénaire Trân Van Thang est quotidiennement présent à l’atelier familial afin de transmettre ses expériences aux jeunes générations. "Autrefois, tout le village était agité par le son des machines. Mais depuis quelques années, beaucoup ont quitté ce métier en raison des difficultés du travail. C’est pourquoi, notre hameau n’a plus que 5 ateliers".
Le métier se perd à cause du prix élevé des ingrédients, du risque de pollution, etc. "Le bronze constitue la matière principale pour mouler des brûleurs d’encens, le salaire des employés est haut. Les 5 ateliers profitent la main-d’œuvre familiale pour économiser des frais de production", a partagé M. Thang.
Les brûleurs d’encens fabriqués à An Hôi adoptent des formes rondes ou carrées, ils sont décorés de vignettes traditionnelles comme le dragon, le phénix…
Leur prix (incluant des bougeoirs, des assiettes à offrandes, des tasses en bronze…) varie de deux à six millions de dôngs. Les produits fabriqués sur commande spéciale des consommateurs peuvent atteindre des dizaines millions de dôngs.
Un artisan termine la dernière étape d'un brûleur d'encens. |
La fille de M. Thang, Mme Thu Xuong, confie qu'"en raison de la fabrication manuelle, notre atelier ne fait chaque mois que 100 ensembles de brûleurs d’encens. Avec cette productivité modeste, on n’ose pas penser à élargir l’envergure de production".
Les artisans doivent faire face à un autre défi, celui de la concurrence avec les produits industriels. La préservation du métier reste une question majeure, surtout pour les anciennes générations.
"J’ai transmis les techniques à mes 5 frères, mais seulement 2 d’entre eux poursuivent l’artisanat, les autres se sont orienté vers un autre domaine parce que ce métier est très pénible", livre M. Thang d’un air tourmenté.
Malgré les difficultés, 5 ateliers persistent et font la vitalité du village artisanal. Bien que les modes de vie changent, les familles vietnamiennes ne sont pas prêtes d’abandonner la tradition nationale, et continuent de déposer des brûleurs d’encens en bronze sur leurs autels, en signe de reconnaissance aux ancêtres.
Thu Hà Ngô/CVN