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Au terme d'une journée marathon à Genève le 9 septembre, le secrétaire d'État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov ont annoncé cet accord sur une trêve qui coïncidera avec le début de l'Aïd el-Adha, la fête musulmane du sacrifice. "Les États-Unis et la Russie annoncent un plan qui, nous l'espérons, permettra de réduire la violence" et d'ouvrir la voie "à une paix négociée et à une transition politique en Syrie", a déclaré M. Kerry, flanqué de M. Lavrov, selon lequel Moscou "a mis au courant le gouvernement syrien de cet accord et il est prêt à le respecter".
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier s'est félicité le 10 septembre de cet accord, appelant "toutes les parties du conflit, en Syrie et dans la région", à cesser le combat. M. Kerry a précisé qu'aux termes de l'accord, le régime syrien devait s'abstenir de "bombarder et larguer des barils d'explosifs" sur les zones tenues par l'opposition, à l'exception des secteurs sous contrôle des jihadistes.
L'accord prouve que Russes et Américains ont pu trouver un terrain d'entente malgré de profonds différends dans leur approche du conflit qui a fait plus de 290.000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes depuis mars 2011. Moscou est un allié du régime du président Bachar al-Assad, Washington soutient les rebelles modérés. Les deux puissances cherchent à relancer un plan de paix adopté fin 2015 par la communauté internationale et qui comprend un cessez-le-feu durable, de l'aide humanitaire conséquente et un processus de transition politique entre le régime et l'opposition modérée.
L'accord prouve que Russes et Américains ont pu trouver un terrain d'entente malgré de profonds différends. |
Coordination efficace
Selon Sergueï Lavrov, le plan russo-américain "permet de mettre en place une coordination efficace pour lutter contre le terrorisme, avant tout à Alep, et permet de renforcer le cessez-le-feu. Tout cela crée les conditions pour un retour au processus politique". Alep, la grande ville du Nord, connaît une situation humanitaire effroyable et les quartiers est contrôlés par les rebelles sont assiégés.
"Il n'y plus rien, ni légumes ni sucre, et tout est cher", a confié Omar al-Bik, un habitant d'Alep tentant de faire ses courses dans un souk du quartier de Tariq al-Bab. John Kerry a annoncé que l'accord prévoyait le retrait des deux parties de la route du Castello, principal axe d'approvisionnement vers Alep. S'il a salué l'accord, Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU, a dit "attendre de toutes les parties qu'elles facilitent les efforts des Nations unies visant à livrer de l'aide humanitaire aux populations qui en ont besoin".
"Un pas supplémentaire"
Un autre volet, militaire celui-ci, est également compris dans l'accord russo-américain. Si la trêve dure "une semaine", les forces américaines accepteront de collaborer en Syrie avec l'armée russe, a expliqué John Kerry, une coopération réclamée de longue date par Moscou et sur laquelle les deux pays travaillent depuis des mois. "Les États-Unis acceptent de faire un pas supplémentaire car nous pensons que la Russie et mon collègue (Sergueï Lavrov, ndlr) ont la capacité de faire pression sur le régime Assad pour mettre fin à ce conflit et venir à la table des négociations", a-t-il dit.
M. Lavrov a toutefois reconnu qu'il n'était pas en mesure de garantir "à 100%" la réussite du nouveau plan. En pratique, outre la lutte contre l'organisation État islamique (EI), les deux parties sont convenues de renforcer leur action contre toutes les forces jihadistes, notamment le Front Fateh al-Cham, ex-front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda. "L'opposition armée fait face maintenant à ce qui est peut-être sa plus grande décision depuis qu'elle a choisi de prendre les armes contre le régime d'Assad en 2011", a estimé Charles Lister, chercheur au Middle East Institute.
Les rebelles semblent réticents à se retirer des fronts où les jihadistes de Fateh al-Cham sont également présents, de crainte que le cessez-le-feu ne tienne pas, a-t-il expliqué. C'est pourquoi "beaucoup de figures de l'opposition voient ces négociations russo-américaines comme une conspiration", a-t-il expliqué. La coopération passera en particulier, si la trêve tient, par un partage d'informations pour des frappes aériennes, ce à quoi Washington s'était jusqu'à présent refusé.
M. Lavrov a annoncé la création d'un "centre conjoint" russo-américain destiné à coordonner ces frappes, "dans lequel des militaires et des représentants des services secrets russes et américains s'occuperont des questions pratiques: distinguer les terroristes de l'opposition modérée". Mais, dans un communiqué, le Pentagone a souligné que les engagements inscrits dans l'accord "doivent être totalement respectés avant toute coopération militaire potentielle".
AFP/VNA/CVN