Alpinisme : Fansipan, le sommet de la victoire

Un groupe d'une soixantaine de personnes, d'âge et de profession différents, est parti à la conquête du mont Fansipan, le "toit de l'Indochine" à 3.143 m.

Grimper les monts Nui Chua (province de Ninh Thuân, Centre) et Tà Cu (province de Binh Thuân, Centre), est une chose, ce que nous avions fait, mais conquérir le mont Fansipan (dans la cordillère de Hoàng Liên Son) en est une autre.

Préparatifs et soucis

Août, septembre, octobre et novembre sont la période idéale pour conquérir ce sommet. Alors, il ne fait pas encore trop froid. Nous avons donc décidé de partir pour le Fansipan à la mi-septembre. Malheureusement, la période choisie a coïncidé avec une tempête tropicale. Le froid et les pluies qui en ont résulté auront rendu bien difficile notre aventure sur le Fansipan. Avant notre départ, le quotidien Tin Tuc (Nouvelles) de l'Agence Vietnamienne d'Information avait signalé un glissement de terrain survenu à Sa Pa, chef-lieu du district du même nom dans la province de Lào Cai. L'incident avait été causé par les pluies torrentielles tombées pendant des journées entières.

Mesurant les difficultés supplémentaires provoquées par le temps, nous nous sommes donc mieux préparés : bouteille d'eau, aliments énergétiques, médicaments... En particulier, nous avons acheté beaucoup de chaussettes et des vêtements chauds, anoraks notamment, sans oublier les imperméables pour affronter les intempéries sur le Fansipan.

Bien que les organisateurs et les guides locaux nous préviennent des difficultés de l'aventure, personne de notre groupe, comprenant 65 hommes et femmes, de diverses professions : médecins, étudiants, architectes, hommes d'affaire, n'a abandonné la partie.

Escalade

Nous avons démarré notre périple depuis l'altitude de 1.800m à la station Tôn. Nous nous étions délestés de quelques affaires personnelles sur les porteurs locaux pour bien nous concentrer sur le but principal : conquérir le toit de l'Indochine. Les porteurs locaux devaient en plus transporter la nourriture en quantité suffisante pour les trois repas de 65 personnes, les sacs de couchage, les ustensiles de cuisine...

Dès le départ, notre épreuve a été baptisée par une pluie légère. Tout le monde se mit à endosser au plus vite son imperméable et à couvrir son sac à dos. Après la première côte, il fallait déjà ôter un vêtement chaud pour pouvoir respirer plus facilement.

Le chemin était vraiment long, nous ne savions plus combien de fois nous avions dû monter et descendre des pans de collines et de montagnes. Après environ deux heures de marche, "nous sommes montés de 200 m en altitude", a annoncé Nam, notre guide. Selon le programme, notre groupe devait déjeuner vers 11h30, à 2.200 m d'altitude. Mais nous ne sommes arrivés à l'étape que vers 13h00. Ceux qui arrivèrent les derniers eurent à peine le temps de faire une pause et durent manger rapidement afin de pouvoir terminer les 600 m d'attitude qui leur restaient à franchir avant la nuit. Il s'agissait du trajet le plus raide et le plus difficile, bien entendu.

Sur le chemin, nous contemplions les paysages. Les fleurs muôn, avec leurs pétales rouges tachetées de blanc, s'efforçant de percer la dominance du vert. Nous regardions les camélias blancs, tombés le long du sentier. À proximité d'un grand ruisseau, se trouvait une forêt de tsaoko (thaûo quaû), cultivée par les montagnards. Ici, les indigènes adorent cette plante. Ses fruits rouges, de la taille d'une balle de ping-pong, sont souvent utilisés en guise d'épice par les indigènes. Ils servent également à traiter certaines maladies stomacales ou les rhumatismes... Ces arbres tsaoko ne poussent que dans un environnement très humide et au-dessus de 2.000m.

Sur le chemin, les porteurs locaux entraient de temps en temps dans la forêt, cherchant des plantes médicinales. Avec son humidité élevée, la forêt autour du Fansipan possède près de 1.600 espèces de plantes médicinales.

Nous avons traversé de nombreuses forêts de bambous. Nous avons utilisé des tiges comme des bâtons pour mieux marcher. Dans les endroits aux pentes raides, nous nous raccrochions aux bambous pour pouvoir grimper... Les bambous étaient pour la plupart couverts de mousse. Non seulement les bambous, mais encore tous les arbres portaient une épaisse couche de mousse humide.

Pour aider à dissiper la fatigue, aux endroits difficiles, le guide Van My chantait une chanson joyeuse pour nous réconforter. Parfois, nous étions encouragés par les salutations amicales des grimpeurs étrangers qui redescendaient du sommet. "Good, beautiful" étaient les mots que nous entendions le plus souvent. Ce qui nous encourageait beaucoup.

Le temps en montagne est très capricieux. Sur un flanc de montagne, il est très clair, mais sur un autre flanc, il pleut. Nous marchions dans le chaud et le froid, et certains d'entre nous ressentaient comme une fièvre.

Malgré cette humidité sur la montagne, un incendie est survenu il y a un an environ. Du sentier, nous pouvions voir de vastes étendues brûlées d'où surgissaient ci et là des troncs calcinés.

Après avoir dépassés une dizaine de collines et de montagnes, nous avons atteint l'altitude de 2.500 m. Le paysage, vu de notre lieu de pause, était magnifique. De cette hauteur, nous apercevions clairement le bourg de Sa Pa. Les rayons du soleil traversant les nuages donnaient à Sa Pa une beauté splendide. Tout le monde s'est arrêté pour un instant, prenant des photos et contemplant la nature, avant de se dépêcher pour rattraper les autres.

Il a fait nuit très vite, nous n'apercevions plus le chemin. Il fallait se fier à l'éclairage faible de sa torche électrique en marchant sur les talons de la personne qui nous précédait, sous risque de se perdre. Avec la clarté diffuse de la lune il y avait toujours le risque de glisser et de tomber dans le ravin. Heureusement, grâce à l'aide chaleureuse des porteurs et des guides, nous sommes arrivés au camp pour la nuit à 20h00, à l'altitude de 2.800m.

Tout le monde était épuisé. L'eau, prise d'un ruisseau proche, était tellement froide que chacun se lavait très rapidement les mains et les pieds. Après s'être efforcé d'avaler un peu de riz, chacun se mit à chercher un coin pour dormir. Soixante-cinq personnes réunies dans une petite tente essayaient de dormir tant bien que mal, les unes sur les autres. Nous ne fermions que les yeux, rares étaient ceux qui ont pu dormir. Nous attendions que le soleil se lève tôt. Dehors, il faisait 5°C.

Sur le sommet du Fansipan

Le petit-déjeuner fut très simple : nouilles instantanées et des œufs. À 8h00, nous retrouvons nos chaussures, nos chaussettes et nos gants encore mouillés, les imperméables souvent déchirés. Le sommet du Fansipan n'était plus très loin. Mais cinq personnes du groupe ont dû déclarer forfait, faute de santé. Leurs pieds étaient trop douloureux et ils ne voulaient pas retarder le groupe.

Du camp à 2.800m, nous devions monter à 2.900m pour redescendre à 2.700m d'altitude avant de pouvoir atteindre à 3.143m, le sommet du Fansipan. Bien que tout le monde était épuisé par une journée pénible et une nuit presque sans dormir, tous se sont efforcés d'être le premier du groupe à conquérir le fameux sommet.

À cause du brouillard matinal, nous ne nous voyions guère. Pour s'encourager l'un et l'autre, nous hurlions comme Tarzan. Le trajet vers le sommet n'était pas très difficile mais le chemin était assez glissant. Le sol plutôt pâteux s'affaissait sous nos pas.

À 11h30, nous avions atteint le sommet du Fansipan. Il est difficile de pouvoir décrire le bonheur immense qui nous avait envahis. Tout le monde s'écriait "J'ai vaincu !", "Magnifique !" ou "J'aime le Fansipan!". L'ambiance était effervescente. Nous prenions des photos. Certains appareils ne fonctionnaient plus à cause de l'humidité. Cela ne faisait rien, nous nous entraidions. La borne en métal, représentant le point culminant du Fansipan, a été l'objet le plus photographié.

Deux bouteilles de champagne ont été ouvertes pour célébrer notre victoire. Les soixante grimpeurs présents au sommet ont bien regretté l'absence des cinq personnes qui avaient dû rester derrière à contrecoeur. Bùi Thi Thu Huong, marchande de fleurs, considérée comme la plus courageuse, a dit : "J'ai quitté l'hôpital il y a une semaine. Les traces de mon opération sont encore récentes, mais je tente l'aventure pour réaliser avec ma fille ce voyage inédit. Je veux qu'elle puisse posséder une forte volonté pour pouvoir surmonter les difficultés de la vie".

Chacun avait ses propres raisons, pour certaines personnes c'était par plaisir, mais pour moi, c'était le moyen de me dépasser moi-même, de surmonter le stress, la monotonie quotidienne. Ne dit-on pas : "Si on arrive à conquérir le Fansipan, on pourra tout faire".

Nous ne sommes restés au sommet que pendant une vingtaine de minutes car il fallait encore redescendre. Le retour au point de départ s'est avéré extrêmement difficile et dangereux, pour les femmes du groupe surtout. Les jambes étaient devenues plus lourdes, les mollets plus tendus et nous semblions ne plus pouvoir avancer, certains avaient les orteils qui saignaient. Des personnes étaient épuisées, elles glissaient et tombaient beaucoup par rapport à la montée. À bout de force, elles n'évitaient même plus les endroits marécageux.

La deuxième journée s'est terminée au campement à l'altitude de 2.200 m. Ici, les organisateurs nous ont gratifiés d'un repas copieux, avec deux porcs sauvages grillés et de l'alcool préparé par les indigènes. Comme il faisait froid et qu'il pleuvait, les festivités ont dû avoir lieu sous la tente. L'étroitesse des lieux fit que chacun alla très vite se coucher.

Il a fait beau pour la 3e journée, ce qui nous a bien remonté le coeur. Lors du retour, nous n'avions plus le temps de prendre des photos ni de contempler les paysages spectaculaires. À midi, notre groupe est arrivé à la station Tôn. Malgré la fatigue, tout le monde était très satisfait. Hiêu Hanh a déclaré : "Bien que les organisateurs ont promis des récompenses pour la première personne à atteindre le sommet et pour celle à retourner la première, mais mon seul désir était d'arriver au but en sécurité".

Ly Thanh Phuc, plus expérimenté, a partagé, quant à lui : "C'est ma 2e escalade, je n'ai pas eu beaucoup le sentiment de danger, mais il faut beaucoup de santé et de volonté".

Le voyage aventureux est terminé. Les blessures sur les mains et les pieds seront guéries, mais les souvenirs du périple seront gravés à jamais dans le cœur de chacun des participants. En particulier, l'image des porteurs Hmông du village de Cat Cat, enthousiastes et gentils. Grâce à eux, tous sont sortis sains et saufs de l'aventure.

Quang Châu/CVN

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