Alphabétisation des femmes, le début d’une nouvelle vie

Les femmes ne sachant ni lire ni écrire souffrent d’un réel handicap. C’est pourquoi, chaque année dans la province de Nghê An, des cours d’alphabétisation sont organisés à l’attention des minorités ethniques.

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Dans la classe d’alphabétisation de la commune de Luc Da, district de Con Cuông, province de Nghê An (Centre).

«Être analphabète est un fardeau pour moi. Je ne peux ni lire ni signer les papiers. Quand j’ai un problème de santé, je ne peux pas lire les noms des dispensaires. Je ne sais donc pas où aller», partage Lô Thi Niêm. Cette femme de 66 ans n’est pas exceptionnelle. Des dizaines d’habitants du village de Giap Gat, commune de Binh Son, province de Nghê An (Centre), sont analphabètes. Ces derniers ont beaucoup de difficultés à affronter au quotidien.

Hô Van Thân, vice-président du Comité populaire de la commune de Binh Son, district d’Anh Son, confie que sa commune accorde de l’importance au soutien scientifique et technique dans la production agricole. Cependant, «les personnes analphabètes sont confrontées à des difficultés dans l’application des nouvelles technologies. De plus, il leur est impossible d’emprunter auprès des banques puisqu’elles sont incapables de lire les documents», explique-t-il.

Pour améliorer le niveau d’instruction de la population, il n’y a qu’une seule et meilleure solution : alphabétisation. Ainsi, chaque année, des milliers de gens de régions reculées et d’ethnies minoritaires sont alphabétisés. Les classes ont lieu le matin, le midi et même le soir. Et les élèves font plaisir à voir en déchiffrant lettres et mots, qui prennent enfin leur sens. Ces cours font partie du programme d’amélioration du niveau d’instruction du peuple du Service provincial de l’éducation et de la formation.

La soif d’apprendre des femmes mûres

En dépit de la précarité qui règne ici, 23 femmes poursuivent leur passion pour l’apprentissage. La plupart sont des personnes d’âge mûr, à l’instar de Ngân Thi Muoi, 50 ans. Enfant, elle n’a pas pu être scolarisée en raison de l’extrême pauvreté de sa famille. Après son mariage, elle s’est concentrée sur les travaux champêtres pour survivre et nourrir ses enfants. Ces derniers étant aujourd’hui indépendants, elle peut enfin consacrer du temps à rattraper son retard. Et ce ne sont pas les 7 km qui séparent son domicile de la classe qui la feront renoncer !

Hô Thi Sinh, 47 ans, qui habite Binh Son, souffre d’une grave maladie. Mais elle est bien décidée à apprendre les lettres avant sa mort. La personne chargée du cours d’alphabétisation du village de Giap Gat est enseignante à l’École primaire de Binh Son depuis 20 ans. Hoàng Thi Loan, 51 ans, était quelque peu inquiète en acceptant sa nouvelle mission. En effet, les personnes d’un certain âge acquièrent plus lentement les connaissances. De plus, Loan devait apprendre la langue des Thai pour faciliter l’enseignement, son auditoire étant exclusivement composé de personnes de cette ethnie.

Les responsables de la commune et de l’École primaire de Binh Son rendent souvent visite à la classe pour encourager les élèves et leur professeure. Le fonds de la commune permet de financer l’achat des livres, des cahiers et des stylos.

Les obstacles de l’alphabétisation

Lê Thi Nam, enseignante au village de Moi, commune de Luc Da, district de Con Cuông, note qu’il faut faire preuve de créativité durant ces séances, avec des activités ludiques. «Les jeux folkloriques, les chansons facilitent l’apprentissage des lettres», précise-t-elle.

Les femmes des régions reculées ne désirent qu’une chose : apprendre à lire et écrire.

Vo Tiên Hoàng, cadre spécialisé du Bureau de la formation et de l’éducation du district de Anh Son, informe que les classes doivent avoir lieu le matin et le midi ou soir car le reste du temps, les élèves sont occupés par les travaux champêtres.

Ces femmes sont accompagnées par des enfants, qui leur sont d’une aide précieuse, notamment dans la prononciation et la lecture. Les hommes, eux, sont réticents à l’idée de participer à ces cours, bien souvent incapables de surmonter leur complexe d’infériorité. «À la fin du cours, les élèves savent lire, écrire et résoudre des additions et soustractions simples. J’aimerais que des certificats leur soient remis pour les encourager», confie Nguyên Thi Phuong Thao, directrice adjointe du collège de Mâu Duc.

L’alphabétisation est une des solutions pour améliorer le niveau d’instruction de la population. Mais la sensibilisation des gens autour de ce problème est compliquée à mettre en œuvre. «Les professeurs doivent collaborer efficacement avec les chefs et patriarches de villages ainsi que les sections de l’Association des femmes. Ces personnes respectables doivent rencontrer individuellement chaque analphabète pour le convaincre de participer aux cours», informe Dang Thi Mai, cadre spécialisé du Bureau de l’éducation et de la formation du district de Con Cuông. Mais faire du porte à porte prend trop de temps.

Pour résoudre ce problème, le Service provincial de l’éducation et de la formation demande aux organes compétents d’élaborer des statistiques annuelles sur le nombre d’analphabètes. Ces statistiques, interprétées dans des rapports, serviront à définir un plan d’organisation des cours d’alphabétisation afin d’instruire tous les habitants des régions montagnardes.

Ngoc Yên/CVN

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