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Le duel télévisé d'une heure et demie, le seul prévu avant le scrutin, sera retransmis en prime time (18H15 GMT) par les quatre plus grandes chaînes et devrait être suivi par au moins 20 millions de personnes, soit un tiers de l'électorat. La tâche confine toutefois au miracle, alors que sondage après sondage, les sociaux-démocrates restent largement distancés par les conservateurs. Le dernier publié vendredi 1er septembre montrait un écart de 17 points de pourcentage des intentions de vote.
Si le chef du SPD parvenait à faire sortir de sa réserve l'impassible chancelière, qui "paraît presque intouchable après 12 ans de pouvoir", alors "les trois semaines à venir pourraient être passionnantes", juge le Spiegel. Selon une étude parue samedi 2 septembre de l'institut Emnid, plus de la moitié (53%) des sondés jugent Angela Merkel la plus qualifiée pour diriger pour un quatrième mandat le pays. Seuls 22% du millier d'Allemands tiennent l'ancien président du Parlement européen pour un meilleur candidat.
Choc de personnalités
Le duel s'annonce comme un choc de personnalités. D'un côté l'hyper-cérébrale Angela Merkel, 63 ans, fille de pasteur protestant de la RDA, qui pèse chacun de ses mots. De l'autre, le volubile Martin Schulz, de deux ans son cadet. Né, lui, dans l'Allemagne de l'ouest catholique, il aime à se présenter en "homme du peuple" et à rappeler qu'il est un alcoolique repenti, autodidacte ayant quitté l'école sans diplôme.
Montage de deux photos d'Angela Merkel (gauche), le 29 août 2017 à Berlin, et Martin Schulz, le 27 juin 2017 à Berlin. |
"Le duel télévisé comme la spontanéité et l'éloquence ne sont pas vraiment les qualités de Merkel, qui paraît un peu revêche. Schulz pourrait en profiter", souligne le patron de l'institut Forsa, Manfred Güllner. Peut-être consciente de cette faiblesse, la chancellerie a rejeté les propositions des chaînes visant à rendre le débat plus vivant.
Les deux candidats se soumettront donc au rituel éprouvé du question-réponse, orchestré par une équipe de quatre journalistes. "Un corset serré" voulu par Angela Merkel, a dénoncé son opposant.
Attaquer oui, mais rester "cool"
Qu'à cela ne tienne, Martin Schulz affiche une confiance à toute épreuve. "Environ 46% des électeurs sont toujours indécis (...) Je crois qu'on peut tout à fait retourner l'issue du vote", a-t-il déclaré en fin de semaine. "Je ne suis pas nerveux, absolument pas", a insisté celui dont la popularité a brièvement égalé celle de la chancelière en janvier dernier, à son arrivée comme chef de file du SPD pour les élections.
Éducation, retraite, réforme fiscale : il peut marquer des points en défendant avec toute "sa force de conviction" des projets concrets, qui font défaut à son adversaire, veut croire la chef du gouvernement social-démocrate de la région Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer.
Fidèle à sa stratégie, Angela Merkel continue à ignorer superbement son rival et à parier sur son bilan depuis son arrivée au pouvoir en 2005, avec un taux de chômage historiquement bas. La question de l'immigration, qui l'a fragilisée comme jamais après l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016, est repassée au second plan des préoccupations des électeurs
Face à la poussée des populismes dans le monde, l'opinion allemande est inquiète et se sent majoritairement rassurée par l'expérience d'Angela Merkel. En tout, peu incline à changer. Son challenger, lui, est condamné à l'offensive, même si sa marge de manœuvre est réduite par le fait que le SPD est partenaire minoritaire de la coalition gouvernementale actuelle.
Martin Schulz veut insister sur la justice sociale et le besoin d'investissements publics, dans l'éducation notamment. Là où Angela Merkel est réticente à délier les cordons de la bourse en dépit de généreux excédents budgétaires. Ses attaques devront être "contrôlées", juge le Spiegel online. "Schulz doit essayer de piéger la chancelière, tout en restant cool".
AFP/VNA/CVN