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Le lit de la rivière Agly asséchée, le 27 avril à Riversaltes, dans les Pyrénées-Orientales. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les autorités ont annoncé des contrôles et des sanctions pour les particuliers et les entreprises qui dérogeront aux mesures d’économie d'eau, dans un contexte de sécheresse historique. Des amendes pouvant aller jusqu'à 1.500 euros pour les particuliers, 7.500 euros pour les entreprises, sanctionneront les fraudeurs, a précisé le procureur de la République, Jean-David Cavaillé.
"Il y a un appel à la responsabilité de chacun, tout le monde doit participer. (...) On est à un niveau de nappes et de barrages historiquement bas", a souligné le préfet Rodrigue Furcy, à l'issue d'une cellule de crise rassemblant services de l’Etat, élus locaux, pompiers et forces de l'ordre.
Mardi 9 mai, la préfecture a annoncé le passage d'"alerte renforcée" au niveau "crise", le plus élevé en cas de sécheresse, dans ce département qui s'étend des Pyrénées à la côte méditerranéenne.
Risques divers
Le département des Pyrénées-Orientales est le premier de France à passer presque entièrement en niveau "crise". Avant cela, des territoires situés dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Var avaient été placés ces dernières semaines en alerte maximale. Au total, neuf départements sont concernés par une "alerte renforcée".
Lors d'une conférence de presse, le préfet a passé en revue les risques auxquels fait face le département, dont le risque de rupture de l'alimentation en eau potable et celui des incendies de grande ampleur, pouvant être favorisés par "la sécheresse des sols, la chaleur, le vent", détaille M. Furcy.
"Aujourd’hui, on voit multipliés par deux le nombre d'incendies, par dix les surfaces affectées. Il faut que chacun fasse des bons gestes", ajoute-t-il.
L'arboriculteur Guy Banyuls (droite) et le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, à Espira de l'Agly dans les Pyrénées-Orientales, le 6 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le risque sanitaire est également pointé du doigt par les services de l’État. "On commence à voir un développement des bactéries dans certains cours d'eau, compte tenu de leur faible débit", relève-t-il. L'arrêté du 9 mai prévoit des restrictions d'irrigation agricole, d'arrosage des potagers et espaces verts, interdiction du remplissage ou de la remise à niveau des piscines privées.
Un an de restrictions
Depuis avril 2022, des restrictions d'usage de l'eau sont en vigueur dans ce département frontalier de l'Espagne. "La situation est préoccupante, alerte pour sa part Nicolas Garcia, premier vice-président PS du Conseil départemental. La seule solution d'urgence, c'est l'économie d'eau. La situation sur la côte est difficile. On a le niveau de fin août et on est à peine début mai. Les mesures sont indispensables".
Dans son exploitation d'abricotiers et de nectarines, dans le village de Corbère-les-cabanes, Pascal Maillols redoute que le rationnement de l'eau ne le prive de récolte.
"Les abricots et les nectarines poussent sur le rameau qui a poussé l'année d'avant. Les rameaux de cette année assurent la récolte 2024. Si on n'a pas suffisamment de pousse, on n'aura ni la récolte 2023, ni celle de 2024. C'est notre plus grosse crainte, et au-delà de ça, si on perd nos arbres, c'est sûr qu'on ne s'en relèvera pas, financièrement c'est impossible."
En visite samedi 6 maidans les Pyrénées-Orientales, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a tenté de rassurer les agriculteurs, en promettant des indemnisations des pertes subies à cause de la sécheresse.
Les restrictions, ordonnées pour l'instant jusqu'au 13 juin, concernent notamment les bassins versants de l'Agly et de la Têt, les deux principaux fleuves du Roussillon, où se concentre l'activité agricole, et la côte méditerranéenne, où se situent les stations balnéaire (Argelès-sur-mer, Collioure, Canet-en-Roussillon, etc.).
"C'est une situation tout à fait inédite. (...) Il a plu un peu moins de 180 mm depuis septembre, alors qu'il aurait dû pleuvoir plus de 450 mm, ça se traduit par des niveaux historiquement bas pour les eaux souterraines et des débits extrêmement faibles pour les cours d'eau", observe Hichem Tachrift, hydrogéologue au Syndicat mixte des nappes de la plaine du Roussillon.
AFP/VNA/CVN